Algérie

Transports d'une autre époque



Transports d'une autre époque
Batna-Alger c'est plus de 400 km et ailleurs, sur une telle distance, le train doit obligatoirement comporter un wagon-restaurant surtout s'il prend le départ tôt le matin ou tard le soir.Il neigeait ce jour du 23 janvier à Batna et, dans pareilles conditions, le moyen de transport le plus indiqué pour rallier Alger, avec un risque minimum dêtre piégé au milieu des routes fermées à la circulation, était le train. Seul inconvénient, le départ était à 4h30 du matin, mais nous savons depuis longtemps que, pour bouger chez nous, il faut vraiment se lever tôt.Quatre excellentes choses méritent d'être mentionnées concernant ce train: le départ fut à l'heure pile. Le train était très propre bien que mal entretenu. Tous les wagons étaient non-fumeurs et on s'y sentait en sécurité. D'ailleurs, la première chose qui vous frappe lorsque vous prenez ce train c'est la sécurité. Les nombreux agents qui s'en occupent ne s'en cachent pas et se montrent même de manière ostentatoire. Ils vont et viennent d'un wagon à l'autre, histoire de décourager les éventuelles mauvaises intentions. C'est, là aussi une excellente chose qu'il était nécessaire de mentionner.Batna-Alger c'est plus de 400 km et ailleurs, sur une telle distance, le train doit obligatoirement comporter un wagon-restaurant surtout s'il prend le départ tôt le matin ou tard le soir, dans le cas contraire, ce sont des agents qui passent, un chariot devant, pour vous proposer des boissons chaudes, des sandwichs, des rafraîchissements... Mais notre train n'avait pas de wagon restaurant et il fallait attendre M'sila pour voir monter, avec son chariot, l'agent chargé de servir les passagers. Seulement, une fois ses produits installés sur le chariot, notre bonhomme prit place sur une chaise et ne bougea plus. Sur ce train, et contrairement à ce qui se fait partout sur cette terre, ce n'est pas le chariot qui passe dans les wagons, ce sont les passagers qui doivent aller au chariot bien que ce dernier soit bien équipé de quatre roues - bien fonctionnelles - comme nous avons pu le confirmer de visu à la descente à la gare de l'Agha.On est tenté, parfois, de se demander pourquoi est-ce que les choses doivent se passer toujours autrement chez nous qu'ailleurs et l'on est, sans cesse, porté à s'interroger pourquoi est-ce que nous devons toujours faire les choses de manière différente, sans égard pour les grands principes de cette vie ni même pour les considérations les plus banales du quotidien. Un chargé du chariot à roulettes, qui devrait passer devant les passagers et les inciter à acheter, campe au fond du train et oblige les passagers à venir le voir, c'est une aberration tout simplement!Vous n'avez pas le temps de vous remettre de la déception de «l'homme au chariot» que, à la gare de Bordj Bou Arréridj le train s'immobilise et le temps de l'arrêt dépend de votre chance. Parfois une heure, parfois une demi-heure, comme quoi dans nos trains, il faut apprendre à patienter. Et si vous demandez aux habitués, ils vous diront avec un air d'excuse qu'ils trouvent à la Sncf: «C'est normal, ce train doit attendre qu'entre en gare celui qui vient d'en face!». Rien que cela.Au moment où, ailleurs, on arrive à synchroniser le trafic des trains de manière à éliminer les retards, chez nous, on ne sait même pas que cela est possible. Et, tant que nous ne cessons pas de bomber le torse en regardant notre nombril et tant que nous ne cessons pas de nous considérer, nous-mêmes, comme notre propre modèle, nous ne progresserons jamais car, chez nous, le premier train arrivé en gare doit continuer à attendre «gentiment» les autres. Quant au temps des gens, quant aux retards que cela pourrait leur causer, quant aux attentes, quant au reste, la Sncf et le ministère des Transports n'en ont que faire! A chacun de se débrouiller comme il veut et, surtout, comme il peut.Comme pour surplomber le tout, l'entrée à Lakhdaria (Palestro) risque d'être fatale et même mortelle pour certains car, entrer à Lakhdaria dans un train aujourd'hui, revient à prendre la diligence du temps des Indiens du moment que, de toute l'histoire de l'humanité, seulement les Indiens attaquaient les diligences or, à Lakhadria, on jette encore des pierres contre le train et si, par malheur, vous êtes au mauvais endroit au mauvais moment, cela risque d'être définitif!Que ce soit à cause du chauffeur de bus qui décide de l'arrêt et de l'itinéraire contrairement à ce qui lui est prescrit ou que ce soit l'agent chargé du chariot à bord du train, que ce soient les arrêts inopinés qui peuvent durer trop longtemps ou les jets de pierres que l'on risque de recevoir en plein visage, tout concourt finalement à faire des transports en commun, chez nous, des transports qui datent d'un autre âge.




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