« Désolé, c'est 15 dinars la place, les 10 dinars c'était avant. Si vous
n'avez pas d'argent, allez à pied ou restez chez vous, madame». C'est la
réponse cinglante d'un receveur de bus à l'adresse d'une dame d'un certain âge
n'ayant en sa possession que 10 dinars pour prendre le bus. Et pourtant, il y a
à peine une dizaine de jours, ce même receveur et tous ses collègues se
contentaient bien des dinars de cette même dame. Il est vrai que profit ne rime
pas avec humanité. Et des scènes de ce genre deviennent monnaie courante dans
les transports en commun, notamment dans ceux qui appartiennent au privé. On
l'aura compris, les gens n'ont pas encore avalé cette dernière hausse des prix,
et n'hésitent pas à saisir la moindre occasion pour exprimer leur mécontentement.
Les receveurs, quant à eux, affichent profil bas, et mettent sur le compte de
la direction du Transport, cette nouvelle augmentation, qui n'est pas des
moindres puisqu'elle atteint 50%. Mais certains receveurs, irrévérencieux
vis-à-vis de leur clientèle, n'hésitent pas à leur lancer : «si vous n'êtes pas
contents, prenez un taxi, allez à pied ou allez vous plaindre à la direction du
Transport», toute honte bue et sans aucun respect pour des clients qui, sans
eux, le transport en commun n'aura aucune raison d'être.
Les premiers jours, afin de
tenter d'amadouer l'usager hargneux, on baissait les yeux, sur les conseils
«avisés» des patrons des bus, si le client n'avait pas les cinq dinars
supplémentaires, mais depuis peu, on n'hésite plus à les leur réclamer, et de
façon catégorique qui frise l'indécence parfois. Quant à l'usager, s'il est, en
ce temps, hargneux, il y a de quoi : pour lui, si on augmente de façon
«outrancière» le prix du ticket de bus, on ne fait rien afin d'améliorer
quelque peu la qualité des services. On observe encore à ce jour, dans les
transports appartenant au privé, des conducteurs zélés en train de faire des
courses poursuites avec des bus «concurrents», et tout cela afin d'atteindre le
premier le prochain arrêt, et ramasser donc le plus d'usagers. Ou encore, on
peut voir des receveurs ignorant toute vergogne, s'attarder plus que de coutume
à un arrêt spécifique, invitant avec insistance les passants à monter dans leur
bus.
Des scènes de ce calibre sont le
lot des usagers oranais, et ils doivent y faire face de manière quotidienne et
le cœur gros. Si, en d'autres villes, les habitants souffrent d'un manque, ou
même d'une pénurie pour ce qui y est des transports en commun, à Oran, au
contraire, les habitants souffrent de leur exubérance: entre ceux du privés et
ceux de l'Etat, il y a trop de bus pour une ville comme Oran. Ils provoquent
alors, principalement aux heures de pointes, des embouteillages à profusion, et
cela vire parfois à l'insoutenable.
D'aucuns des usagers, principalement
ceux qui empruntent le bus quotidiennement, trouvent excessive cette hausse,
d'autant qu'elle leur tombe sur la tête sans prévenir. «Si on prend trois bus
par jour et tous les jours, cela va donner un sacré coup à notre portefeuille».
D'autres, à la limite, ne dédaigneront plus payer cinq dinars de plus, mais
ceci à la condition de voir une qualité de service améliorée. «Pourquoi, dit un
usager à l'adresse d'un receveur de bus privé, on ne rouspète pas pour payer
quinze dinars quand on prend un bus d'une entreprise publique? C'est que
justement, la qualité y est meilleure !»
Enfin, un autre, afin pour couper court à ce débat, attend avec
impatience le jour où le tramway sera fonctionnel. «Ce jour-là, on se
débarrassera de vous, une bonne fois pour toute !», dit-il plein de malice. Il
n'empêche qu'en attendant 2013, date butoir de la mise en marche du tramway
d'Oran, les usagers oranais n'ont pas encore fini de galérer.
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Posté Le : 21/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Kébir A
Source : www.lequotidien-oran.com