Oran est devenue invivable, entend-on dire ça et là. La circulation est
devenue tellement infernale que des chauffeurs de taxi, ignorant le sens de la
notion de service public, refusent des destinations qu'on leur demande.
Des blogs et des sites tenus par des Oranais décrient la situation de
délabrement de leur ville, surtout depuis l'entame des travaux du tramway et de
la réfection des réseaux AEP. Pour d'autres, moins nombreux certes, Oran ne
veut pas se départir de son provincialisme en assumant des projets à la mesure
de ses prétentions de métropole méditerranéenne. Usant d'une ancienne parabole,
un citoyen, ancien cadre de l'administration, comparera l'attitude des Oranais
vis-à-vis des grands projets en cours à celui qui désire ramasser le miel mais
refuse de se faire piquer par les abeilles. A ne pas se méprendre, ces
réactions, qui restent primaires et surtout exprimées sur le mode de la contestation,
n'augurent pas d'un débat sur la ville. Mais elles ont quand même l'avantage de
soulever une question importante: tous les projets dont bénéficie Oran en ce
moment, aussi importants soient-ils, ont été imposés d'en haut. Autrement dit,
les élus, supposés représenter la volonté des populations, les autres acteurs
(s'ils existent !) n'ont pas été associés à leur conception et leur
emplacement. Donc, ce déficit d'adhésion est à mettre sur l'extériorité de ces
projets. Ces derniers charrient un second écueil: le manque de communication.
L'effort de la Seor, consistant en l'alignement des panneaux tout au long de
ses chantiers ne suffit pas apparemment. Un citoyen soulignera que les
désagréments causés par cette entreprise actuellement au niveau de la rue
d'Arzew est en fin de compte la somme des dérangements que génèrent les
répétitifs éclatements des conduites de l'eau sur un semestre ou tout au plus
une année. Et de rappeler «c'est cyclique chez nous. De temps en temps
l'ex-Epeor défonçait la chaussée pour réparer une canalisation qui, deux
semaines après, éclate cinquante mètres plus loin. Autant en finir une bonne
fois pour toutes !!», estimera-t-il. Un autre, cadre lui aussi et bien au fait
de la question de l'eau, rappellera que la déperdition du précieux liquide
atteignait la proportion de 40%. Il conclura: «Si ces travaux permettent une
économie en arrêtant cette hémorragie, je ne vois pas d'inconvénient». Quand on
explique le caractère inéluctable de ces travaux, notamment la réfection de l'AEP,
à des citoyens, ils déterrent un autre argument: celui de leur simultanéité
dans une cité souffrant déjà d'engorgement à cause du dédoublement de son parc
roulant en un temps record.
Le manque d'information pénalise
davantage le projet du tram. Une question revient sur toutes les lèvres: sa
mise en marche sur certains tronçons ne risque-t-elle pas de gêner la
circulation des voitures à cause de l'étroitesse de la chaussée ? La question
concerne en premier lieu l'avenue Saint-Eugène, déconseillée à emprunter durant
certaines heures de la journée depuis longtemps. Des citoyens souhaitent qu'on
réglemente la circulation des voitures et autres engins sur certaines artères
de la ville que desservira le prochain tram. Allant plus loin, un cadre, ne
dissimulant pas ses penchants écologistes, estimera que le but à assigner au
tram est justement la limitation de la circulation des voitures. «Partout dans
le monde, on cherche à substituer les transports publics à l'usage des
véhicules individuels. Limitation des gaz à effet de serre oblige !»,
lance-t-il. En évoquant l'écologie, on remet sur la table l'arrachage des
arbres, dont certains sont centenaires, se trouvant sur le parcours du tram. Le
haut de l'avenue Saint-Eugène est devenu méconnaissable et triste à la fois,
note à juste titre plus d'un de nos interlocuteurs. Un cadre de l'APC d'Oran
parlera de trois cent vingt arbres arrachés et qui devaient être réimplantés
ailleurs. Nous avons constaté qu'une dizaine tout au plus du patrimoine végétal
a été réimplantée à l'entrée du nouveau pôle universitaire de Belgaïd. Un autre
lot a été replanté au cimetière d'Aïn El-Beïda. Selon des informations qui
restent à vérifier, des arbres ont eu un sort moins prestigieux. Encore ici,
l'absence d'un partenaire, du genre une association défendant le patrimoine
végétal de la ville, a ouvert la voie à toutes... les interprétations. Loin de
ces préoccupations, des usagers des transports publics, plus que dépités des
comportements des receveurs et chauffeurs des bus privés, attendent l'arrivée
du tram. Malheureusement, il risque d'accuser du retard, si l'on croit la
déclaration d'un responsable au niveau central, rapportée par la presse. Quant
à la trémie d'Es-Seddikia, dont la livraison est prévue avant le congrès du
GNL, les travaux de sa réalisation ne suscitent pas énormément de commentaires
et d'indignations. Parce que ceux qui empruntent quotidiennement les voies
menant vers Canastel et Belgaïd mesurent le service que cet ouvrage va leur
rendre. Eux qui souffrent de l'encombrement au niveau du rond-point, surtout
lors des heures de pointe.
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Posté Le : 14/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ziad Salah
Source : www.lequotidien-oran.com