Algérie

Train de vie de l?Etat



Longtemps, sous le double effet du terrorisme et de la cessation de paiement, l?Etat s?était fait tout petit et mégotait sur le moindre centime. Tout juste si on décelait son existence dans les rares manifestations publiques. Et puis, avec l?embellie sécuritaire, ce fut la fin du sevrage. Pour sortir de sa convalescence, l?Etat s?administre un traitement de cheval : congrès et séminaires à ne plus en finir, déplacements tous azimuts, réceptions fastueuses, ballet de délégations étrangères et placements officiels bancaires exorbitants dans des banques privées. Tout cela en gros dinars et en euros sonnants et trébuchants. S?identifiant à cet Etat dépensier et le mettant à sa disposition, l?Exécutif politique puise les yeux fermés dans les caisses du Trésor public pleines à craquer grâce à un pétrole rare et cher. Pourquoi lésiner sur la dépense lorsqu?il y a besoin de se valoriser devant une population méfiante par définition et une opinion publique internationale agressive ? Sollicitées, les grandes organisations politiques et syndicales se sont mises à l?heure du faste. Qui au demeurant s?aventurerait à critiquer tout cela lorsque la principale institution chargée de contrôler le train de vie de l?Etat - la Cour des comptes - est mise au placard et quand l?opposition politique s?est scindée en deux, l?une tentaculaire, accolée à l?Etat et qui applaudit à tout rompre, l?autre diabolisée, rejetée dans sa tranchée et arrivant à peine à murmurer ? Une république privée de sa Cour des comptes ne se porte pas bien, et c?est le FMI qui l?a suggéré début mars dernier lorsque, dans son dernier rapport sur la politique fiscale algérienne, il a épinglé l?Exécutif sur le manque de transparence en matière de recettes et de dépenses des comptes spéciaux. En d?autres termes, l?Etat reçoit de l?argent et dépense sans que de vrais contre-pouvoirs, y compris le Parlement, soient informés ou mis en situation de lui demander des comptes. Le FMI signale aussi que, depuis 1985, aucune loi de règlement budgétaire n?a été soumise au Parlement, ce qui veut dire que, depuis cette date lointaine, nul ne sait ce qui est exactement entré dans les caisses de l?Etat et ce qui en est sorti. Cela indique que, dans notre administration, il y a une sorte d?atavisme tenace autant dans le recours au gaspillage que dans la culture du secret.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)