Algérie

Tréteaux D'exil en exil, ou l'errance de Nazim Hikmet



Tréteaux D'exil en exil, ou l'errance de Nazim Hikmet
Dans une chambre d'hôtel au décor sombre, un homme à la valise en carton arrive en exilé. Nazim Hikmet, le poète turc, est un exproprié, un déraciné.Sa vie a été un long combat sur le chemin de l'errance. Mathieu Chardet, acteur et metteur en scène, et Ayser Vancin, musicienne turque, de la compagnie suisse Ad-hoc, ont donné un prolongement scénique à l'histoire tourmentée du poète.Le fruit de ce travail de création est une pièce théâtrale intitulée D'exil en exil, qui a fait entrer le public de la grande salle du théâtre Malek Bouguermouh de Béjaïa dans le vif du sujet du Festival international du théâtre de Béjaïa (FITB).La veille, le spectacle inaugural a été, pour rappel, chorégraphique avec les tableaux de danses montés par Elhadi Cherifa. Au milieu des planches, une pile de livres, une bougie, une plume trempée dans un encrier, sont posées sur une table recouverte d'un tissu rouge.Derrière trônent des tableaux, également rouges, qui portent des photos d'une femme, un dessin au crayon, des feuilles de papier et des manuscrits, accrochés comme des témoins d'une vie d'exil : «Aucun homme n'est mauvais. C'est le poison de l'argent qui les corrompt», «à chaque lever de soleil, ton image refleurit dans mon c?ur»,?. Dans un coin est posé un piano.Mathieu Chardet raconte Nazim Hikmet, «locataire des grands hôtels et des prisons», en proclamant et chantant les propres poèmes de celui-ci : «La plus drôle des créatures», «Les chants des hommes», «En dépit de?», «La vie n'est pas une?.», «Pendant qu'il est encore temps»,?. Certains sont autobiographiques, d'autres sonnent comme des réquisitoires, d'autres encore des messages d'amour.Des textes en tout cas chargés d'humanisme : «En dépit de mes cheveux blancs, je suis asiatique. En dépit de mes yeux bleus, je suis africain.» Le jeu de Mathieu Chardet, auquel il associe l'expression corporelle, est habillé avec des notes de piano et du hautbois que joue avec maîtrise Ayser Vançin. «Nous avons construit un spectacle avec des poèmes de Nazim Hikmet, liés à l'exil, la nostalgie, aux amis perdus, et à son engagement humaniste et politique qui était très grand. Il n'a jamais perdu la foi dans cet engagement et ses croyances malgré toutes les difficultés.C'est pour cela que nous aimons diffuser ce spectacle, nous pensons qu'il est très important aujourd'hui dans les tourments de l'humanité en général. Aujourd'hui, nous sommes dans une période brûlante, douloureuse et tremblante» a déclaré à la presse après la présentation Mathieu Chardet. «Ces textes m'aident personnellement à avancer et à transmettre cette vision humaniste», avoue-t-il.La générale de la pièce a été jouée à Genève en 2009 et a coïncidé avec la réhabilitation de Nazim Hikmet, mort en 1963 à Moscou à l'âge de 62 ans, laissant pour la postérité un important patrimoine littéraire. «Je m'en vais, restez en paix. Je vous laisse tout ce que j'ai écrit, transmettez-le aux enfants du globe», c'est par cette phrase-testament que se termine la représentation.«Nazim Hikmet a beaucoup lutté pour avoir la démocratie, la liberté et la justice. Le message que ses magnifiques textes comportent sont chargés d'émotion. J'ai trouvé un sentiment humain qui parle à nous tous, c'est pourquoi je me suis lancée dans cette aventure avec lui», déclare Ayser Vançin.




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