Tout le pays célèbre avec faste le nouvel an amazigh L’Algérie en mode Yennayer

Publié le 11.01.2024 dans le Quotidien l’expression

L’ambiance de la fête prévue demain s’est bien installée à la capitale du pays.
Yennaayer 2974 ne s'annonce pas comme les autres, à Alger. L'esplanade de la somptueuse Grande Poste d'Alger-Centre, a ouvert grand ses bras aux Algérois et à ceux de passage à la capitale, dans un nouveau costume. C'est, en fait, un ancestral costume de jadis, celui de l'amazighité. La placette est en mode Yennayer 2974. Elle est décorée de guirlandes multicolores et de symboles berbères. Une grande scène est d'ores et déjà mise en place et de nombreux chapiteaux ont été dressés. La célébration de Yennayer se présentera sous de meilleurs auspices.

Le sous-sol de l'esplanade abrite une foire qui comprend l'artisanat, le vide-grenier et la brocante. Des produits traditionnels de différentes régions du pays sont exhibés aux visiteurs. Comme nous avons pu constater sur place, les Algérois et ceux de passage à la capitale étaient nombreux à marquer une halte. «C'est l'occasion pour nous tous, en tant qu'Algériens d'effectuer un retour aux sources», affirme une grand-mère accompagnée de ses petits- enfants. «Partout, au nord comme au sud de l'Algérie, la nuit de Yennayer est le théâtre de rites qui rappellent notre identité et nous sommes venus satisfaire ses enfants et perpétuer la tradition», renchérit une autre. Cette dernière, qui a écouté de près nos échanges, affirme qu'elle est venue pour acheter un bernous au benjamin de la famille». De nombreux produits reflétant la riche et grande histoire de l'Algérie, comme les vêtements, les plats et les outils que les hommes et les femmes utilisaient dans la vie quotidienne. La fameuse machine à tisser traditionnelle, utilisée pour produire des tapis berbères célèbres a été «la star» du souk. «C'est impressionnant de voir que ce savoir-faire est toujours maîtrisé et surtout transmis et partagé», s'est réjouie une autre. La célébration de Yennayer rime avec une tradition bien ancrée, celle qui veut que le benjamin de la famille soit installé dans un grand bac, pour déverser sur lui une mélange de fruits ou de bonbons. C'est l'un des rites marquant la fête qui sera célébré demain, et qui booste de nombreux commerces. Des étals proposant aux citoyens une variété de fruits secs, de chocolat et de friandises, ont également poussé comme des champignons.

Tous les coins et les recoins des marchés de la capitale, à Belouizdad, El Harrach, Bab El Oued, pour ne citer que ceux-ci, sont pris d'assaut par des vendeurs à la sauvette. Ces derniers se sont réinstallés pour proposer l'incontournable «treize» (un mélange de 13 confiseries). De nombreuses familles, couffins en main, sont venues pour perpétuer la tradition, chacune selon ses moyens. Les pâtes traditionnelles comme la «rechta», «la trida», «le berkoukès», et «la chakhchoukha», font l'objet des toutes les convoitises. «On achète de tout, préparer Imensi N yennayaer (le repas de Yennayer) on présage une année féconde», nous confie l'interlocutrice.

«Yennayer c'est aussi une occasion d'apprendre aux enfants de ménager leur monture», a-t-elle davantage souligné. Adjouzet Ennayer (la vieille de Yennayer» est un personnage imaginaire, qui, selon une légende, viendrait ouvrir le ventre des enfants qui mangent toutes leurs friandises et n'auraient pas économisé une partie pour les jours de disette.

Les traditions et les légendes se mêlent pour créer l'événement de se réunir en famille. Le décompte de Yennayer aurait, selon les historiens, commencé en 951 avant J-C, après la victoire du roi berbère Chachnaq sur le pharaon Psousennès 2. Après son exploit militaire, Chachnaq s'installa sur le trône de l'Egypte soit en 971 avant J-C. 2974 ans plus tard, Yennayer est perceptible à la capitale et promet une belle ambiance le jour J. Selon des services de la wilaya d'Alger, la journée de demain sera marquée par l'organisation d'un dîner collectif. Une gigantesque table sera dressée à cet effet de la rue Didouche Mourad, jusqu'à la place de la Grande Poste.
Mohamed AMROUNI