Un taux de raccordement de 64%, soit 37.000 foyers, sera atteint«Cette Kabylie des cartes postales qui éblouit les touristes, mais dont la misère chasse ses enfants vers l'émigration, a la chance de recevoir d'importants budgets pour son développement.»Du gaz de ville au village. L'achèvement de l'ambitieux programme de raccordement des villages de la wilaya de Tizi Ouzou est attendu pour fin avril 2014. Pour parer justement à toute mauvaise surprise, le wali de Tizi Ouzou Abdelkader Bouazghi a présidé jeudi dernier une séance de travail consacrée au raccordement en gaz naturel dans la wilaya en présence des directeurs de l'énergie et des mines, de Sonelgaz et des services techniques concernés ainsi que des entreprises en charge de la réalisation du programme. Aussi, et profitant de cette présence, le premier responsable de la wilaya de Tizi Ouzou a invité les entreprises en charge des projets de raccordement, au nombre de 51, dont 32 étaient présentes à la réunion à redoubler d'efforts afin de livrer le programme en cours de réalisation et lancer le nouveau dans les plus brefs délais.Selon les chiffres et les interventions des responsables concernés, les 1500 villages perchés depuis des siècles sur les cimes du Djurdjura seront raccordés dans les délais fixés. Les pouvoirs publics com-ptent achever la première tranche avant la fin du premier semestre 2014, c'est-à-dire le 30 juin 2014. Si aucune mauvaise surprise ne vient perturber le rythme d'avancement des chantiers, un taux de raccordement de 64%, soit 37.000 foyers sera atteint en attendant le lancement de l'avis d'appel d'offres pour le nouveau programme devant faire bénéficier 8379 foyers outre, le lancement de la deuxième tranche (DP+QLS) pour 710 villages lequel fera bénéficier 110.329 foyers. En 2015, la wilaya de Tizi Ouzou atteindra un taux de raccordement de 95%.Gare aux promesses videsSelon les prévisions, même Vava Inouva habitué au bois se chauffera au gaz de ville en 2015. L'espoir est grand parmi les populations qui ont souffert le martyre dans le passé. La désillusion n'en sera que plus grande si la promesse de les faire bénéficier toutes de cette commodité n'était pas tenue. Le wali Abdelkader Bouazghi a raison d'insister sur le respect des délais.Beaucoup d'indices laissent entendre que les villageois attendent impatiemment l'arrivée du gaz dans leurs foyers. En témoignent les multiples actions de protestations qui surviennent par-ci par-là pour alerter sur un retard ou une répartition injuste.De leur côté, les pouvoirs publics semblent répondre positivement aux appels de la population. La wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié de la plus importante enveloppe budgétaire pour faire parvenir le gaz de ville dans le foyer le plus lointain du chef-lieu de wilaya. En effet, Tizi Ouzou a reçu, dans le cadre de la consolidation économique 2010 à 2014, quelque 22,75 milliards de dinars s'imposant ainsi comme la wilaya qui a le plus obtenu. En l'espace de quelques années, Tizi Ouzou a vu le réseau d'alimentation en gaz de ville s'allonger pour atteindre le taux de 64% alors qu'il ne dépassait pas 9,7% en 1999.L'écueil des oppositionsToutefois, malgré les assurances des pouvoirs publics et tous les efforts qu'ils déploient pour atteindre les objectifs tracés, il s'avère que les populations de la wilaya sont victimes d'elles-mêmes. En effet, de l'avis de connaisseurs en la matière, les budgets nécessités pour les raccordements des villages équivaudraient ceux qu'il faut pour alimenter des pays entiers. La raison est toute simple. Les oppositions des citoyens causent la multiplication des budgets. Dans certains villages, on crie au loup alors que le voleur est parmi les victimes.En effet, le simple observateur constate sans difficulté aucune que le réseau de raccordement en gaz de ville suit au pas le tracé des sinueux chemins de wilaya alors que les tuyaux auraient pu aller tout droit. Ce phénomène des oppositions, en plus de retarder les chantiers fait perdre à l'Etat des milliards de dinars gaspillés à cause de l'humeur d'un citoyen ou de plusieurs citoyens d'un village.Ces oppositions causent également un préjudice économique incommensurable à la wilaya. Les villes littorales comme Azeffoun et Tigzirt sont restées des décennies sans eau ni gaz de ville à cause des oppositions. Les entreprises réalisatrices ont maintes fois été contraintes d'arrêter les travaux à cause du refus de citoyens de voir la tuyauterie passer par leurs terres.Pourtant, les mêmes populations n'oublient pas les souffrances endurées durant les hivers. En 2011, un hiver