Algérie

Transports urbains : Trajets d'enfer


« Ici, à la gare routière de la place du 1er Mai (Alger), il est nécessaire de se départir de son ego et d'essayer, par tous les moyens, de garder son calme ». Mourad, étudiant en médecine, doit supporter tous les jours les klaxons, les cris des « receveurs » et la nervosité des passagers. « C'est toujours la même rengaine, la chaleur, les embouteillages et le bruit mettent les passagers à bout de nerfs », nous dit Fayçal, chauffeur de bus. Son bus reliant Alger à Boumerdès est orné de fleurs en plastique, de photos des joueurs de Manchester United et d'un calendrier portant des versets coraniques. Le goût du « kitch » est poussé à l'extrême. « Le plus grand problème vient du fait qu'il n'y a pas de sécurité. Il y a beaucoup trop de voleurs. Pour le reste, nous avons nos codes, chacun stationne comme il peut », nous dit-il. « Pour un ticket de bus non remis, on en vient souvent aux mains. Les Algériens sont beaucoup trop nerveux. Le désordre est dans nos gènes », dit-il. Fayçal dit poursuivre son trajet malgré les remontrances des passagers, les klaxons et même les injures. « Une question d'habitude », souligne-t-il.Farid, chef de la gare routière du 1er Mai, estime que « l'Algérie a été bâtie dans le désordre ». « Le peuple a toujours été désordonné. On s'est habitués à cela. Regardez ces jeunes, ils sont calmes mais on les a poussé à l'anarchie. C'est la situation dans le pays qui veut ça. Pour un peu d'argent, il ira voler », explique-t-il, sous les rires des receveurs. Pendant ce temps, les passagers sont serrés « comme des sardines », ils étouffent, mais ont-ils le choix ' « J'ai mis tous mes espoirs dans le crédit véhicule pour acheter une petite voiture et échapper à cet enfer, mais il semble que je vais devoir prendre mon mal en patience », soupire Mourad.
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