Algérie

Tramway d’Alger : du rêve à la réalité LA LIGNE BORDJ EL KIFFAN - BAB EZZOUAR INAUGURÉE



Tramway d’Alger : du rêve à la réalité LA LIGNE BORDJ EL KIFFAN - BAB EZZOUAR INAUGURÉE
C'est demain matin à 8h qu'une section du tramway d'Alger, reliant le quartier Bateau cassé de Bordj El Kiffan à la cité Mokhtar Zerhouni de Bab Ezzouar, sur une distance de 7,2 km, sera mise en exploitation. La «tentation» est assurément des plus fortes du côté du ministère des Transports et de ses annexes qui seront certainement acquis à l'idée de répertorier cette journée du dimanche 8 mai 2011 dans les annales de ce département.

Et pour cause, cela fait plusieurs jours que l'entreprise Etusa, une des structures relevant de ce ministère chargée de l'exploitation du projet, distribuait des «invitations» aux citoyens sur les lieux même de cette section. Invitations où l'on pouvait lire ces quelques mots en italique :

«L'Etusa a le plaisir de vous annoncer que le lancement du 1er tronçon du tramway d'Alger aura lieu le 8 mai 2011. Soyez nombreux». Il y aura donc de l'ambiance demain matin sur le site du tramway, tant cette entreprise de transport souhaite la bienvenue à une affluence qu'elle espère nombreuse à prendre part à l'inauguration pour fêter l'événement.

Un événement qui sera rehaussé par la présence de Amar Tou, ministre des Transports, pour donner le coup d'envoi opérationnel du tramway. Un projet à la fois très attendu et objet d'un vif intérêt dans la capitale sort ainsi du «mythe» et devient une réalité bien palpable. C'est bien M. Tou qui avait pris le risque d'annoncer, au début du mois dernier, la date du lancement de la premiere ligne du tramway.

L'effet d'annonce de cette échéance a été mis en relief par les médias, plaçant le ministre Amar Tou face à un véritable challenge qu'il lui fallait absolument relever.

Il est en effet constaté depuis longtemps – on ne sait par quel sacrilège – que le projet du tramway d'Alger, à l'instar d'autres réalisations d'infrastructures de base d'envergure similaire, à l'exemple du Métro et même de l'autoroute Est-Ouest relevant du secteur des Travaux publics, a suscité beaucoup de commentaires, plus souvent des critiques acerbes pour ne pas dire des controverses.

Cela dit, l'annonce de Amar Tou devait également avoir comme objectif d'amener les deux entreprises de réalisation Alstom et le Groupe ETRHB à passer à la vitesse supérieure dans l'exécution des travaux pour être au rendez-vous. Les représentants de l'une comme de l'autre entreprise, rencontrés mercredi dernier sur le site du projet, se disent toutefois «sereins»,

convaincus que leur prestation et ne pouvaient en aucun cas décevoir le ministre. «Nous sommes des entrepreneurs, nous sommes habitués au challenge», certifie Bazire Yanick, un ingénieur de la française Alstom.

«En fixant des échéances de livraison, cela a boosté tout le personnel mobilisé sur le chantier, et chacun de son côté a mis la paquet», renchérit de son côté Hamzi Sid Ali, directeur du transport ferroviaire au sein de l'ETRHB et l'un des principaux superviseurs des travaux accomplis par cette entreprise privée, de l'aménagement du projet du tramway à même de lui conférer

une meilleure intégration dans son environnement, de la détection d'un ensemble de réseaux (AEP, électricité et gaz) ensevelis sous terre depuis l'époque coloniale pour certains, de la déviation de ces réseaux enchevêtrés pour mieux sécuriser la voie électrifiée du tramway d'Alger et enfin de la réalisation d'une multitude d'ouvrages d'art (OA), aussi spécifiques les uns que les autres, sur le tracé du projet.

L'EMA encense le groupe ETRHB
Hamzi Sid Ali, relevant de cette entreprise réputée au plan international et dont l'envergure à peu d'égale dans la sphère privée en Algérie, encore moins celle du domaine public, tient à ajouter qu'en sus de ces «missions» à accomplir telles que définies dans le cahier des charges, c'est aussi lui qui s'occupe des travaux de finition nécessaires pour une présentation du projet à la hauteur de son intérêt et de son impact pour la capitale.

Des finitions où l'on retrouve tout un listing d'actions supplémentaires qui sont en voie achèvement, avons- nous constaté mercredi dernier, à quelques instants de l'inauguration.