rigoureux avec une période d'enneigement qui a dépassé un mois a coupé toute la Kabylie du reste du monde. Les populations ont frôlé la catastrophe de justesse. En effet, en l'espace de quelques jours, les stocks de nourriture dans les magasins étaient épuisés. S'ensuit alors la rupture des stocks dans les dépôts de Naftal. Pour une bombone de gaz, il fallait veiller plusieurs nuits dans la chaîne devant les dépôts dans un froid glacial. Des conflits ont même éclaté dans certaines localités. Des responsables communaux ont provoqué l'ire des populations lorsque ceux-ci ont essayé d'approvisionner des villages au détriment d'autres. A Makouda, l'on se rappelle que les camions transportant du gaz butane vers Tigzirt ont été stoppés net au lieudit la Crête. Les villageois jugeaient hors de question que le gaz passe sous leur nez sans en bénéficier.En fait, les dégâts ne se limitaient pas uniquement à ces cas d'enclavement. Des agriculteurs ont vu leur cheptel décimé par la neige et le froid. Des poulaillers ainsi que des étables se sont effondrés sur les animaux provoquant la mort d'une grande partie. Les agriculteurs du village Ichariouène ont chassé manu militari les élus qui ne se sont souvenus d'eux qu'une fois la tempête passée.Les populations habitant les hauteurs racontaient l'horreur. Des malades sont décédés faute de moyens de locomotion. Des villages sont restés enclavés durant des semaines avant de voir les routes ouvertes. Les chasse-neige n'y pouvaient rien face aux tonnes de neige qui se sont entassées devant les portes. Dans les communes situées à Aïn El Hammam, Bouzeguène et Ouacifs, des citoyens témoignaient des cas d'isolement total de certaines familles. Celles-ci sont restées emprisonnées dans leurs maisons durant plusieurs jours. Aucun moyen ne pouvait les en extraire.Où sont les maires'Devant ces difficultés, d'oppositions, les entreprises et les pouvoirs publics semblent se battre seuls. Les maires qui retroussent les manches pour dire aux citoyens le mal qu'ils causent sont rares. Il semblerait que beaucoup de maires choisissent la voix dans l'urne au bonheur des populations. Beaucoup de maires se foutent royalement de l'avenir des citoyens pour peu qu'ils puissent voter en leur faveur.En effet, devant les oppositions, ces derniers semblent totalement absents. Rares sont les maires qui vont sur les lieux pour régler le litige, quitte à déplaire. La majeure partie d'entre eux a peur de perdre une voix lors des éléctions. La même absence a été signalée durant la période de neige de 2011 qui a duré près d'un mois. Beaucoup de communes ont souffert durant des semaines sans que le fantôme du maire n'apparaisse. Les sages ont cru que les populations allaient s'en souvenir.Par ailleurs, beaucoup s'interrogent sur le laxisme des pouvoirs publics face à ces oppositions. L'Etat préfère concéder des rallonges budgétaires que d'obliger l'oposant à céder une petite parcelle. Une loi votée par les députés, aurait réglé tous ces litiges qui demeurent suspendus laissant des régions entière sans eau ni gaz de ville.Les contournements des tracés et les rallonges budgétaires coûtent plus cher que les indemnisations au prix réél et actualisé. En effet, beaucoup de cadres estiment que l'Etat doit montrer une certaine fermeté.Les comportements qui se traduisent par des oppositions aux projets d'intérêt commun devraient être réprimés par la loi. Indemniser le propriétaire des terres à des prix réels et actualisés serait l'unique solution que l'Etat puisse proposer au lieu du dialogue de sourds qui ne fait que retarder les projets. Dans la majeure partie des cas, le coût de l'indemnisation est inférieur au budget nécessaire pour un contournement ou le retard de livraison: Une réalité qui traduit un manque de bon sens chez les deux parties: l'Etat et les auteurs des oppositions.Vava Inouva se met au gaz de villePour beaucoup, les moyens comme le gaz naturel, l'eau potable et autre sont une voie vers la prospérité et le développement. La Kabylie qui a longtemps souffert de la marginalisation risque de rater une occasion en or pour se débarrasser de l'étiquette du pays collé à la vie ancienne.Cette Kabylie des cartes postales qui éblouit les touristes, mais dont la misère chasse ses enfants vers l'émigration a la chance de recevoir des budgets pour son développement. Alors, à ses enfants de saisir cette opportunité au lieu de la laisser passer entre les doigts comme le sable.
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Posté Le : 06/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel BOUDJADI
Source : www.lexpressiondz.com