Algérie

Transport aérien Les liaisons africaines et le monopole



La première session de la Conférence de l'Union africaine des ministres des Transports a pris fin, hier, après deux journées de travaux, précédées par trois autres journées de réunions au niveau des experts, par l'adoption de la Déclaration d'Alger et de quatre plans d'action pour les sous-secteurs aérien, maritime, routier et ferroviaire. La rencontre a été clôturée par un point de presse du ministre algérien des Transports. Mohamed Maghlaoui considère cette première session de «véritable acte constitutif» de la Conférence de l'Union africaine des ministres des Transports (CMAT) dont l'Algérie assure la présidence pendant deux années. Pour le ministre, le Plan stratégique 2004-2007, dénommé «relier l'Afrique», qui consiste à développer des liaisons physiques dans les différents secteurs du transport dans le continent, a rencontré deux sortes de problèmes. Le premier est d'ordre organisationnel, qui est en voie d'être complètement réglé, notamment, après la rencontre d'Alger qui a vu l'adoption du règlement intérieur de la CMAT. Le second est à caractère financier. Mais, concernant ce dernier volet, le ministre estime qu'il faut, d'abord, présenter des études et formuler des projets avant de prétendre solliciter les bailleurs de fonds. Le plan de travail 2008-2012 adopté, hier, par les ministres des Transports et les représentants de 41 Etats africains, devrait permettre de formuler les besoins du continent en matière d'infrastructures. Sur des questions propres à l'Algérie, le ministre a indiqué que le pays a un besoin de financement de l'ordre de 18 milliards de dollars pour des infrastructures de transport. Interrogé sur les liaisons aériennes d'Air Algérie vers l'Afrique, Maghlaoui, qui regrette que les participants africains ont dû transiter par des pays d'Europe ou de Moyen-Orient pour venir à la réunion d'Alger, a rappelé que la compagnie aérienne nationale avait, dès les années 70, investi ce marché, mais faute de rentabilité, certaines liaisons ont été supprimées. «La compagnie étudie la possibilité de revenir sur certaines destinations africaines et cherche les solutions les plus rentables». Mais, ajoute-t-il, «il faut qu'il y ait une volonté commune (de la part des pays africains concernés par ces liaisons aériennes, ndlr) d'utiliser ces lignes», a-t-il indiqué. Maghlaoui va plus loin en rappelant que les liaisons aériennes vers l'Afrique sont un «quasi monopole de deux compagnies: l'une francophone et l'autre anglo-saxonne», dira-t-il sans les citer. Un cadre d'Air Algérie nous précisera, en aparté, que la compagnie dessert, en plus des capitales d'Afrique du Nord, six autres destinations africaines. Il s'agit de Nouakchott, Dakar, Bamako, Abidjan, Ouagadougou et Niamey. Selon ce cadre, le transit par des villes européennes pour joindre Alger serait, probablement, dû à des considérations d'horaires et de fréquences de vols. Par ailleurs, interrogé aussi sur les mesures qui seront prises pour réduire les accidents de la route (la sécurité routière figurait parmi les thèmes débattus lors de la réunion des experts et des ministres africains des Transports), Mohamed Maghlaoui a annoncé que son département travaillait sur un projet de «normalisation des cours et des examens dans les écoles de conduite». Selon lui, les principales raisons des accidents, sont l'excès de vitesse et l'ivresse au volant. Pour ce qui est du contrôle technique, le ministre a fait état de 4 millions de véhicules contrôlés à ce jour. Il a, également, parlé d'élargissement de la gamme de contrôle qui va aller au-delà des systèmes de freinage, de suspension et d'environnement (émissions), mais qui doit, également, toucher d'autres aspects comme la visibilité. Il a annoncé que des textes sont en préparation pour l'homologation des véhicules importés par les concessionnaires et le transfert des services des Mines du ministère de l'Energie vers celui des Transports. La Déclaration d'Alger Après les constats portés sur une situation peu reluisante du transport en Afrique, la Déclaration d'Alger a pris un certain nombre d'engagements pour relancer le secteur. Il s'agit, entre autres, «d'accorder une priorité aux programmes d'intégration inter-régionaux et continentaux», en particulier en faveur des pays sans littoral. Les ministres africains des Transports s'engagent à «faciliter le transport inter-Etats», à «démanteler les barrières non physiques» et «promouvoir l'efficacité de la sécurité», surtout dans le domaine aérien qui constitue le talon d'Achille des compagnies aériennes de certains pays du continent. A ce propos, la déclaration prévoit la «mise en place d'organisations régionales pour le contrôle de la sécurité et de la sûreté», et «d'intégrer à tous les programmes de transport un volet spécifique de lutte et de prévention du VIH/SIDA et des maladies sexuellement transmissibles». Il est, également, prévu de «renforcer les organisations professionnelles et industrielles africaines», de «favoriser l'utilisation des technologies de l'information et de la communication». La déclaration encourage les pays du continent qui ne l'ont pas encore fait, à ratifier et à mettre en oeuvre les conventions internationales relatives à la sécurité, la sûreté et la protection de l'environnement; mais également les «accords régionaux sur l'accès aux marchés, la facilitation du transport et du transit», ainsi que la mise en oeuvre du «plan d'exécution régional global pour la sécurité aérienne en Afrique». En outre, la première session de la Conférence de l'Union africaine des ministres des Transports a décidé de «promouvoir le développement du transport multimodal», de faciliter l'utilisation des services météorologiques et d'accélérer la «modernisation et l'harmonisation de la législation, des normes et des procédures» ainsi que «l'adoption et la ratification de la Charte africaine des Transports maritimes». Ont également été décidées la création de «centres d'excellence pour le renforcement des acteurs du transport» et la promotion de «l'accès des femmes aux métiers des transports». Quant au communiqué final, clôturant la réunion des ministres des Transports, il revient sur l'essentiel des recommandations adoptées par les experts. A noter que l'ouverture des travaux de la première session de la Conférence de l'Union africaine des ministres des Transports s'est déroulée, jeudi, en présence du Chef du gouvernement. Dans son allocution, Abdelaziz Belkhadem, avait beaucoup insisté sur les aspects environnementaux à prendre en charge dans les politiques du secteur, mais également sur la mise en oeuvre des institutions africaines chargées du transport. Le chef de l'exécutif a exhorté la Commission africaine de l'Aviation civile, devenue une Agence, de «mettre en place des règles homogènes de concurrence dans le continent» et «d'élaborer un mécanisme de résolution des différends».


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