Algérie

Toute une vie, tout un art



Toute une vie, tout un art
En décidant de s'établir définitivement en compagnie de son mari, à Guelma, en février 1963, Bettina Heinen-Ayech ne se doutait guère qu'elle allait vivre l'une de plus belles aventures de sa vie d'artiste et de femme.Une aventure qui a duré 50 ans et qu'elle a tenu à raconter, jeudi dernier, au public venu nombreux pour l'inauguration de son exposition qui marque le cinquantenaire de sa présence en Algérie. Malgré une arthrose qui l'oblige à rester assise, Bettina a étalé toute sa classe, mais aussi son franc-parler, dans un français correct avec un accent germanique, gratifiant les présents d'un fin sens de l'humour à l'occasion de cet évènement organisé par le musée national Cirta, de Constantine, en hommage et en reconnaissance à une grande dame qui a peint toute la beauté de sa patrie d'adoption. Fille d'un rédacteur en chef d'un journal allemand, Bettina évoquera sa prédisposition à l'art pictural dès son jeune âge.Une vocation nourrie aussi par son premier maître et oncle Erwin Bowien qui prendra sa destinée en main, avant qu'elle ne décide de poursuivre des études aux beaux-arts de Cologne, Munich et Copenhague. Brillante et persévérante elle bénéficiera de bourses d'études, dont l'une à Paris où elle rencontrera son futur époux, Abdelhamid Ayech. En 1963, à l'âge de 26 ans, Bettina qui était déjà une aquarelliste confirmée, découvre un pays qu'elle qualifie de formidable. «Je découvre un très beau pays plein de lumière ; tous les jours, je prends mon aquarelle, ma chaise et je vais peindre dans la nature, en plein air où je rencontre des gens très gentils, adorables, qui ont supporté mes étranges façons», raconte-elle. Nostalgique à souhait, elle se rappelle encore de ces années heureuses où les gens étaient d'une bonté exemplaire. «J'ai vécu ces années où j'ai vu l'Algérie se développer», dira-t-elle. Une période faste où l'artiste travaillait tous les jours de manière ininterrompue. C'est aussi une vie d'artiste, riche en évènement, marquée par de nombreux voyages et une centaine d'expositions dans des dizaines de pays.Une palette riche et fécondeDepuis ses premières ?uvres algériennes, dont Soleil sur la Seybouse et Vallée de la cyprès à la Seybouse, réalisées en 1963, jusqu'aux tableaux peints en 2013, Bettina a été surtout marquée par la nature de Guelma, ses champs, ses prairies, ses montagnes, ses fermes et ses rivières. «Guelma est devenue pour Bettina un espace de prédilection», notera Ammar Allalouche, son ami de longue date. Il dira également : «Sa patrie n'est pas uniquement celle où elle a vu le jour, mais celle où elle aurait aimé vivre, et c'est l'Algérie qui est devenue la sienne.»Dans les ?uvres de Bettina on découvre des aquarelles pleines de lumière, aux couleurs enchanteresses, claires et festives. Mais l'on retrouve aussi des scènes de la vie quotidienne, des témoignages du dur quotidien des ouvriers de la carrière, des pans de vieux quartiers de Guelma, et surtout des portraits de gens qu'elle aime. Des gens généreux et adorables, mais aussi fiers et orgueilleux comme ce défunt antiquaire de Guelma connu sous le nom de Kasseresse, au regard vif qu'elle a peint portant son épée et habillé en burnous sur une djellaba avec cravate.Toutes ses ?uvres sont des compositions lyriques, poétiques, spontanées et d'une inspiration fougueuse peintes librement avec émotion. Commentant ses ?uvres l'artiste peintre Saddek Amine-Khodja notera : «Bettina a cherché durant plusieurs années, avec force et détermination, cette lumière énigmatique dans le paysage de Guelma qui l'enchante et la poursuit jusqu'à présent.» Pour tous ceux qui veulent découvrir les ?uvres de Bettina Heinen-Ayech, l'exposition abritée par la grande salle du musée de Cirta durera jusqu'au 30 avril.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)