Algérie - Revue de Presse


Quelques jours après les émeutes qui ont embrasé lalocalité de Gdyel près d'Oran, c'était hier au tourde la ville de Chlef à vivre un évènement de mêmenature, mais encore plus violent comme l'atteste l'ampleur des dégâtsoccasionnés par la masse des émeutiers. Si l'explosion à Gdyel était imprévisible, celle qu'a vécu Chlef pointait inexorablement et ce ne sont pas les signesavertisseurs qui ont fait défaut aux autorités locales. Le mécontentementpopulaire dans cette ville courait depuis un bon moment. Des représentants dela société civile ont, à de multiples reprises, alertéces autorités sur la détérioration du climat social. Pour toute réaction, celles-ciont fait la sourde oreille et traité, par le mépris, les doléances soulevéespar ces représentants qui ont voulu s'exprimer par les canaux du dialogue et dela concertation.A Chlef, comme ailleurs, oùl'émeute a servi de mode d'expression au mécontentement populaire, lesresponsables en charge de la wilaya ne manqueront pas de crier au «complot» età faire référence à «d'occultes instrumentalisateurs».Nul n'en sera dupe de cette présentation des faits.A Chlef, selon nos sources, lasituation a dégénéré après qu'un groupe d'habitants, s'étant rendu au siège dela wilaya pour demander à son premier responsable de surseoir à la politique de«relogement» dont il a pris l'initiative, et l'arrêt des poursuites judiciairesengagées contre des représentants de leur comité de quartier qui ont été éconduitssans ménagement et vulgairement apostrophés selon des témoins.Cela a été, peut-être, l'étincelle à Chlefmais les causes profondes des émeutes, ici ou ailleurs, ce sont le ras-le-bolet la colère des citoyens de ne pas être entendus par des autorités murées dansla certitude que ce qu'elles décident ou font ne se discute pas et ne seconteste pas. C'est l'explication au fait que toutes les émeutes qui éclatentprennent pour cibles les symboles de l'autorité dans le pays et lesétablissements administratifs. Le pouvoir ne peut rester sourd à cette protestapopulaire qui secoue sporadiquement de plus en plus des localités du pays et secontenter d'y réagir par la répression. Il y a quelque chose d'extrêmementdangereux pour la stabilité de l'Algérie dans le fossé quis'est creusé entre les citoyens et les représentations de l'Etat qu'ellessoient nationales ou locales. C'est là une situation qui ouvre la porte àtoutes les aventures nuisibles. Pour l'heure, l'émeute, comme l'analyse lesociologue Nacer Djabi, estune violence positive qui manifeste de l'espoir (au sens où les émeutierscroient encore au changement, à l'amélioration de leur vécu, en l'avenir del'Etat, en leur pays). Elle risque de se muer en ouragan destructeur s'il n'estpas tenu compte des messages qu'elle délivre. Et en tenir compte, ce n'est pasuniquement en rajoutant des promesses aux promesses qui n'ont pas été tenues.


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