Algérie

Toutes voiles dehors !



C'était hier. Comme avant-hier: la journée de la femme estpassée. La femme l'est restée. Pour les hommes, les attitudes ont été selon: unefemme, on l'a sur le dos, derrière, à côté ou sous le pied ou sur la tête. C'estselon. Dans une longue tradition des jeux de rôles, les rôles ont été respectés:certains ont expliqué que cela ne sert à rien car l'Algérie n'a pas de sexe, toutcomme la misère, le chômage, le logement ou le pétrole. Il ne sert à rien defêter la femme sans toutes les femmes, une par une. Pour d'autres, le protocolea été ferme: salutations, fleurs et discours sur une avenir d'hommes qui passepar la femme: le seul moyen de revenir au Paradis étant de passer par celle qui,officiellement selon les mythes, nous en a fait sortir par la petite porte, nuset avec une pomme ou une figue pour le dessert.Dans tous les cas, on a parlé de la femme victime del'homme ou du sort, ou de l'antiquité, ou des traditions. Personne n'a parlédes femmes victimes des femmes. Les pires. Celles qui, en Algérie, réclament ledroit de ne pas avoir de droits et se battent pour avoir le droit d'être battu.Personne ne dit par exemple que les femmes algériennes font partie de l'Algérie,c'est-à-dire de son FIS, de son islamisme à majoritébloquante, de son infamie de base et de sa fourberie endogène. C'est-à-dire duproblème national.Dans une ville de l'Est, une rencontre a été organisée pourparler de l'islam et des droits de l'homme. L'une des participantes y aexpliqué un peu l'essentiel: la femme n'a pas à demander l'égalité maisl'équité.L'Algérie est aussi lourdement lestée par des femmes quel'effondrement vers le religieux comme mode d'emploi unique de la création, a transformé en les pires ennemies de la femme. De l'autrecôté de la barrière, comme une cinquième colonne sexiste, elleslui demande de s'écraser, de se voiler, de se cacher et de perpétuer unordre d'effacement souverain pour libérer la Palestine, ou l'Irak, ouBoumerdès, ou New-York. L'Algérieest bloquée par des hommes mais aussi par des femmes convaincues de leur secondrôle céleste et c'est souvent pire, pour les générations qui arrivent, qu'unemauvaise école où l'on apprend que des ablutions peuvent nous dispenser de marchersur la lune les premiers.Entre la femme rurale écrasée, consacrée par la vision dudéveloppement socialiste, et celles citadines qui maquillent la RAPD sans le savoir, il y aaujourd'hui une autre majorité tout à la fois écrasée et écrasante: celle desfemmes qui en veulent à leur féminité au nom de la religion. L'école algériennen'a pas produit que des barbes, mais aussi des hystéries plus catastrophiquespour l'avenir et la filiation. Il y a aujourd'hui en Algérie, comme dans lereste des pays arabes, une majorité qui n'est pas celle de la femme ruraleécrasée, ni celle de la femme démocrate qui a fait faillite: celle de la femmeidéologiquement irrécupérable. Celle de l'islamisme «foyer», horizontale,attentiste et très active. Ce basculement, personne n'ose en parleraujourd'hui. Au nom de la fête. Au nom du reste.


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