Algérie

"Toutes les décisions de ce pouvoir sont anticonstitutionnelles"



Même s'il ne le dit pas ouvertement, Abdallah Djaballah se dirigerait vers l'option radicale de rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. C'est ce que le chef de file du Front pour la justice et le développement (FJD) a laissé entendre hier, depuis Constantine, lors d'une conférence des cadres de ce parti, dédiée à la situation politique actuelle dans le pays, tenue à la maison de jeunes Abdallah-Bouhroum de la nouvelle wilaya déléguée d'Ali-Mendjeli.Il s'agirait, pour ce leader islamiste, d'un alignement naturel sur le choix du peuple souverain dans son rejet de cette élection, exprimé sans répit chaque vendredi par des millions d'Algériens. D'ailleurs, revendiquant la dénomination de révolution au lieu de hirak au mouvement populaire né le 22 février dernier, Abdallah Djaballah croit que tous les critères et conditions sont réunis dans le cas de figure de l'Algérie, pour que ce soulèvement, de par son envergure, accède au rang de révolution.
"Il est vrai que la révolution nécessite une direction charismatique bien identifiée et une organisation politique, syndicale ou même une alliance pour la soutenir, ce qui n'est pas le cas pour le moment, néanmoins, elle peut se suffire d'une large adhésion populaire qui la légitime en dépit du recul constaté sur le plan de la mobilisation par rapport aux premiers mois de son avènement", dira-t-il.
Pour lui, il y a ceux qui considèrent que le problème de l'Algérie réside dans la vacance du poste de président de la République et proposent la solution toute indiquée, celle d'aller le plus vite possible à l'élection présidentielle, alors qu'un deuxième avis estime que c'est une occasion d'entamer un changement radical qui touche à tout, y compris aux référents idéologiques, historiques, culturels et religieux, lesquels seront redéfinis dans une nouvelle Constitution.
L'option qu'il partage et défend au sein du FJD repose, quant à elle, sur le fait que les droits sur la richesse et le pouvoir dans le pays reviennent au peuple qui est la source de toute légitimité du pouvoir et de ses décisions. Partant, "le peuple sorti dans la rue par millions et à travers ce qu'il prône vient, ni plus ni moins, de destituer le pouvoir de toute légitimité, rejetant toute forme de tutorat de quelque parti que ce soit.
Il en découle que toutes les décisions de ce pouvoir sont nulles et non avenues, anticonstitutionnelles et antidémocratiques et que ce pouvoir a, par conséquent, perdu toute légitimité depuis le premier jour où les citoyens sont sortis pour exiger le départ de toutes ses figures. Il ne peut, de ce fait, avoir une quelconque crédibilité que dans le cas où ce même peuple la lui restituerait", poursuit l'orateur.
C'est pour cela que par "fidélité à ce peuple, à la législation et à l'esprit de la démocratie, nous adhérons à tout ce qu'il revendique car au FJD, ce sont nos convictions et nous ne saurons les trahir". Pour preuve, soutient-il, "nous avons préféré ne pas présenter de candidat, estimant en premier lieu que toute réforme nécessite une stabilité politique". Abdallah Djaballah préfère, en fait, se replacer dans le giron d'une révolution qui séduit en partant du postulat que "la légitimité révolutionnaire annule la légitimité constitutionnelle", souligne-t-il.
Sa sentence il la prononcera en termes à peine voilés : "Le pouvoir montre une obstination à aller vers ces élections en occultant la voix du peuple qui les rejette considérant que des élections de cet acabit doivent être appréhendées comme une fête et donc acceptées par la majorité qui veut un changement global et non seulement un scrutin, aussi transparent soit-il. Ce qui, hélas, n'est pas le cas."

Kamel Ghimouze


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