«Le travail accompli par le groupe ETRHB est absolument exemplaire», témoigne un des responsables de l'entreprise du Métro d'Alger (EMA) ayant requis l'anonymat pour, se justifie-t-il, «ne pas contrarier le ministre, dont les instructions faites aux dirigeants de cette entreprise interdisaient de faire trop de déclarations à la presse.

Les propos de ce responsable de l'EMA ont été vite confirmés par le contrôleur Annad Dahmane, du bureau d'études français Systra, mobilisé sur le chantier du tramway d'Alger pour s'assurer de la qualité des travaux, répondant aux normes internationales. Ce contrôleur est vraisemblablement admiratif de la maîtrise des techniques nouvelles par l'ETRHB.

«Les essais soniques appliqués dans la réalisation des pieux sont une première en Algérie», a-t-il tenu à préciser, ajoutant que l'entreprise ne lésine nullement sur les moyens. «Le groupe ETRHB est l'entreprise qui a le plus de moyens et d'équipements en Algérie», atteste ce contrôleur du Systra. Ce qui a été, aux yeux de l'ingénieure Khadidja Bensoltane,

une raison suffisante pour accélérer sa mutation de l'ENGEOA, une entreprise publique spécialisée dans les ouvrages d'art, pour joindre le Groupe que dirige l'ambitieux manager Ali Haddad. «De toute ma carrière, je n'ai jamais vu un autre entrepreneur mettre à la disposition de son personnel autant de moyens et d'équipements. Ces derniers sont disponibles à la demande !» s'exclame-t-elle.

Le doyen de l'entreprise «achève» les travaux du tramway
Des moyens, mais aussi un investissement sûr dans les ressources humaines. A ce propos, les employés du groupe ETRHB assurent que leur entreprise fait de ce critère une condition sine qua non pour la préservation de sa réputation comme une lame inusable.

«Le choix des hommes et des femmes compte beaucoup, certes, pour aller de l'avant», nous disent-ils, ajoutant qu'une «bonne gestion des plans de carrière des uns et des autres de ces employés est aussi nécessaire pour le maintien d'un personnel motivé». Et sur plan, «il y a lieu d'admettre que l'entreprise n'a failli à aucun de ses engagements», ont-ils déduit à l'unisson.

Et comme s'ils étaient dans le besoin d'apporter la preuve à leurs propos, certains des employés font la présentation de celui qu'ils désignent sous le vocable de «doyen de l'ETRHB». Il se nomme Mustapaha Lahouati. Il était là au commencement, soit aux premiers pas faits par l'entreprise. Le sourire large, une mine sympathique pour un sexagénaire qui semble parfaitement maîtriser sa démarche, il se présente à nous et nous assène:

«j'ai rejoint l'ETRHB à l'époque où celle-ci réalisait ses projets à l'aide de pelles et de brouettes... Vous pouvez même dire qu'on a grandi ensemble. Aujourd'hui l'entreprise a pris de l'envergure, et moi aussi j'ai beaucoup avancé dans… l'expérience et l'âge. Pour autant, voyez-vous je suis toujours là pour achever les travaux du tramway d'Alger». Ce qui lui vaut certainement le respect de ses collègues se comptant par milliers.

En vérité, le groupe ETRHB connu pour son excellence dans la réalisation des infrastructures de base relevant aussi bien du secteur des transports que de celui des travaux publics (l'entreprise a été la seule parmi tous les privés algériens à prendre part au mégaprojet de l'autoroute Est-Ouest par le biais de la mise en œuvre d'une section autoroutière de 73 km au niveau de la partie centrale du projet) a, par ailleurs, investi dans plusieurs créneaux d'activité.

L'ETRHB s'est en effet lancé dans le tourisme, dans le domaine de l'hydraulique et d'autres prestations en tout genre. Dans l'un des rares entretiens que le PDG du Groupe a accordé à la presse fin décembre 2007, Ali Haddad avait révélé les grands axes du plan de réajustement de son entreprise où il était question de la création d'une douzaine de filiales, chacune versée dans une activité distincte.

Une autre spécialité nommée «les ouvrages d'art»
Celle-ci est la plus récente. Elle date de fin 2007, a-t-on indiqué. Et déjà la construction d'ouvrages d'art et la maîtrise des différentes techniques utilisées dans ce domaine n'ont plus de secret pour les ingénieurs de l'entreprise. Preuve en est, l'itinéraire de la section du tramway qui sera mise en service dès demain sur une distance de 7,2 km qui comprend trois ouvrages d'art (OA) dont la réalisation de chacun a nécessité une technicité différente.

