Dangereux statu quo Cela fait 30 années aujourd?hui que le peuple sahraoui vit la tragédie. Une situation unique dans les annales internationales, puisque son territoire, déclaré pourtant par l?ONU éligible à la résolution 1514 de 1960 sur les territoires et peuples sous domination coloniale, a été tout simplement cédé en 1975 par l?Espagne, alors puissance occupante, au Maroc, nouvelle puissance occupante. Un véritable déni de justice que les récentes déclarations espagnoles ne pourront en aucun cas atténuer. Comme celles qui consistent à rappeler que les accords de Madrid n?impliquent pas un transfert de souveraineté. En ce sens, l?ONU avait déjà pris les devants en traitant le conflit du Sahara-Occidental sous l?angle de la décolonisation et en déniant au Maroc le statut de puissance administrante. C?était en janvier 2003, et l?avis était signé par le conseiller juridique. Un verdict sans appel, d?autant que le Maroc et quelques rares pays entendaient contourner le plan de paix des Nations unies pour tenter de faire accepter une soi-disant solution, « dans le cadre de l?ONU ». D?autant aussi que l?exploration du territoire a suscité de nombreuses convoitises. Mais aussi, ce qui n?est pas peu, par le refus des Etats-Unis d?intégrer le territoire du Sahara-Occidental dans l?accord de libre-échange conclu avec le Maroc en juin 2003. En ce sens, l?on relèvera l?inflexibilité de l?ONU qui a approuvé à la fin du mois dernier une résolution réitérant sa position qui est une stricte application de sa doctrine. Le Maroc quant à lui persiste dans son refus, malgré cette batterie de résolutions qui ne laissent pas la moindre place aux solutions qu?il préconise, comme l?autonomie et auxquelles, selon nombre d?analystes, lui-même ne semble pas croire, craignant une contagion. L?absence d?application du plan de régionalisation en est la preuve la plus évidente. C?est donc le statu quo, une situation de ni guerre ni paix. Il est vrai que, du point de vue diplomatique, les Sahraouis sont dans une situation confortable puisque leur droit à l?autodétermination est sans cesse réaffirmé. Rien par ailleurs n?a changé dans le plan de paix de l?ONU. Mais à la force du droit s?oppose le droit de la force, et l?ONU se doit aujourd?hui de trouver les moyens d?appliquer son plan de paix. Sa perspicacité s?est avérée concluante en Namibie et au Timor oriental, situations en tous points identiques à celle que vit le peuple sahraoui. Les différents rapports du secrétaire général de l?ONU sont apparus comme de véritables boucliers contre les menées du Maroc soutenus par quelques rares pays européens notamment. C?est Kofi Annan qui a rappelé avec insistance que les Sahraouis, vivant en Algérie, étaient des réfugiés contraints à l?exil par l?occupant marocain, et que l?Algérie, sollicitée par le Maroc pour une solution, n?était qu?un « pays d?accueil ». Quant à l?Algérie, puisqu?elle est citée, elle ne cesse de dire que ce conflit relève de la décolonisation et qu?elle ne saurait se substituer aux représentants du peuple sahraoui. Et pour bien signifier l?échec de l?occupation marocaine, il n?y a qu?à revenir sur les manifestations de Sahraouis des territoires occupés en faveur de l?indépendance. Une guerre menée avec d?autres moyens.
Posté Le : 06/11/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : T. Hocine
Source : www.elwatan.com