Algérie

Très lourde erreur politique



Par B. Chellali :
Les manifestations populaires enclenchées depuis le 22 février dernier ne faiblissent pas. Vendredi et partout à travers le pays des marées humaines ont investi la rue pour exiger le changement du système et pour s'opposer au prolongement du mandat du Président Abdelaziz Bouteflika dans un climat pacifique et surtout vigilant afin d'éviter tout débordement. Au regard de ce grand mouvement de foules, les manifestants se sont dits oppos és à toute période de transition. En effet, les décisions annoncées par le gouvernement n'ont pas convaincu, ni la rue ni l'opposition ; au-delà cette contestation populaire d'ordre général, c'est la cassure entre le peuple et le pouvoir qui se fait jour, une perte de confiance qui inquiète davantage… Le nouveau Premier ministre, Noureddine Bedoui lors de sa premi ère sortie médiatique conjointement avec son vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, a montré sa volonté de miser, sur une politique de dialogue et d'ouverture avec tout le monde et devant mener à la tenue d'une Conférence nationale indépendante laquelle aura un projet de Constitution qui sera soumis à un réfé- rendum populaire et fixera souverainement la date de l'élection présidentielle ; si le nouveau Premier ministre a réussi à convaincre une partie de la classe politique, l'opposition et les manifestants de la rue ont rejeté cette démarche en hissant le slogan du "départ de tout le système". Les résultats des manifestations populaires de vendredi apportent la preuve que la rue composée en particulier de jeunes dont le politique partisan n'a pas le contrôle, continuent à mener, en dehors de lui et des pouvoirs publics et peut-être malgré eux, une mobilisation totale et à l'égard de laquelle, les manifestants continuent de croire à une " alternative " plus souple. Tout se passe dans la rue, comme si les manifestants sont aptes à l'exercice de cette pression directe pour un changement radical du système en se mobilisant momentanément sous la chapelle du calme et du pacifisme attendant de nouvelles réponses à leurs doléances. La période qui s'ouvre après la grandiose mobilisation populaire de vendredi, le dosage des forces, l'équilibre des positions, la recherche de personnalités dans le camp politique et de la société civile pour jouer les arbitres, pour atténuer la tension et le développement de nouvelles pistes de dialogue devrait intervenir dans une confiance partagée entre tous les acteurs du moment. Mais, derrière ce nouveau décor et dans la perspective d'une nouvelle donne, un médiateur consensuel devrait se dégager, un homme politique neutre et habile pour faire le rapprochement entre tous les acteurs afin d'arriver à une meilleure situation ayant pour socle premier la cohésion nationale. Les faits sont-là, incontournables, et c'est avec inquiétude que les Algériens affrontent les dures réalités du moment. Ils sont découragés quant à la nécessité de supporter et partager les conséquences de ce climat et à attendre avec impatience de nouvelles pistes, de nouvelles mesures destinées à réaliser tout à la fois, la situation politique , économique que financi ère du pays et se traduire dans l'immé- diat dans un plan visant la croissance, la sécurité et la stabilité. Il est dit à présent que les pouvoirs publics, les partis de la majorité et ceux de l'opposition ont commis une très lourde erreur politique en sous-estimant la capacité de riposte des citoyens, les jeunes en singulier. Ce monde rassemblé a mis tous ses œufs dans le même panier en ne réussissant à aucun moment à mesurer l'ouverture démocratique selon les critères de la revendication populaire. Pouvoir et classe politique en général ont fait dans les querelles depuis longtemps au lieu de se mettre d'accord sur l'essentiel. Au lieu de cela, chacun a fait sa propre existence loin de la société, et surtout de la jeunesse. Celle-ci forte de penser qu'elle a été marginalisée croit aujourd'hui pouvoir réaliser une percée importante. Les faits démontrent combien elle s'est montrée mature.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)