L'ingénieure Khadidja Bensoltane en est elle-même étonnée : «Jusque-là, il n'y a jamais eu d'entreprise qui a pu réaliser deux ouvrages d'art en l'espace de six mois. Seul l'ETRHB l'a fait sur le site du tramway d'Alger», a-t-elle certifié. «Ici, le rythme de travail ne s'est jamais arrêté. Il est encore plus intense la nuit que durant la journée, où l'afflux de la circulation influe sur la cadence d'exécution des travaux»,

a tenu à préciser son collègue Hamzi Sid Ali. Khadidja Bensoltane a indiqué que les trois ouvrages d'art évoqués sont pour le premier, un ouvrage hyperstatique long de 86m construit en béton précontraint, le second (34m) est isostatique fait de poutre également en béton précontraint, et enfin le troisième réalisé sur la base de travées sur une longueur de 84m. En tout et pout tout, sur le chantier du tramway, le groupe ETRHB a mobilisé un effectif composé d'une centaine d'employés encadrés par une dizaine d'ingénieurs qualifiés.

Ils ont fait d'une «jungle» une zone urbaine revalorisée
Le quartier Rabia Tahar de Bab Ezzouar situé à un jet de pierre de la coquette cité Mokhtar Zerhouni se comptait dans un passé récent parmi les «noyaux criminogènes» les plus infréquentables à l'est d'Alger. A telle enseigne qu'il avait une réputation de «jungle» en plein centre urbain, comme nous le rappelle une vieille dame qui y réside encore. «Les agressions avaient lieu à tout instant de la journée.

Les vols à la tire était monnaie courante et certains accès au quartier étaient de véritables coupe-gorge, les délinquants s'en prenant à toute personne de passage», se souvient-elle. Renseignements pris auprès de riverains, les accès évoqués par la vieille dame n'étaient autres que les sentiers qui traversaient une forêt plus au moins dense,

se situant à l'arrière de ce quartier des plus enclavés par le passé, lesquels sentiers étaient souvent empruntés par les habitants pour rentrer chez eux. Cette forêt n'existe plus, et tout le quartier Rabia Tahar fait peau neuve aujourd'hui. Ceci, de l'avis de l'un de ses résidents, s'est produit par un simple hasard qui a fait que le tracé du tramway d'Alger vient le traverser de bout en bout sur une distance globale de 1,5 km.

Mais ce hasard a été à l'origine d'une transformation radicale des lieux, dans le sens d'en finir à jamais avec l'indécence : déviations de la totalité des réseaux d'électricité, de gaz et d'AEP, mise en place d'une nouvelle voirie pour contenir les risques d'intempéries, réalisation d'espaces verts et de nouvelles places publiques mieux adaptées,

c'est quasiment la totalité des travaux de VRD qui ont été exécutés par le personnel de l'ETRHB suite à son intervention dans l'aménagement de tout l'environnement du quartier Tahar Rabia. Revalorisé à tel point que c'est en ces lieux que sera réalisé le premier «pôle d'échange» entre le transport lourd (tramway) et autres moyens classiques (bus privés et publics).

En langage simple, il est question d'un projet de construction d'une station d'une telle dimension que les usagers des transports collectifs auront l'opportunité de choisir entre le tramway et les autres moyens de transport. Selon un responsable de l'EMA, «cette expérience est une première en Algérie».

Des contraintes conjuguées à l'impératif du respect des délais
Les grandes entreprises ne badinent pas avec la notion du respect des délais. Et l'ETRHB ne fait pas exception. Inévitablement. Le personnel, parmi les cadres dirigeants mobilisés sur le site du tramway d'Alger, en est conscient.

Pour achever à temps la totalité des travaux, non sans une tâche d'embellissement à conférer à chacune des actions, ils ont su surmonter toutes les contraintes rencontrées. Ainsi et à titre illustratif, ils ont multiplié les fournisseurs de plantations nécessaires pour la mise en place des espaces verts, pour se prémunir des risques que ces plantations n'arrivent en retard.

Sauf que les contraintes auxquelles le personnel de l'ETRHB a fait face ne se limitent pas à ce niveau. Elles étaient d'abord d'ordre administratif, compte tenu du retard dans la livraison du plan d'exécution des travaux par les bureaux d'études.

Plus complexes étaient les autres contraintes rencontrées dans l'exécution de ces travaux dans le sillage desquels il fallait dévier une multitude de réseaux, des stations électriques et des conduites de gaz qui se trouvaient sur le tracé du tramway.

Pour autant, le groupe ETRHB, de par sa grande expérience dans le domaine, a su surpasser une fois de plus toutes ses contraintes et l'entreprise a réussi à livrer la première section du tramway d'Alger à l'échéance fixée officiellement pour sa livraison. Une prouesse de plus.




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