Tout pour un faux test PCR !

La quête d'un test PCR négatif a donné naissance à des pratiques peu orthodoxes. Des biologistes peu scrupuleux délivrent des résultats sans effectuer de tests. Ceux qui ne cèdent pas aux demandes très pressantes de certains demandeurs sont menacés, d'autres carrément agressés. Cela a été le cas, il y a quelques jours seulement, à Alger où un biologiste a tout simplement été agressé à l'arme blanche. Le Syndicat national des laboratoires d'analyses médicales dénonce et appelle à la fin de la clochardisation du métier de biologiste.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Pour pouvoir obtenir un faux résultat de dépistage du Covid-19, certains sont prêts à tout, même à user de la force. Au niveau des laboratoires d'analyses, des usagers n'hésitent plus à se présenter pour demander tout simplement, sans faire au préalable de test PCR, soit un résultat négatif pour pouvoir voyager, soit un résultat positif pour pouvoir bénéficier d'un congé de maladie. Les laborantins sont tout simplement menacés en cas de refus. Dans certains cas, la situation peut vite dégénérer en agression physique. Un biologiste, travaillant dans un laboratoire situé à Alger, a tout simplement été agressé à l'arme blanche, après avoir refusé de délivrer un faux test PCR.
Une agression dénoncée par le Syndicat national des laboratoires d'analyses médicales qui, en plus de se solidariser avec la victime, appelle à mettre fin à la clochardisation de la profession qui a, dit-il, permis à des opportunistes de l'exercer sans aucun respect de l'éthique. Le Dr Mizi Oualaoua Yacine explique en effet que « cela est fréquent que certains exigent des résultats de tests sans en effectuer, comme avant certains exigeaient une carte de groupage pour renouveler leurs permis. Les résultats sont considérés comme des documents administratifs tout simplement ». Ajoutant que « nous avons toujours été aux risques. Lors de la dernière vague, quand il y avait le rush quand on ne donnait pas le résultat rapidement, les laborantins ont été agressés. Des laboratoires ont déjà été saccagés ».
Le président du Syndicat des laboratoires regrette que « la profession ne bénéficie d'aucune protection avec une prédominance de la gent féminine. Le personnel qui est dans le CHU se plaint avec pourtant la présence des agents de sécurité et parfois même des agents des forces de l'ordre. Qu'en est-il alors du personnel d'un laboratoire isolé '»
Pour lui, « la plupart de ceux qui s'adonnent à ces pratiques peu orthodoxes ne sont pas des biologistes. Nous assistons à la clochardisation de la profession. Cela fait des années qu'on dénonce cette situation. Il faut absolument revenir à une réorganisation de la profession avec des contrôles. Nous avons des propositions dans ce cadre, mais nous n'avons pas le sentiment d'être écoutés. Même dans les assises, les débats tournent autour des salaires et des avancements mais pas des vrais problèmes du système de santé ».
N. I.