Algérie

Trentre ans après, la revanche des socialistes


Trentre ans après, la revanche des socialistes
De notre correspondant à Paris
Merzak Meneceur

C'est finalement avec plus d'un million de voix d'écart que François Hollande a mis fin aux illusions de Nicolas Sarkozy pour un second mandat présidentiel. 51,68% contre 48,32%. A quelques dixièmes, c'est par le même score que François Mitterrand a viré Valéry Giscard d'Estaing de l'Elysée en 1981, pour devenir le premier président de gauche sous la Ve République. Trente et un ans après, à quatre jours près, c'est un autre François tout aussi socialiste, et porte-drapeau de l'ensemble de la gauche, qui a poussé dehors celui qui a rapidement reconnu sa défaite et qui lui a souhaité «bonne chance au milieu épreuves». Sarkozy a ainsi respecté la tradition républicaine et le choix démocratique du peuple, avant d'annoncer pratiquement son retrait de la vie politique en déclarant qu'il allait «redevenir un Français parmi les Français», en ne briguant aucune fonction élective. Mais, après un intermède de trente jours, Sarkozy court le risque de voir la justice s'intéresser à lui sur trois affaires en cours où son nom a été souvent cité : l'affaire de Karachi et ses retrocommissions qui auraient financé la campagne présidentielle de Balladur en 1995, l'affaire Betancourt où la milliardaire du même nom aurait financé la campagne électorale de Sarkozy en 2007 et ce qui pourrait être l'affaire Kadhafi avec les soupçons de financement de la même campagne par l'ex-guide libyen à hauteur de 50 millions d'euros.Pendant ce temps, toute la nuit de dimanche à lundi, la victoire de Hollande a été fêtée dans la joie et l'allégresse dans plusieurs villes de France, plus particulièrement à la place de la Bastille, à Paris. Des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées dans ce haut lieu historique pour ce qui allait devenir un immense bal populaire. En attendant Hollande, qui est arrivé bien après minuit de sa ville de Tulle, une pléiade d'artistes a animé la soirée, surchauffant encore plus une ambiance fraternelle préfigurant cette France apaisée promise par le nouveau président. Même l'Afrique était de la partie avec Yannick Noah. L'Algérie aussi avec le groupe Djurdjura et ses trois femmes toutes habillées en robes kabyles. Dans cette immense marée humaine heureuse, qui scandait souvent«Sarkozy c'est fini», flottaient à ne pas en finir des drapeaux français mais étaient aussi visibles quelques drapeaux étrangers dont le Tunisien, l'Iranien et l'Algérien. C'est que des franco-algériens, souvent jeunes, filles et garçons, étaient nombreux à fêter la victoire de Hollande en espérant, voire, pour certains, convaincus, qu'elle est porteuse de la fin des distinctions entre Français, de l'exploitation politicienne de l'Islam et de la stigmatisation des immigrés, qui sont leurs pères et leurs mères. Comme en écho, Hollande, qui a pris la parole après minuit trente, s'est fait le chantre de la France de la diversité. Et, quelques heures plus tôt dans sa première déclaration prononcée à Tulle, il a fait cette promesse : «Chacune et chacun, dans la République, sera traité à égalité de droits et de devoirs. Aucun enfant de la République ne sera laissé de côté, abandonné, relégué, discriminé (') Trop de fractures, trop de blessures, trop de ruptures, trop de coupures ont pu séparer nos concitoyens, c'en est fini». Dès le lundi matin, la politique a repris le dessus avec, d'une part, l'organisation de la passation de la présidence de Sarkozy à Hollande et, d'autre part, la préparation, pour les formations politiques, des élections législatives des 10 et 17 juin prochains. C'est le mardi 15 mai que le nouveau président entrera en fonction à l'issue d'une cérémonie sobre et traditionnelle, à la suite d'un bref entretien entre le président sortant et son successeur, où celui-ci prendra connaissance des grands dossiers en cours et du code nucléaire. Quant aux élections législatives, elles sont d'une importance capitale car les Français seront appelés à confirmer leur vote du 6 mai pour donner au nouveau président de la République la majorité parlementaire qui lui permettra de mettre en 'uvre son programme. C'est le scénario probable, que la droite ne partage pas car, celle-ci, tentera de remporter la députation pour imposer au chef de l'Etat une cohabitation qui le délestera de presque tous ses pouvoirs.


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