Devant le volume et l'ampleur des dégâts causés par les effets de la corruption et de la bureaucratie, l'urgence de revoir le fonctionnement des institutions publiques s'impose sans ambiguïté dans la dynamique des réformes que vit le pays. Les grands scandales qui ont éclaté, mettant sous les verrous un grand nombre de hauts responsables du pays, dénotent une impunité qui a régné durant des décennies, et surtout de l'absence, voulue, des organismes de contrôle.Résultat des courses: l'administration algérienne s'est retrouvée piégée par le virus du gain facile et de l'enrichissement personnel, au détriment des intérêts du pays. Pour y remédier et afin de renforcer les efforts de la lutte contre la corruption, le président de la République a ordonné, lors du dernier Conseil des ministres, «la création d'une nouvelle instance pour enquêter sur l'enrichissement des agents publics, à travers des procédures légales et rigoureuses dans la lutte contre la corruption et connaître l'origine de leurs avoirs».
Une orientation qui confirme la volonté de l'Etat à parachever l'assainissement des institutions et l'édification de bases solides pour asseoir une gestion saine et efficace de l'argent public et baliser l'administration contre un retour à l'anarchie qui a sévi par le passé. Une tâche qui nécessite la mise en place des mécanismes et des outils aptes à intervenir en amont, et prévenir les agissements douteux et l'installation de réseaux de corruption et de détournements.
Pour ce faire, cette instance devrait impérativement avoir un droit de regard sur les conflits d'intérêts, la rémunération des fonctionnaires, les modes de perception des impôts et taxes, les marchés publics ainsi que sur les règles d'éthique concernant la Fonction publique ou le secteur parapublic. Il s'agit d'un ancrage profond dans les rouages de l'administration, pour centraliser les informations nécessaires afin de prévenir les pratiques d'enrichissement illicite et faire prendre des mesures conservatoires, de collecter et de conserver les déclarations de fortune des agents publics, de procéder à toute enquête utile portant sur des faits d'enrichissement illicite ou de conflit d'intérêts et de toute autre pratique malhonnête d'augmentation des biens.
À l'image des expériences menées à l'étranger, le but est de créer un outil de prévention et d'intervention qui peut être saisi par le gouvernement, les commissions parlementaires, les collectivités locales, les organisations professionnelles ou syndicales ou par toute autre organisation non gouvernementale jouissant de la personnalité juridique. Suite à quoi, les résultats de l'enquête donneront lieu à des sanctions qui, souvent, s'articulent en plus de la mise en détention, la saisie ou du gel des biens ou avoirs mobiliers ou immobiliers ayant été acquis ou conservés en tout ou partie, grâce à l'enrichissement illicite, et de l'interdiction temporaire de sortie du territoire national des personnes mises en cause.
Il faut dire qu'avec l'installation de cette instance, les pouvoirs publics s'attaquent à un pan indéfectible de l'oligarchie et de ses ramifications, ce qui va mettre réellement le feu aux poudres et sérieusement inquiéter les niches de corruption rescapées de l'ancien régime.
C'est dans cette optique que l'instance d'enquête sur l'enrichissement des fonctionnaires viendra consolider la lutte contre la corruption et tentera d'apporter cet effet de dissuasion, qui constitue l'essence même de la prévention et de la lutte.
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Posté Le : 04/01/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali AMZAL
Source : www.lexpressiondz.com