Algérie

Tout le monde est coupable Problème d'insalubrité publique



Tout le monde est coupable                                    Problème d'insalubrité publique
Photo : Riad
Par Samir Azzoug
L'Algérie est devenue depuis quelques années un important marché dans sa zone géographique. La frénésie de consommation qui anime le peuple algérien faisant gonfler la facture d'importation dans un pays sans industrie ni agriculture conséquentes, ne pèse pas que sur sa balance commerciale. Le mode de consommation moderne révèle toute sa nocivité sur l'environnement et la santé des citoyens dans une Algérie qui souffre de la dégradation de son image. Le manque d'hygiène des villes et villages du pays est une calamité. Des amoncellements de déchets ménagers, des paysages dénaturés par des sacs en plastiques, des cannettes et toutes sortes d'emballages font partie du panorama. Cette insalubrité publique a connu son apogée durant le mois de Ramadhan. Durant ce mois sacré, tout a fonctionné au ralenti sauf la production des déchets qui a enregistré une augmentation moyenne de 10 à 15% dans les villes algériennes, selon des informations révélées dans la presse nationale. A Alger la blanche, capitale du pays, les Algérois ont produit 2 200 tonnes par jour contre 1 800 les autres mois de l'année, dans 28 APC sur les 57 que compte la wilaya, affirmaient des responsables de Netcom dans une déclaration faite au quotidien arabophone Echorouk. Les 4 500 agents et 450 camions n'y pouvaient rien, ou peu de chose, face à cette expansion. Et cela s'est vu. Dans chaque cité, chaque quartiers et à longueur de journée, les monticules d'immondices ont agrémenté un quotidien déjà difficile. A qui imputer ce problème de santé publique ' La réponse est sans équivoque : à tout le monde. A commencer par la cellule de la société, le citoyen. Allergique à tout ce qui est obligation, l'Algérien en est arrivé à divorcer d'avec l'acte de civisme au détriment de son bien-être et de sa santé. Volontairement ou inconsciemment ' La question reste posée aux sociologues. Mais le fait est que le comportement du citoyen urbain est une calamité pour son environnement immédiat. Sans scrupule, on jette ses déchets ménagers à n'importe quelle heure de la journée et de la nuit, à même le sol, sous les fenêtres du voisin, sans se poser de question. A sa «décharge», il est aussi juste de dire que les bacs à ordures se font rares et quand il y en a, ils restent insuffisants face au volume des déchets. Alors, on jette. Par terre, sur le trottoir, en bas des escaliers, parfois carrément par les fenêtres. Et quand les services d'enlèvement de ces déchets tardent à se montrer, des «bénévoles» s'ingénient à incinérer à l'air libre ce tas d'ordures. Et de préférence un jour de grande chaleur. Des «effluves» toxiques se dégagent alors de ce bucher nauséabond sans que personne ne trouve à en redire. C'est devenu presque naturel. Les autres coupables de cette immonde réalité se nomment collectivités locales et entreprises d'enlèvement des ordures. Le rôle élémentaire de ces entités est d'assurer un cadre de vie propre et salubre pour la population. Mais dépassées par l'ampleur du mal, en rupture d'avec les habitants et parfois par manque de moyens et de stratégie efficiente, elles (ces entités) arrivent à peine à assurer un service minimum. Dans ce cadre, un débat devrait être ouvert dans chaque APC entre les responsables locaux et les comités de quartiers pour définir des objectifs communs arrangeant aussi bien les «jeteurs» que les «ramasseurs» d'ordures. Au troisième niveau de responsabilité dans l'amoncellement des déchets et le diktat du sachet en plastique volant, se trouvent les pouvoirs publics. La société évolue. Le mode de consommation également. Il est donc urgent qu'une stratégie intersectorielle de lutte contre ce fléau soit élaborée. Et les solutions existent. L'une d'elle a été bien assimilée et appliquée en encourageant les promoteurs via l'Ansej à investir dans la collecte et le tri des déchets ménagers. Une décision louable qui souffre toutefois d'un manque de volonté réelle et d'une politique volontariste. Il faut encourager les investisseurs dans ce sens, leur ouvrir les marchés et inciter à prendre à bras-le-corps ce créneau juteux et de salubrité publique. Il est également important de favoriser l'émergence d'une industrie du recyclage. Selon les chiffres officiels, l'Algérie dispose de 105 Centres d'enfouissement techniques et de 98 décharges contrôlées pour accueillir plus de 10 millions de tonnes de déchets organiques. Moins de 3 millions de tonnes peuvent être recyclées par an. C'est une perte importante en matière de récupération de matières premières. Il s'agira de penser à booster cette activité pour laquelle sous d'autres cieux des lobbies se font et se défont. En amont, la sensibilisation de la population aux gestes salutaire du tri des déchets ménager est une nécessité absolue. Il est impératif que l'école algérienne commence à donner toute son importance à des matières jusque-là marginalisées et qui sont l'éducation civique et 'environnement. L'Algérie est un pays vaste, doté de paysages pittoresques et d'une population importante qui aspire à une vie saine. Signataire des conventions internationales sur la protection de l'environnement et le développement humain, l'Algérie a le devoir, au minimum, de protéger ce que la nature lui a offert à défaut de faire mieux.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)