Algérie

«Travailler en Algérie ! pourquoi pas '»



«Travailler en Algérie ! pourquoi pas '»
Directeur du centre de formation de l'AS Nancy-Lorraine (Ligue 1 française) et entraîneur de la réserve professionnelle (4e division) depuis quatre ans, Rachid Maâtar est le seul Algérien à occuper un poste de responsabilité au sein de l'élite du football français. En fin de contrat en juin prochain, l'ancien Fennec (25 sélections) nous détaille son quotidien et n'exclut pas un jour de travailler en Algérie après une première tentative avortée.
- Vous cumulez les fonctions de directeur du centre de formation et de l'équipe réserve professionnelle de l'ASNL. En quoi consiste votre travail '
Je détermine la politique technique du centre de formation et donne les axes de son fonctionnement. Je dirige, par ailleurs, l'équipe de la réserve professionnelle (ndlr, CFA, 4e division). Il est important pour moi d'avoir les mains dans le cambouis et de ne pas être uniquement dans la théorie. Mettre en place l'organisation est une chose, mais démontrer et pratiquer, c'est mieux. Ma journée est bien complète avec les entraînements et la gestion d'une soixantaine de gamins de 15 à 19 ans.
- Qu'essayez-vous d'inculquer aux jeunes dont vous assurez la formation '
Mon travail se base sur trois axes : le terrain, l'école, et la vie en-dehors du centre de formation. Les problèmes que l'on rencontre se concentrent surtout à l'extérieur. Quand on les résout, le jeune comprend et cela a une action indirecte sur le terrain. Il ne faut pas oublier que le gamin ne nous voit pas toujours comme un éducateur, un accompagnateur et un guide. Nous avons un message à délivrer et la mission de les faire progresser.
- Dans quels domaines '
Nous leur inculquons l'exigence, car le football va de plus en plus vite et le haut niveau ne pardonne pas, et la rigueur parce que les jeunes n'ont plus le temps d'attendre. A mon époque, nous passions professionnels à l'âge de 23-24 ans. Aujourd'hui, on le devient à 18-19 ans. Pour y arriver, cela passe par une exigence qui intervient dans les différents domaines de leur vie sur et en-dehors du terrain. Un jeune qui progresse à l'école est en capacité de se remettre en question. Bien travailler à l'école, c'est le meilleur moyen de travailler sa réflexion dans le football. On anticipe et on se replace plus vite, on a une intelligence de jeu indispensable pour réussir au plus haut niveau. Un gamin qui n'écoute pas est sanctionné. Celui qui a l'habitude d'être titulaire chez les U17, U19 ou en CFA et qui ne bosse pas en classe n'est pas titulaire le week-end. Nous ne sommes pas là pour gérer le produit fini mais pour faire avancer l'individu.
- Vous êtes l'un, voire le seul Algérien à avoir de telles responsabilités au sein de l'élite française. Pourquoi n'y a-t-il pas plus de profils de votre genre '
On ne donne pas la possibilité à des gens comme nous de démontrer ce qu'on sait faire. Il n'y a pas un seul entraîneur de Ligue 1 qui soit d'origine africaine. C'est étonnant !
- Les quotas frappent-ils aussi les techniciens '
Je ne veux pas entrer dans ce genre de débat. C'est compliqué !
- Votre compétence n'a pas toujours été estimée à sa juste valeur, puisque vous avez connu des périodes sombres...
A une époque, j'étais en contact avec des dirigeants qui me disaient que j'étais l'homme de la situation, mais qu'il fallait que je passe mes diplômes. Et, une fois le sésame obtenu, la situation ne changeait pas pour autant. Aujourd'hui, je ne suis plus aigri. J'essaie d'être positif en disant que j'ai une double culture.
- Vous dirigez un jeune Algérien qui a participé à la Coupe du monde des U17 en 2009, Ilyas Cherchar. Comment évolue-t-il depuis qu'il est à Nancy '
C'est un gamin sérieux qui bosse et qui en veut. Il a toutefois du mal, car cela va trop vite pour lui. La France et la Ligue 1, cela va à 2000 à l'heure. Il n'a pas été habitué. Il a signé professionnel immédiatement après son arrivée. Cela implique des devoirs et des obligations. Il y a sûrement eu un choc dans la transition. Il n'a jamais eu l'occasion d'apparaître en Ligue 1, car il n'a pas montré assez de choses pour franchir ce palier. La vitesse ne peut pas se travailler, contrairement à l'anticipation des trajectoires et à la lecture du comportement des adversaires.
- Y a-t-il des Franco-Algériens à fort potentiel au sein de l'AS Nancy Lorraine '
Il y a Hammar Ziri qui a franchi des paliers. Il a signé pro en décembre dernier. C'est un milieu offensif de 19 ans qui évolue bien. Il a un gros potentiel et une belle marge de progression. Chez les U17, il y a le défenseur axial Youssef Bouamrane, et surtout Adam Beldjilali, un milieu offensif gauche avec de grosses qualités techniques.
- L'Algérie se professionnalise depuis un an et demi. Suivez-vous l'évolution de ce football '
Pas trop, à l'exception des grands clubs du pays.
- Avez-vous été approché pour apporter vos compétences à ce football '
En 2006, avant la Coupe du monde, j'ai reçu un appel de Rabah Saâdane. Je le connaissais, car il avait été mon sélectionneur. Il était question que je sois son adjoint. Mais il n'y a pas eu de suite puisque je n'ai plus eu de nouvelles.
- La perspective de travailler en Algérie est-elle envisageable un jour '
Pourquoi pas ! J'ai les diplômes de formateur et d'entraîneur.




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