Invité mercredi dernier du Club Excellence Management, le ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, a été formel: il n’y aura pas d’autorisation pour de nouvelles compagnies aériennes privées avant 2009.
 Pas de compagnies aériennes privées avant 2009 ! Après avoir maintenu le flou pendant des années, le ministre des Transports a fini par donner une réponse aux investisseurs potentiels dans le secteur aérien. La suspension de l’ouverture du secteur aérien au privé, décidée à la fin des années 90, n’est pas nouvelle. Depuis la faillite de Khalifa Airways en 2003, les demandes d’agrément de nouvelles compagnies aériennes privées étaient «en instance» au niveau du ministère des Transports. «A maintes reprises, nous avons essayé, en vain, d’obtenir une réponse négative ou positive pour notre demande d’agrément d’une compagnie charter. Cette demande a été déposée en janvier 2004. Attendre presque trois ans pour avoir une réponse sur un dossier d’investissement reflète le climat des affaires dans notre pays», regrette un ancien pilote d’Air Algérie qui a voulu créer une compagnie aérienne.
 Pour expliquer sa décision, le ministre des Transports dira: «Pour l’heure, il s’agit de développer Air Algérie pour lui permettre de se déployer sur le réseau national».
 Pourtant, en trois ans, la compagnie Air Algérie n’a pas réussi à combler son retard et à améliorer ses prestations sur le réseau domestique, malgré son monopole total sur le marché. «Il n’y a pas de défaillance dans la gestion de la compagnie nationale qui répond aux règles établies par le code civil international. Il y a cependant des insuffisances au niveau du réseau domestique», a reconnu le ministre. Selon lui, une étude est en cours pour analyser ces carences et des actions seront introduites «afin d’améliorer, dit-il, les prestations d’Air Algérie qui revêtent un caractère prioritaire aux yeux des pouvoirs publics».
 A une question sur «la possibilité de faire participer le secteur privé dans la construction et la gestion des infrastructures de transport» notamment portuaires, le représentant du gouvernement a déclaré: «C’est l’Etat qui est chargé de la réalisation des grands ouvrages de transport. En revanche, il y a de la place pour les entreprises privées qui ont un savoir-faire avéré et reconnu dans la gestion de ces infrastructures». «Nous avons commencé par la nouvelle aérogare d’Alger, gérée par les Aéroports de Paris (ADP), puis ce sera au tour du Métro d’Alger qui sera également géré par le privé et la porte est ouverte au secteur privé national, «qui devra faire ses preuves» et s’engager dans la brèche. «Oui, il y a une volonté d’introduire le privé dans la gestion des infrastructures et c’est une volonté affirmée du gouvernement», a dit Maghlaoui. Cependant, «il n’y aura pas de place au bricolage, car ce sont des infrastructures qui ont coûté extrêmement cher à l’Etat et il serait inacceptable que les voyageurs viennent plus tard se plaindre de mauvaise gestion», a-t-il averti.
 Par ailleurs, le ministre a été dur à l’égard des ports nationaux qui font preuve d’une inefficacité «quasi totale». Selon lui, les ports nationaux sont «loin d’être performants» du fait surtout de leur rendement qui est de 9 conteneurs traités en moyenne en une heure, contre des rendements de 30 conteneurs par heure dans les ports développés de la Méditerranée. Seul le port de Béjaïa, avec 24 conteneurs par heure grâce à son partenariat avec le singapourien Portec, a échappé à la critique du ministre. «C’est la preuve que des situations peuvent être corrigées au niveau des autres ports», a estimé Maghlaoui.
 L’autre faiblesse relevée par le ministre a trait au coût du passage du conteneur élevé dans les ports d’Algérie. A titre indicatif, à Marseille, qui est le port le plus cher de la région, selon le ministre, le passage d’un conteneur est évalué à 20.000 dinars, contre 43.000 dinars au port d’Alger. La durée de séjour au port d’un conteneur est de 7 jours pour une traversée d’un jour en Méditerranée, a expliqué Maghlaoui, affirmant que «nous sommes loin d’être compétitifs; et à cela s’ajoute le fait que seulement 10% du fret sont traités par le pavillon national», a-t-il ajouté.
 Pour améliorer la rentabilité et l’efficacité de nos ports, le ministère des Transports compte ouvrir certaines activités commerciales au privé. Toutefois, le projet traîne depuis plusieurs mois et les investisseurs étrangers intéressés par les ports algériens commencent à se lasser. «Les investisseurs comptent leur temps et leur argent, mais le gouvernement algérien ne semble pas prendre ce facteur en charge. Cela fait beaucoup de temps depuis que le gouvernement a annoncé l’ouverture des ports au privé», souligne un expert.
 A une question sur la progression toujours inquiétante du nombre des accidents de la route en dépit des mesures draconiennes adoptées par le gouvernement en 2005, le ministre a réaffirmé la possibilité de réviser, une fois de plus, le code de la route. Faisant un parallèle avec 2005, Maghlaoui a indiqué que le bilan (partiel) de 2006 montre une baisse de 500 blessés par rapport à l’année précédente, mais malheureusement il y a un relâchement au cours de la fin de l’année en cours. Le ministre a sévèrement critiqué les méthodes de l’enseignement du code de la route assuré par les auto-écoles, «qui n’ont pas évolué depuis 1962" et a promis la création prochaine du centre national du permis de conduire, un «pôle d’excellence» en matière de formation.
Posté Le : 02/12/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Hamid Guemache
Source : www.quotidien-oran.com