Des députés contre la «privatisation de l’université»
Les députés ont eu à délibérer, hier, sur un texte de loi portant révision de la loi d’orientation de l’Enseignement supérieur.
Dans la présentation du projet, Mme Souaâd Djaballah a indiqué que le texte, qui vient en complément de la loi d’orientation de l’Enseignement supérieur, permettra l’ouverture du secteur au privé qui sera agréé par les pouvoirs publics. Evidemment, un cahier des charges définissant rigoureusement les conditions d’accès du privé à l’Enseignement supérieur sera établi de façon à préserver la vocation des établissements. Il s’agit, entre autres, de la disponibilité des infrastructures et équipements nécessaires au bon déroulement de la formation supérieure envisagée et la disponibilité d’un personnel pédagogique dont le niveau des enseignements doit être au moins égal à celui assuré dans les établissements publics de formation supérieure. Le projet de loi oblige, toutefois, ces établissements d’appliquer les programmes d’enseignement et les conditions de progression dans le cursus fixés par le ministre de l’Enseignement supérieur lorsque la spécialité assurée est dispensée dans des établissements publics de formation supérieure. Par ailleurs, le texte souligne que la création d’établissements privés étrangers de formation supérieure est subordonnée à un accord bilatéral ratifié.
Toutefois, les amendements apportés dans ce projet de loi, notamment dans le volet de création d’établissements privés, n’a pas eu un écho favorable auprès des députés qui se sont interrogés sur les raisons de l’ouverture de ce secteur au privé, faisant part au ministre de leur mécontentement du système LMD (Licence-master-doctorat), qu’ils qualifient d’»échec» vu le nombre d’étudiants qui n’ont pas réussi leurs cursus.
Brahim Kara Ali du FLN a soutenu qu’il ne convient pas d’ignorer les progrès des universités européennes «ni nos craintes par rapport au nouveau système». «Nous sommes en faveur de la réforme de l’université, mais le cadre législatif ne suffit pas», dira-t-il. Il a critiqué les organisations estudiantines qui s’occupent, de son avis, du politique au lieu de prendre en charge les préoccupations des étudiants. «Nous avons peur que les universités algériennes donnent des diplômes de chômeurs», a-t-il conclu son intervention. M. Kouadri du MSP a relevé de nombreuses contraintes qui empêcheraient le LMD de réussir, dont les conditions socioprofessionnelles des enseignants. A ce propos, Djilali Djelatou, également élu du MSP, s’est enquis du sort du projet de loi relative au statut particulier de l’enseignant du supérieur. Il a assuré, par ailleurs, que les encadreurs du système LMD n’ont pas été formés pour mener à bien leur mission. Le Parti des travailleurs (PT) a appelé, de son côté, au retrait de ce projet et à ouvrir un débat général sur le secteur, estimant que l’ouverture de l’enseignement supérieur au privé est une «privatisation de l’université», et s’est interrogé sur l’intérêt d’ouvrir un débat sur le système LMD, trois ans après son application. Le Front national algérien (FNA) a, pour sa part, estimé que ce projet serait «une raison pour l’Etat, d’abandonner le financement de l’enseignement», au moment où le Mouvement pour la société de la paix (MSP) a exhorté les pouvoirs publics à renforcer d’abord l’université publique avant d’ouvrir le champ au privé.
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H. Senouci
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Posté Le : 11/12/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com