Algérie

Travailleurs clandestins palestiniens en israël : Calvaire au quotidien et débrouillardise



On cherche toujours de nouvelles méthodes, « si les Israéliens contrôlent les camions réfrigérés, on utilise des ambulances et quand ils commencent à arrêter les ambulances, on passe aux corbillards », explique un passeur qui se cache derrière un nom d'emprunt. Ces clandestins se rendent en Israël en raison de l'état déplorable de l'économie en Cisjordanie où le taux de chômage atteint 20% selon le Fonds monétaire international (FMI). Le fait même qu'ils parviennent à se rendre dans l'Etat hébreu met également à mal l'argument selon lequel la « clôture antiterroriste » est destinée à empêcher les Palestiniens de s'infiltrer en Israël. « Les véhicules utilisés pour ces passages sont conduits par des Arabes ou des Juifs, souvent des colons israéliens, avec la complicité de soldats ou même de perçoivent des barrages qui touchent des pots-de-vin » affirme Abou Ali. Ce dernier dit percevoir 50 dollars par personne, mais il assure qu'au bout du compte il ne gagne que 10 dollars, le reste servant à rétribuer ses complices. Il affirme en outre qu'il n'aiderait en aucun cas un Palestinien projetant un attentat-suicide. Mais « dans 95% des cas, les Israéliens les attrapent en Cisjordanie avant même qu'ils pénètrent en Israël », assure-t-il. La plupart de ceux qui tentent l'aventure gagnent jusqu'à 50 dollars par jour sur des chantiers ou dans des usines en Israël, soit quatre à cinq fois ce qu'ils percevraient en Cisjordanie.« Le besoin de travailler est toujours plus fort que la peur d'être pris », déclare l'organisation iraélienne de défense des droits de l'Homme qui dénonce les mauvais traitements infligés aux Palestiniens capturés. « Théoriquement, on peut tous les arrêter, mais le système imploserait si bien que la police et les gardes-frontières recourent à leurs propres méthodes, dont la violence, les humiliations », assure-t-elle. Le mois dernier, cette même organisation a fait état d'un incident au cours duquel des gardes-frontières avaient bloqué pendant deux heures un camion réfrigéré qui transportait plus de 60 travailleurs avant de le libérer. « C'était horrible, j'avais l'impression de suffoquer. Les policiers n'ont permis à personne de sortir du camion, ils ont refusé de nous apporter de l'eau », a raconté un des Palestiniens se trouvant dans le camion.Une fois passés en Israël, les clandestins doivent encore vivre cachés en espérant que leurs employeurs ne les dénonceront pas. Beaucoup dorment dans des maisons abandonnées, dans des usines ou près des chantiers. « Ils peuvent travailler une journée ou même une semaine sans être payés, et ils perçoivent bien moins que le salaire minimum israélien », établi à 3 850 shekels (environ 700 euros), déplore Roy Wagner de « Kav La Oved », une organisation israélienne de défense des travailleurs clandestins. Quelque 45 000 Palestiniens disposent d'un permis de travail en Israël ou dans les colonies israéliennes de Cisjordanie mais, selon Roy Wagner, le nombre de clandestins pourrait être égal ou supérieur à ce chiffre officiel. Avant le début de l'intifada, en septembre 2000, quelque146 000 Palestiniens travaillaient en Israël ou dans les colonies, selon le FMI.  >   


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