Le bon point politique de la meilleure boutade politique de la semaine revient sans conteste à Abderrezak Mokri. Pour le président du MSP, le parti islamiste fondé par cheikh Mahfoud Nahnah, «Le pouvoir veut appliquer notre plate-forme de transition démocratique en Libye !» Quand c'est bien dit, c'est bien dit et donc il n'y a pas à redire. À la réflexion, sauf sur une supputation différenciée des chances de réussite d'une transition dans l'un et/ou l'autre pays, géographiquement frontaliers, mais politiquement assez éloignés, il faut en convenir. D'abord, si l'Algérie est engagée dans un effort de médiation en Libye, ainsi qu'au Mali, chez elle des voix officielles et officieuses n'arrêtent pas de ressasser depuis belle lurette qu'une entreprise de ce genre n'est pas nécessaire et qu'elle ne fait pas partie de l'agenda du pouvoir. Tout n'est pas bloqué pour autant. La méditation, transcendantale ou non, sur la situation politique intérieure et même extérieure, est autorisée. C'est dire que le champ politique n'est pas aussi fermé que veulent le faire accroire certains dont les réflexions inondent jusqu'à être envahissantes les pages des journaux. Et puis, M. Mokri n'ignore pas que toute médiation est quelque part intermédiation. Ce qui est recueilli chez une partie est soumis ou proposé à une autre partie pour rapprocher les positions et esquisser un consensus. Dernier en date à s'exprimer, d'ailleurs en termes assez virulents, sur le sujet récurrent d'une transition politique en Algérie, le Premier ministre, Sellal, qui en a balayé l'idée d'un revers de main, arguant de la légitimité des institutions.Vues sous cet angle, les situations ne sont pas comparables. Et puis en Libye, les antagonistes s'expriment peu par le discours politique, ils le font surtout par les armes. N'est-il pas préférable, pour rebondir sur le trait d'humour du président du MSP, d'attendre les résultats des bons offices algériens dans l'ex-Jamahiriya avant de tenter quelque chose de similaire en Algérie' Une expérience aura été capitalisée et les mêmes erreurs ne seront pas reproduites ici. Mais avec les tribus libyennes, la solution risque de prendre du temps. Ou alors quand une partie des belligérants sera réduite militairement.Vent debout, le FFS que rien ne semble décourager a enfilé son costume de missi dominici. Il y tient à sa conférence de consensus national, alors même qu'une bonne partie de l'opposition qui a déjà sa feuille de route sur la question, formalisée à sa réunion de Zéralda en juin dernier, a signifié en termes plus ou moins polis sa non-souscription à l'initiative du plus vieux parti d'opposition. Les partis du pouvoir, FLN et RND, y sont favorables sous quelques conditions, en premier le caractère non discutable de la «légitimité du président de la République», posée comme une «Besmala» par le secrétaire général du FLN lors de la rencontre avec la délégation du FFS, mardi dernier. Pour cette probable future Troïka (FLN-FFS-RND), l'actuel mandat de Bouteflika ira à son terme et couvrira une période de tractations politiques qui correspondraient, même si ce n'est pas dit, à un temps de dynamique transitionnelle. Pour le parti d'Aït Ahmed, le changement se fera avec le pouvoir actuel, pour d'autres opposants très actifs, à l'image des anciens chefs de gouvernement Hamrouche et Benflis, auxquels s'ajoute le RCD, une rupture systémique est un préalable à tout changement.Le FFS serait-il plus pragmatique que d'autres acteurs de la scène politique ' Il est certain que s'il est dans les bonnes grâces du pouvoir, c'est parce que le parti fait preuve d'une meilleure disposition au compromis. Une sorte de transition-transaction, par exemple : Bouteflika achèvera son mandat sans qu'il soit tenu à l'écart de certains choix pour sa succession. A. S.
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Posté Le : 25/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Samil
Source : www.latribune-online.com