«Le nouveau code du travail prévoit dans ses articles la criminalisation
de l'acte de faire travailler des enfants, notamment lorsque leur santé est
exposée aux risques de maladies et autres graves menaces physique et
psychique», a-t-on annoncé avant-hier à l'occasion de la tenue, au palais de la
culture Malek Haddad, d'une journée d'étude organisée par l'inspection du
travail de la wilaya de Constantine. Une journée autour du thème de «La
prévention et la lutte contre le travail des enfants».
Le durcissement de la réglementation en matière de lutte contre
l'exploitation des enfants par les employeurs indélicats, dont les textes de
loi actuels pénalisent ces derniers par des amendes entre 1.000 et 2.000 dinars
pour chaque cas d'emploi d'un mineur en dessous de 16 ans, et une peine
d'emprisonnement de 15 à 30 jours en cas de récidive, est d'ailleurs une option
revendiquée par tous les participants à cette journée d'étude, à savoir la
direction de la Santé, la direction de l'Action sociale, ainsi que les
représentants de l'UGTA, et l'UGCCA. Cependant, l'on s'avisera bien de
souligner que «le phénomène du travail des enfants en Algérie n'est pas
alarmant». Les statistiques livrées sur ce plan par l'inspection du travail
versent, en effet, dans le sens de ces affirmations, révélant des taux
inférieurs à ceux enregistrés dans les pays européens. Selon les chiffres
officiels, les enquêtes menées en 2008 sur un échantillon de 38.650
entreprises, employant 482.040 personnes, ont permis de découvrir uniquement 68
cas (0,17%) d'employés n'ayant pas atteint l'âge de 16 ans et plus. En 2006, ce
taux était tout juste un peu plus haut, atteignant les 0,54% sur un effectif
global contrôlé de plus de 380 mille employés. L'inspecteur du travail de la
région de Constantine estimera, toutefois, à ce propos, que «les chiffres sont
un peu loin de la réalité, au vu des conditions difficiles rencontrées par les
enquêteurs». Ce sont là des chiffres autour desquels tourne une polémique
virulente entre plusieurs parties, dont le ministère de la Solidarité et de la
Communauté à l'étranger, la Fondation nationale pour la promotion de la santé
et de la recherche FOREM, et impliquant même dans la controverse la très
officielle CNCPPDH de Farouk Ksentini. Réagissant aux déclarations du FOREM sur
ce registre, qui a avancé un chiffre de 1,3 million d'enfants qui travaillent
au noir en Algérie, dont 300 mille dans le secteur du commerce, M. Djamel Ould
Abbés a apporté un démenti catégorique lors de son intervention avant-hier à
l'APN, alors que M. Ksentini, pour sa part, admet que «la situation de
l'enfance dans notre pays n'incite pas à l'optimisme». Sur le terrain, et en ce
début de vacances d'été, les enfants, qui ont à peine quitté les bancs de
l'école, se sont lancés en masse à la recherche d'un petit boulot, «histoire de
ramasser un peu d'argent pour parer aux dépenses de la prochaine rentrée
scolaire», comme le laissera entendre le président de la Fédération des parents
d'élèves lors de son intervention, dénonçant dans ce contexte «la complicité
des parents, inconscients quant aux graves conséquences qui menaceraient le
développement psychique et biologique de leurs enfants». Un médecin du travail
lancera dans ce sillage «qu'il ne faut pas perdre sa vie en essayant de la
gagner».
Néanmoins, tout le monde reconnaîtra que «c'est le besoin qui pousse les
enfants au travail». Malgré tout le dispositif de solidarité adapté par les
pouvoirs publics, les nécessiteux parmi les ménages algériens demeurent encore
livrés aux aléas d'un pouvoir d'achat en chute libre. «Le dispositif de
protection sociale, celle des enfants notamment auxquels on n'accorde qu'une
maigre allocation de 300 à 600 dinars, reste encore à améliorer», estime un
syndicaliste.
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Posté Le : 13/06/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : AZerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com