Algérie

Transition périlleuse



Transition périlleuse
Au fur et à mesure qu'approche la date du 30 juin la tension devient plus exacerbée en Egypte. Le pays vit bien une transition périlleuse et son avenir reste ouvert à tous les scenarii, même les plus détestables. Le clivage multidimensionnel fait redouter de nouvelles violences dans un contexte où il faudrait se définir, comme pro ou contre Morsi. Quatre Egyptiens de la minorité chiite ont été récemment lynchés par une foule hostile dans un village du gouvernorat de Guizeh, près du Caire. Le meurtre a profondément choqué les Egyptiens et accentué un sentiment de danger réel pour l'avenir de ce pays. La crise égyptienne se réfère désormais à la rue et non aux institutions. Plusieurs partis et groupes de l'opposition, dont la coalition du Front du salut national, se sont ralliés à l'appel de la campagne à manifester en masse devant le palais présidentiel. Le mot d'ordre est de «faire tomber le pouvoir des Frères». La crise divise la population, dont une partie soutient le Président et qualifie ses détracteurs de «partisans et de vestiges de l'ancien régime». Mais pour une autre partie non négligeable d'Egyptiens, Morsi a échoué politiquement, économiquement, et socialement, menaçant les objectifs de la révolution qui a fait chuter Moubarak. Des scenarii de sortie de crise sont ébauchés. Le départ de Morsi et la remise du pouvoir au président de la Haute cour constitutionnelle, avec la formation d'un gouvernement de technocrates. Une éventualité que rejettent catégoriquement les partisans du Président, élu en juin 2012. Les observateurs craignent que les manifestations de ce dimanche ne conduisent à un chaos politique et sécuritaire si le chef de l'Etat était renversé. L'armée, qui revient dans le jeu, s'est dite prête à intervenir en cas de violences. La polarisation politique prend même une portée religieuse. Certains islamistes qualifient les opposants à Morsi de «mécréants». La tension est telle que l'institution d'Al-Azhar est intervenue, assurant que «l'opposition pacifique est permise et est sans lien avec la foi». Les Frères musulmans, de par leur histoire particulière, semblent dans l'incapacité d'assurer au pays une transition moins cahoteuse. Une situation que le grand journaliste et intellectuel égyptien Hassanein Heykal résumera à sa manière : «Les Frères se sont installés pendant 70 à 80 ans dans la caverne et quand ils ont pris le pouvoir dans un contexte précis, ils n'ont pas compris que la monnaie, les langues et les normes ne sont plus les mêmes et que le monde a changé' les gens doutent de leur capacité à diriger.»
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