Algérie

Trémolo : Exil intérieur du raï



Cela se passe en Algérie. Cela ressemble à une « fetwa » homéopathique, étatique, sous le sceau de la démocratie, déguisée, grimée, insidieuse et surtout perfide, ne voulant guère dire son nom, contre la musique... raï qui vient d'Oran, d'Algérie. Et plus précisément contre le Festival du raï d'Oran. Cela ne s'invente pas ! Comme si c'était une mesure d'urgence et vitale. Les hautes sphères, les autorités locales et, par conséquent, le ministère de la Culture 'censé défendre l'expression artistique juvénile algérienne et non pas la mépriser ' ont l'intention, voire nourrissent le dessein, de... délocaliser le Festival du raï de sa patrie, Oran, vers une autre... ville, Sidi Bel Abbès (on a rien contre, respect à M'kalache, Zergui, Raïna Raï...). Comme si le raï d'Oran, c'était la honte, la peste, comme dirait Albert Camus ! Et qu'il fallait le cacher et le faire taire au nom d'une certaine « moralité » et autre hérésie politico-politicienne d'une grande hypocrisie brassant large. Une ignominie ! Une sorte d'opération de « nettoyage » musical sélectif, un néologisme en Algérie. Un déplacement, un déracinement d'une musique qu'on a jugé pas du tout « roots » (racines). Oran, la ville, la cité, le giron de Bensmir, Hanani, Ahmed Wahby, Blaoui El Houari, Bouteldja Belkacem, cheb Fethi, Khaled, son enfant terrible et de la balle ayant porté haut et fort les couleurs de l'Algérie dans le concert des nations à travers sa musique : le raï, Zahouania, Fadéla, Houari Benchenet, cheb Hasni, le crooner de l'espoir et le martyr du raï, mort assassiné, le 29 septembre 1994, à la fleur de l'âge, 24 ans, ne mérite pas cela. Après la passion du football, voici celle de la musique raï qu'on veut ôter à Wahran, sans démagogie aucune ! L'ironie veut que cette musique soit l'opinion des chebs, des jeunes (la majorité de la population est jeune en Algérie), et la gérontologie n'en a cure de leur avis, leur raï, quoi ! Si l'on suit la logique de la délocalisation du Festival du raï d'Oran vers Sidi Bel Abbès (nouveau découpage géo-wilayal-électoral), alors le Festival de Djemila (Sétif) doit aller à Biskra, celui de Dimajazz (Constantine) vers Jijel, celui du rock d'Annaba vers Aïn Témouchent, celui de Tabarka (Tunisie) vers Nabeul, celui de Saouira (Maroc) vers Agadir, le Festival de jazz de Montreux (Suisse) ira à Berne, Le Festival Reading de Leeds vers Birmingham...Khaled chantait bien Hada raïkoum ! (c'est votre avis, opinion !). Et comme dirait Rihanna : Please don't stop the music ! (svp, n'arrêtez pas la musique !)


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