Algérie

Tout-Etat sans Etat



Tout-Etat sans Etat
"J'ai parlé au Premier ministre algérien." C'est la seconde fois que le président français en informe ses concitoyens quand l'Algérie se trouve impliquée dans un drame qui les touche.Au lendemain du crash du vol Ouagadougou-Alger, puis, à l'occasion malheureuse de l'assassinat en Algérie du citoyen français, Hervé Gourdel.On se croirait dans une démocratie parlementaire, comme l'Angleterre, l'Espagne ou la Belgique, issue de la majorité, et/où le Premier ministre, également issu de la majorité, détient la réalité du pouvoir exécutif. Ce n'est, bien entendu, guère le cas, notre Premier ministre n'ayant rien à voir avec la majorité comme, d'ailleurs, avec un quelconque parti. Il est issu de la volonté du... pouvoir. Tout comme les députés et sénateurs de la majorité. Et tout comme les dirigeants organiques de partis du pouvoir.Dans notre système, les institutions appliquent le programme du Président, exécutent ses orientations et agissent en son nom. Mais, comme l'on n'a pas encore inventé un autre mode de production démocratique des lois et que notre régime tient à sa "démocratie", l'"élection" d'un Parlement est rendue obligatoire par l'habillement parlementaire de la fonction législative.Oui, c'est un système bien singulier que le nôtre, où la majorité est issue du pouvoir et non l'inverse. Une majorité qui est là pour soutenir et défendre un régime qu'elle ne choisit pas.Et défendre un pouvoir qu'elle n'exerce pas."Je te fais élu, je te fais responsable." "Je te fais majorité, tu m'obéis et me glorifies. Et, à l'occasion, tu me défends"...Dans ce système, le chef de l'Etat détient l'intégralité du pouvoir formel, comme il détient toutes les fonctions, y compris celles réputées indépendantes de l'Exécutif. Et, malgré ce contexte de pouvoir total, l'Algérie s'est donné un chef d'Etat qui, manifestement, n'a pas la santé requise pour remplir l'ensemble de ses obligations présidentielles.Au moindre commentaire défavorable à l'endroit du régime, et de son Président, c'est l'artillerie qui riposte. Oh ! Quelle efficacité pour une artillerie qui n'a justement que le parapluie de sa dictature pour se donner le statut d'une voix autorisée ' Quand Ammar Ghoul assure que Bouteflika "travaille nuit et jour", croit-il avoir sérieusement répondu à la question de "l'absence publique" du Président ' Et puis, un ministre ayant géré la réalisation d'une autoroute indéfiniment inachevée et dont le budget a fait, en partie, l'objet de dilapidations, a-t-il le crédit suffisant pour s'ériger en témoin de la bonne marche des institutions 'En fait, les Algériens ne posent plus cette question de l'aptitude du Président à assumer ses prérogatives. Ils n'ont jamais pu entrevoir le fonctionnement institutionnel de leur Etat. Celui-ci est d'une opacité telle que l'Algérien ne perçoit même plus la différence entre un Etat qui fonctionne et un Etat qui est à l'arrêt. Il sait seulement qu'il y a une rente que l'on dilapide et qu'elle échoit d'abord à ceux qui savent se placer sur ses circuits-répartitions.Partant, peut-être, de la même observation, nos partenaires ne nous embarrassent plus d'exigences protocolaires.Mais le fait que ni son peuple ni ses partenaires n'attendent plus de lui un fonctionnement d'Etat, ne constitue-t-il pas, pour un pays, le pire des échecs 'M. H.musthammouche@yahoo.fr




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