Algérie

Trans-Maghreb, un challenge au service du cinéma



Amine Hattou, Les pieds sur terre
C'est l'histoire d'un homme, sur lequel la gravité terrestre n'a aucun effet ! Ainsi pourrait-on résumer le film d'Amine Hattou, Les pieds sur terre. Mais ce qui commence comme on démarrerait un conte pour enfants a une portée éminemment sociale et ne manque pas de parler à  toute une génération. «Je trouve que nous vivons dans une société qui va très vite  où on ne prend pas le temps de vivre, justement», confie le jeune réalisateur. «Lorsqu'on est enfants, nous avons des rêves que nous délaissons en grandissant, pris par des obligations et traditions sociales et entrons dans un engrenage difficile», poursuit-il. Le personnage principal s'attache à  son lit et porte des souliers de fer pour s'amarrer au sol jusqu'à ce qu'il décide de soigner son curieux mal et déchante rapidement. «Nassim est hors de cette pression, au point que la gravité n'agit plus sur lui»,  commente Amine Hattou. L'expérience Trans-Magregh lui a, par ailleurs, donné l'occasion de travailler sur d'autres tournages dans des aspects techniques. «J'adore mettre la main à  la pâte. Je trouve que la réalisation est un métier que l'on doit apprendre avec tous ses aspects», conclut-il.     Sofia Djama Bendjebbar, Les cent pas de Monsieur X   Alors que deux hommes marchent côte à  côte sur une plage, l'un d'eux s'aperçoit qu'il ne laisse pas de pas sur le sable. Le temps est maussade et l'inquiétude grandissante. Grand Blond, Monsieur X ne laisse aucune trace sur son univers, alors que Jorg, le Suédois, la peau cuivrée, marche d'un pas détendu. Le court métrage de Sofia Djama Bendjebbar intrigue et donne à  réfléchir.  «Ce sont des personnages universels et non propres à  l'Algérie. A mesure que l'un prend conscience de sa différence, une distance se creuse entre eux», explique la jeune réalisatrice. A travers son court métrage, Les cent pas de Monsieur X, «il s'agit de montrer comment vivre avec l'autre et non côte à  côte», continue-t-elle avant de préciser : «Nous les Algériens n'avons pas la capacité de nous inscrire dans une histoire  universelle.» «Tourné entre deux averses, dans des conditions loin d'être propices», ainsi que l'avoue la réalisatrice, ce film subtil mène vers une réflexion profonde. Sofia travaille actuellement sur un son second court métrage.    
Khaled Hafi, Freedom Et si le désir de fuite était une maladie '   L'immigration, maladie du siècle se traiterait comme tout autre mal. C'est ainsi que Khaled Hafi, jeune réalisateur tunisien, traite ce thème récurrent qui touche l'ensemble du Maghreb à  travers son film Freedom. Alors qu'un jeune couple prépare une fuite vers le large sur une embarcation de fortune, le jeune homme est intercepté par sa mère qui le conduit bon gré mal gré pour consulter un médecin. Traité, la vie du jeune homme prend des tons roses. Situation cocasse, dialogues surréalistes et humour noir, Khaled Hafi n'hésite pas à  aborder ce sujet avec humour et légèreté «même si des hommes meurent au large », dit-t-il. N'est-ce pas le meilleur moyen de porter un message ' «C'est une chance de pouvoir faire un film dans ces conditions, entourés de professionnels », en amont et en aval, déclare-t-il. «Cela a été très bénéfique, malgré le stress que crée ce genre de circonstance, mais c'est un véritable challenge.» D'autant plus que l'expérience aura permis de fouler le sol algérien pour la première fois au jeune réalisateur qui rebrousse désormais chemin vers son pays natal où il poursuit son cursus universitaire dans le domaine du cinéma et de l'audiovisuel.    
Faouzi Boudjemaï, Square Port Saïd   Aborder un thème longuement débattu et trituré dans tous les sens dans la scène médiatique n'est pas chose aisée, particulièrement à  travers le cinéma. Faouzi Boudjemaï en a bien conscience en s'attaquant à  celui de la harga. «J'ai voulu en parler dans un endroit angoissant que tout le monde connaît et  est partagé par tous», confie-t-il. Et quoi de plus angoissant et connu de tous les Algériens sinon l'atmosphère suffocante d'un bus. Square Port Saïd, où lorsqu'un jeune homme essaie d'attirer l'attention d'une charmante jeune fille assise en face de lui avec de petites origamis pleines de sens et de symbole. Une barque se transforme en maison entre les doigts fins de la jeune fille et c'est toute une jeunesse qui s'y retrouve. «Depuis toujours, la femme représente la patrie et retient les hommes à  leur patrie», explique le jeune réalisateur. «Beaucoup de jeunes de mon institut m'ont aidé pour ce film qui n'aura pas coûté un sou», remercie-t-il. Quant à  l'expérience Trans-Maghreb, Faouzi la trouve «très enrichissante». Le diplômé de l'Institut supérieur des arts du spectacle et de l'audiovisuel (ISMAS) s'est férocement battu pour le cinéma algérien et dénonce le manque de moyens et la qualité des formations dispensées. Mais plus encore : «Nous n'avons pas de politique culturelle dans ce domaine et n'éduquons pas le téléspectateur pour apprécier un film», s'indigne-t-il.
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