Algérie

Travailleurs et journalistes, des «victimes collatérales»



Travailleurs et journalistes, des «victimes collatérales»
La fermeture des journaux qui refusent de payer l'imprimerie aggrave encore la situation des travailleurs et journalistes qu'ils emploient.Des journaux sont interdits d'impression, faute de paiement de leurs créances. D'autres vont peut-être suivre si la logique commerciale, dont les autorités se rappellent l'existence, venait à être appliquer jusqu'au bout. Sur une totalité de 130 quotidiens, combien s'acquittent-ils de leurs factures d'impression qui s'accumulent auprès des imprimeurs publics. Profitant de la politique de «copinage» et d'«allégeance», des centaines d'éditeurs, dont une grande partie n'a rien à voir avec le journalisme, ont bénéficié, des années durant, des largesses des maîtres du secteur de la presse.Ces derniers, moyennant des deniers publics, ont encouragé la création, notamment depuis 2004, de plus d'une centaine de titres sans ligne éditoriale, sans contenu et à très faibles tirages. Cette offrande venant «de haut lieu», a permis l'émergence de nouveaux riches qui, grâce à la publicité de l'ANEP, investissent dans l'immobilier, les voitures de luxe et autres gourmandises. Mais seulement quelques-uns sont aujourd'hui inquiétés. Et souvent, ce ne sont pas ceux qui détiennent les ardoises les plus chargées. Ceux-ci continuent de bénéficier d'une «couverture» qui leur permet, au pire des cas, d'obtenir des échéanciers de paiement étalés sur une trentaine d'années. Où est donc la règle commerciale dont parle le nouveau ministre de la Communication ' S'applique-t-elle uniquement à ceux qui ne bénéficient pas de «coup de pouce» ' Certainement !Des effectifs réduitsMais dernière cette problématique se cache une autre plus complexe et plus dramatique. Il s'agit de la situation des journalistes qui sont souvent surexploités par ces patrons sans scrupules. Ces derniers font appel, fréquemment, à une équipe de journalistes très réduite afin de limiter leurs masses salariales. Ces journalistes perçoivent des salaires misérables ne dépassant pas les 30 000 DA. De plus, ils ne sont pas déclarés à la Sécurité sociale. Pis encore, les journalistes exerçant dans ces titres sont, en permanence, en situation de précarité ; ils sont licenciés à la moindre réclamation ou tentative d'organisation dans le cadre d'un syndicat.Pour gagner ces salaires de misère, ils sont appelés à fournir des efforts surhumains, en produisant deux, voire trois articles par jour. Plus grave encore, certains patrons ne fournissent même pas l'effort de chercher des journalistes professionnels qui peuvent leur coûter plus d'argent. Au contraire, ils comptent sur l'Etat pour assumer la charge de leurs employés recrutés via l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) dont les salaires sont versés par les autorités dans le cadre de l'insertion des jeunes dans le monde du travail.Cependant, la fermeture des journaux qui refusent de payer l'imprimerie aggrave encore la situation des travailleurs et journalistes qu'ils emploient. Ce sont eux et leurs familles respectives qui se retrouveront sans ressources financières nécessaires pour subvenir à leurs besoins. Ils sont, de ce fait, des victimes collatérales des bourdes d'un pouvoir et de l'irresponsabilité de certains éditeurs.




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