Algérie

Transparence : mauvais départ



Interrogé sur l'affaire des inscriptions contestées de militaires sur les listes électorales, le président de la Commission nationale de surveillance des élections (Cnsel) a eu cette réponse : ?Notre instance n'a été saisie par personne. Aussi, il ne faut pas précipiter les choses. Nous n'avons reçu aucune plainte officielle.?À l'évidence, le président de la Cnsel semble embarrassé de devoir prendre en charge une question qui anime déjà le débat sur la capacité du pouvoir à organiser des élections transparentes. Préférant botter en indiquant que la commission n'a pas été saisie et qu'en plus, il existe d'autres instances susceptibles de se prononcer sur le cas, il laisse douter de la capacité des instances prévues par la nouvelle loi à garantir la régularité du scrutin.
Déjà, la Cnsel avait pris un mauvais départ en se mêlant les pinceaux entre l'affaire de Tindouf et la revendication de moyens matériels. Voilà qu'on ne sait plus qui devra traiter de quel type de faits susceptibles de remettre en cause l'honnêteté annoncée des prochaines élections.
Le pouvoir aura tout tenté sur le plan de la forme pour convaincre de sa bonne volonté, notamment en lançant des invitations tous azimuts aux observateurs étrangers et en accélérant le rythme de production de nouveaux partis politiques. C'est que la future Assemblée comporte un double enjeu : celui de rendre la revendication démocratique caduque du fait que l'Algérie serait enfin parvenue à un niveau de sincérité de son vote et celui de faire parapher la réforme constitutionnelle par une Assemblée enfin légitime. Le discrédit que d'éventuelles preuves de fraude jetteraient sur cette APN risque de se reporter sur la réforme elle-même.
Pourtant, si le jeu était ouvert, qu'est-ce qui garantirait que la future majorité entérinerait la réforme voulue par le président Bouteflika ' Le pouvoir, pour l'avènement de sa réforme, est dans l'obligation de voir revenir une majorité maison. Cette nécessité le place en situation d'orienter le résultat du prochain scrutin, sinon, il prendrait le risque de l'impasse : renoncer à sa réforme, ou courir le danger de voir s'imposer une réforme inspirée par une majorité nouvelle, une majorité islamiste, par exemple.
Un taux de participation appréciable, l'apparence d'une régularité du scrutin, mais aussi une majorité acquise à la philosophie de la réforme du Président : cela fait beaucoup de conditions à réunir et à concilier.
Des conditions déjà contrariées par les difficultés du FLN, l'ambiance abstentionniste, les incidents de listes électorales et la nervosité des instances de surveillance.
Une chose manque : on ne voit pas de signes d'engouement populaire pour un scrutin qui n'a jamais autant fait pour la participation. Il reste fort à faire pour susciter cet intérêt. Mais, surtout, pas plus d'interventions douteuses, comme celles que viennent de connaître certaines listes électorales.
M. H.
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