Algérie

«Toute information mal gérée peut jouer en faveur des preneurs d'otages» Belkacem Ahcène-Djaballah, expert en communication, au Temps d'Algérie :



Le Temps d'Algérie : Quelle appréciation faites-vous de la communication des autorités algériennes dans l'affaire d'In Amenas '
Belkacem Ahcène-Djaballah : Il est toujours difficile pour les autorités de bien et de tout communiquer lors du déroulement d'affaires aussi délicates qu'une prise d'otages, tout particulièrement de ce niveau.
Car, toute information mal gérée peut jouer en faveur des preneurs d'otages, en l'occurrence les terroristes.
Ne pensez-vous pas qu'elles ont pêché par leur absence '
Bien sûr, il y a un manque... Mais ce manque, hélas, n'est perceptible que par ceux qui sont loin du terrain et de l'action.
Dans les rares messages diffusés à travers les médias, les responsables algériens ont été très évasifs et ont tenu des propos que l'on pourrait qualifier de laconiques. Qu'en pensez-vous '
C'est normal, l'essentiel des informations étant entre les mains des «opérationnels» qui ont «autre chose à faire» qu'à gérer la presse.
C'est là une tâche difficile à mener par les chargés de communication sécuritaire et par les accompagnateurs, avec le risque de laisser certains journaux et certains organes de presse «raconter» n'importe quoi pour remplir leurs espaces.
Les responsables des pays impliqués dans cette affaire ont inondé les médias de leurs déclarations, rassurant leurs ressortissants, contrairement aux nôtres. Estimez-vous que si la guerre se mène sur le terrain (au Sahel en général), elle est également médiatique '
Le rôle et l'influence des opinions publiques est certainement plus important dans les pays du Nord que chez nous. Les terroristes et les preneurs d'otages le savent aussi... C'est pour cela que les dirigeants (surtout ceux non impliqués directement dans la lutte (comme actuellement au Mali et au Sahel) font tout en matière de communication pour ne pas perdre l'estime de leur opinion publique et de leurs électeurs.
Même en disant parfois des «bêtises», comme ce politique japonais qui demandait aux Algériens d'arrêter «immédiatement» les opérations. Les Américains, les Français et d'autres (les autorités, la presse étant un cas à part avec souvent n'importe quoi) sont bien plus «compréhensifs», car ils ont souvent fait face et ils font encore face au terrorisme islamiste.
Les groupes terroristes responsables de cette prise d'otages ont-ils réussi leur coup, eux qui sont en quête de coups médiatiques''
Non, je pense que l'ambiance des années 1990, lorsque l'appréhension des actions politiques des islamistes était «compréhensive» de la part des Occidentaux est bien loin, les actions terroristes meurtrières et aveugles en Algérie puis à travers le monde ayant bouleversé la donne.
Il reste encore certains journaux, et surtout des journalistes, en Europe tout particulièrement, mais ils sont de plus en rares, qui ont une «dent» contre les pouvoirs politiques (et les militaires) des pays du Sud, tout en ne défendant pas ouvertement les terroristes islamistes.
Mais ils sont de plus en rares. Je ne parle pas de certains de nos médias et de nos journalistes... dont certaines analyses restent aveuglées par des positions idéologiques (anti-pouvoir, anti-armée, islamisme feutré, francophobie, occidentalophobie, nationalisme outrancier...).
Propos recueillis par


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