tragédies d'hier et d'aujourd'hui Tempête de 1987 : quand le traitement médiatique est montré du doigt...

Tollé - Après avoir dévasté le nord de la France et le sud de la Grande-Bretagne, la tempête perd de sa puissance et disparaît. Après le deuil, l'heure est aux règlements de comptes...
Beaucoup de témoignages font état d'un traitement médiatique faible, voire, selon certains, inacceptable, suite à la tempête. Alors que toute une région est sous le choc et plongée dans un désarroi immense, il existe un déficit d'émotion en France bien réel. Certains événements météo ont été bien plus exploités et relatés par les médias et effectivement il apparaît que les principaux organes de presse n'ont pas pris la mesure de cette catastrophe. Sur la chaîne publique, France 2, par exemple, l'édition du journal télévisé du 16 octobre 1987 consacre à peine 2 minutes sur ce sujet. Laurent Cabrol, présentateur du journal d'alors, apparaît plus sombre que la veille et insiste un peu plus sur la violence du phénomène. Les rédacteurs ne prennent même pas la peine de revenir dessus dans les éditions des jours suivants. Dans tous les journaux télévisés nationaux, les reportages sur la dépression ne font pas la une, occultés par une actualité internationale très riche. Le krach boursier important qui a eu lieu le 19 octobre 1987, aussi appelé le «black Monday» occupe tous les journaux pendant plus d'une semaine. Seuls les médias locaux ont pris la mesure de l'événement. Ouest France publie, le week-end suivant, une édition spéciale très détaillée et retrace en profondeur l'événement et les conséquences pour les habitants.
Le manque d'intérêt pour cet événement majeur a provoqué chez les Bretons et les Normands un sentiment d'oubli, voire de rejet pour certains. Ce sentiment est toujours dans les esprits lorsque les gens reviennent sur cette période.
En Angleterre, le traitement médiatique prend une autre tournure. Ce n'est pas un sentiment d'indifférence qui flotte dans l'atmosphère outre-Manche, mais c'est bien une polémique qui est en train de naître. En effet, la population anglaise commence à critiquer la gestion calamiteuse de la tempête par le Met Office (services de météorologie) qui est passé complètement au travers de la prévision et de la gestion de l'alerte. En effet, l'organisme anglais n'avait prévu qu'un simple renforcement des vents et voyait la dépression bien moins forte avec une trajectoire longeant la Manche. Dans leur hypothèse, seule la France aurait été touchée par les vents les plus forts. Malgré les nombreux appels reçus des habitants anglais, le Met Office n'a pas réagi à temps pour diffuser une éventuelle alerte alors que la tempête était déjà sur le nord-ouest de la France. Après ces critiques, de nombreuses mesures visant à réformer l'organisme météorologique anglais ont été appliquées. Le modèle numérique UKMO (United Kingdom Met Office) utilisé pour la prévision nationale, a été renforcé d'un super ordinateur supplémentaire par exemple.
Un suivi en temps réel a aussi été mis en place avec l'ajout de bouées et de bateaux de collecte de données météo déclenchant, le cas échéant, une diffusion de l'alerte.