Algérie

Traversée du désert avec les immigrants clandestins La route de l'eldorado



Traversée du désert avec les immigrants clandestins
                                    La route de l'eldorado
L'appel des boat-people
Rabattage n Les immigrants clandestins vers l'Algérie en provenance de l'Afrique subsaharienne sont aussi une cible des réseaux mafieux. Les complices de ces derniers : des routiers, des taxieurs et même des particuliers exerçant en qualité de taxieurs «clandestins». Un autre réseau dangereux.
Pour faire passer frauduleusement des citoyens de l'Afrique subsaharienne vers le nord de notre pays, la tête pensante d'une filière clandestine, bénéficie de la complicité de plusieurs routiers et de taxieurs spécialisés dans les longs trajets.
Cette tête pensante que nous avons épiée et «infiltrée» discrètement, utilise toutes les voies d'entrée possibles et dispose de nombreux «relais» à partir de In-Guezzam, jusqu'à la région de la Mitidja et les Monts de l'Ouarsenis, en traversant Tamanrasset, In Salah, El-Goléa, Ghardaïa, Berriane, Laghouat et Boughezoul entre autres villes du Sud algérien. Premier jour de l'Aïd el-fitr, un moment propice choisi par les passeurs pour passer à l'action et faire transiter clandestinement des ressortissants de l'Afrique subsaharienne vers le territoire algérien.
«A l'occasion des fêtes, surtout religieuses, les douaniers, la police des frontières et les gardes frontières lèvent un peu la garde. Ils ne pensent pas que des ressortissants étrangers peuvent venir déranger leur quiétude.
A cet effet, les risques de se faire «coincer», sont minimes. Avec les événements de Libye, tous les regards sont également tournés de ce côté-là», nous apprend notre indicateur. Notre guide est là depuis la dernière nuit, équipé d'une paire de jumelles.
A quelques kilomètres est visible le poste frontalier, reconnu à cette centaine de modules photovoltaïques alignés sur la terrasse d'une petite bâtisse.
«C'est le poste de la police des frontières et des services des douanes algériennes», nous dit notre guide. Cinquante minutes depuis notre arrivée sur les lieux, ont suffi pour apercevoir deux camions immatriculés à Ouargla, transportant du bétail. «C'est le moment d'avancer», nous ordonne celui qui a daigné collaborer avec nous.
A l'intérieur, une quinzaine d'immigrants de l'Afrique subsaharienne. Le système pour placer ces personnes est simple : «Il s'articule autour de certains agriculteurs et constructeurs dans certaines villes de la Mitidja, de l'Ouarsenis et même d'Alger», selon notre interlocuteur dans cette expédition.
Les immigrants clandestins sont récupérés après avoir traversé la frontière algéro-nigérienne, à la sortie du chef-lieu de daïra de In-Guezzam. Notre guide, appelons-le Khemiès, pour accéder à son v'u de garder l'anonymat, nous installe à l'intérieur d'un véhicule haut de gamme en compagnie de deux immigrants clandestins de nationalité malienne. Le reste du convoi, dont plusieurs femmes, est transporté dans des taxis et des camions. Pour éviter d'être «coincé» par les éléments du groupement des gardes frontières, un élément du groupe se détache et part en éclaireur.
Une précision de taille, nous remarquons que l'ensemble des membres du gang, est doté de téléphones portables «Thuraya».
Il est quatre heures du matin lorsque nous recevons le signal de prendre la route pour rejoindre Tamanrasset au milieu d'un sublime paysage qu'on ne trouve que dans le Sud algérien. Pour traverser ce désert, sur une distance d'environ 400 kilomètres, le convoi a emprunté plusieurs détours et fait plusieurs haltes. De temps à autre, nous apercevons des carcasses de voitures et de camions tout-terrains calcinées.
«C'est en général, des voitures et des camions appartenant à des étrangers qui s'aventurent dans le désert sans guide», nous dit notre chauffeur pour satisfaire notre curiosité. «Repose-toi, la route est encore longue», nous dit Khemiès qui discute au téléphone avec l'un de ses compères. «Nous avançons lentement, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Même la marchandise est en bon état», lui dit-il.
R. Khazini


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)