Algérie

Transport, circulation: Ces petits détails qui créent l'anarchie



Le dernier arrêté promulgué par le premier responsable de la wilaya d'Oran, régissant la circulation des camions poids lourds au centre-ville, même s'il ne va pas résoudre le problème de la circulation étouffante qui prend Oran et ses habitants à la gorge, est déjà un pas en avant pour essayer de décongestionner les artères de la grande cité. Si cette décision est conjoncturelle, elle est prise en perspective de la prochaine saison estivale et des quatre millions de touristes attendus dans la wilaya.

Oran reste toujours tributaire d'un nouveau plan de circulation, encore en gestation, dirions-nous. Rappelons que l'avis d'appel d'offres relatif à l'étude du plan de circulation dans l'agglomération a été déclaré infructueux, le mois passé, pour le motif d'«offre unique». Un autre appel d'offres sera lancé ultérieurement. Pour une durée d'une année, et coûtant 60 millions de dinars, l'étude en question comprendra trois phases : le diagnostic des déplacements à Oran, les scénarios des déplacements et les choix définitifs des scénarios préconisés. Le futur plan de la circulation permettra principalement l'éradication de l'anarchie qui caractérise le secteur du transport à Oran et de rendre les itinéraires actuels en conformité avec le tracé du futur tramway.

Si les bonnes intentions s'affichent publiquement, la réalité du terrain plaide pour une dégradation continue du semblant de plan de circulation en place. Pour nombre d'automobilistes et d'usagers des transports publics, la donne est simple et la situation invivable. Le centre-ville, avec ses principales rues, le troisième périphérique, particulièrement pendant les heures de pointe, les ronds-points d'El-Bahia, d'Es-Sénia, de Lotfi ou encore celui de la cité Emir Abdelkader et pratiquement toutes les rues « polluées » par le chantier du tramway sont cités en tête des points noirs de la circulation. Une liste non exhaustive qui fait de chaque déplacement un véritable parcours du combattant.

Abdeslam, 58 ans, commerçant à Delmonte, ne cache pas son appréhension de voir la situation empirer et la circulation ressembler davantage à celle d'Alger. « Il y a de plus en plus de voitures mais également de mauvais conducteurs, ce qui n'arrange certainement pas les choses », dira-t-il, un peu philosophe sur les bords. Souad, 48 ans, pharmacienne, confessera pour sa part sa peur panique de se retrouver dans d'interminables bouchons et de se voir agresser. « Les embouteillages sont l'occasion propice pour de jeunes délinquants pour s'en prendre aux automobilistes et notamment aux femmes ».

Pour Youcef, 46 ans, infirmier, les causes de cette anarchie résident dans l'incivisme rampant, le non-respect du code de la route, l'interminable chantier du tramway et l'incapacité des pouvoirs locaux à organiser le secteur des transports depuis plus d'une décennie. « Quand vous voyez des bus remplis jusqu'à la gueule et conduits par des adolescents qui font ce qu'ils veulent, alors c'est qu'il n'y a rien à espérer », expliquera-t-il.

Cette impuissance des services concernés par la gestion de la circulation à Oran est mise à l'index par toute une population qui s'interroge sur le rôle de la direction des transports. Abdellah, 33 ans, chauffeur de taxi, se demande toujours comment on peut se permettre de bloquer la circulation sur le pont Zabana « pour des travaux de jardinage, alors qu'on aurait pu faire ça tard le soir ». Remonté, il n'en démord toujours pas et estime que ce sont justement ces détails, ces petites choses qui font toute la différence. Mais tout Oran espère qu'avec la mise en service du tramway, qui aura théoriquement une capacité de transport de 270.000 voyageurs/jour, les problèmes liés au secteur des transports disparaitront d'eux-mêmes. Rappelons que le transport urbain à Oran compte 850 opérateurs privés totalisant 1.700 véhicules d'une capacité globale de 62.165 places. L'Entreprise de transport urbain d'Oran (ETO) offre 5.000 places, alors que 4.913 places sont offertes par les opérateurs du transport suburbain. Pour le transport interwilayas, le secteur compte 137 opérateurs et 323 véhicules d'une capacité globale de 14.000 places. 5.469 véhicules de transport de marchandises ont été également recensés.




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