Algérie

"Tous les chefs d'entreprise doivent réagir"



Dans cet entretien, le DG des laboratoires Merinal, qui a lancé un appel sur compte twitter pour une solidarité active, invite tous les chefs d'entreprise à se manifester pour signer un courrier commun à adresser aux "dirigeants" sur le blocage des équipements de Cevital.Liberté : La décision de la direction du port de Skikda de confisquer les équipements industriels importés par le groupe Cevital pour son usine de trituration des graines oléagineuses, après leur dédouanement et leur sortie de l'enceinte portuaire, ne vous a pas laissé indifférent apparemment...
Nabil Mellah : En effet, ce qui s'est passé au port de Skikda est un fait inédit.
La décision antiéconomique prise par la direction de port de Skikda vous a poussé à lancer une initiative. De quoi s'agit-il en fait '
J'ai écrit, à propos de cette affaire, dans un tweet que les chefs d'entreprise qui sont prêts à signer un courrier commun adressé à nos "dirigeants" par rapport à l'affaire Cevital, se manifestent.
À travers ce tweet, vous voulez susciter la réaction des opérateurs économiques pour qu'ils dénoncent ce que beaucoup qualifient d'"arbitraire"...
En fait, je réagissais à un tweet de Slim (Othmani) qui se demandait, à raison d'ailleurs, pourquoi aucune association patronale n'avait réagi au dernier épisode vécu par Cevital, où les douanes étaient instruites de remettre sous-douane une marchandise déjà dédouanée un ou deux jours plus tôt.
Quand vous avez lancé votre initiative, étiez-vous optimiste quant aux réactions qu'elle pouvait susciter '
Une chose est sûre, en tant que chef d'entreprise mais surtout en tant que citoyen, je me sens solidaire de certaines sociétés dont je pense qu'elles sont devenues, désormais, "la propriété" de tous les Algériens. Ces entreprises non seulement créent de l'emploi, mais l'on constate également à l'examen de leurs bilans (qui sont aujourd'hui publiés) qu'elles créent de la richesse et qu'elles paient plus d'impôts que d'autres. J'aurais eu la même réaction si une entreprise comme la laiterie Soummam, Ifri, General Emballage, Rouiba, ou Biopharm et d'autres, avait été touchée.
Les contraintes bureaucratiques sont un obstacle pour leur développement...
L'Algérie a besoin de plus d'entreprises de cette taille. Que ces sociétés émergent et évoluent dans notre pays est, en effet, une nécessité. En revanche, ce genre de péripéties demeure contre-productif pour l'investissement national. Toutes ces entraves sont de mauvais signaux qui privent encore l'Algérie des investissements directs étrangers (IDE) dont elle a urgemment besoin en cette période délicate. Cela réduit le degré de son attractivité en tant que marché porteur. Il y a nécessité pour les pouvoirs publics d'apporter des clarifications faute de quoi les observateurs parleront de décisions arbitraires. D'autant plus lorsque l'on constate que c'est récurrent.
Pourquoi dites-vous que c'est récurrent '
Ce n'est pas la première fois que nous prenons connaissance par la presse de ce qu'on pourrait appeler les aventures de Cevital. Et je vous passe l'épisode ou un précédent ministre de l'Industrie avait demandé à une ambassade étrangère, l'exclusion de Cevital d'un événement organisé en Algérie. Une honte ! En fait, je fais surtout allusion à toute cette succession d'événements qui nous interpellent tous. Nous avons suivi dans la presse, l'épisode Michelin/Cevital, ensuite celui d'El-Khabar/Cevital... Et là, c'est inédit, on "redouane" un produit... déjà dédouané de... Cevital ! Nous allons être à l'origine d'un nouveau mot dans le dictionnaire de la langue française à savoir "redouaner".

Ne pensez-vous pas qu'il s'agit là d'un acharnement contre un groupe industriel privé qui crée de l'emploi et de la richesse et qui fait vivre des centaines de milliers de personnes en Algérie '
Une chose est sûre, étant donné cette récurrence, en l'absence d'explications claires, c'est l'impression que cela donne. Il faut donc qu'on nous explique ce qui se passe réellement. Cette succession d'affaires Cevital doit être définitivement clarifiée, parce que là, cela contribue à donner une mauvaise image de l'environnement des affaires en Algérie. Une image déjà écornée par le classement Doing Business qui a placé l'Algérie à la 166e place.
Cette contre-performance, confirmée par la Banque mondiale, doit, en principe, contraindre l'Algérie à solliciter la contribution des investisseurs nationaux en leur accordant toutes les facilitations possibles et les avantages nécessaires.
Dans un contexte d'épuisement progressif de la rente pétrolière, l'Algérie a, plus que jamais, besoin de vrais investissements productifs qu'ils soient nationaux ou étrangers. L'absence de visibilité sur un marché est rédhibitoire pour les investisseurs sérieux. Seuls les prédateurs s'en accommodent d'ailleurs.
Et je pense que personne ne veut d'une économie fondée sur le copinage et les prédateurs. Certains pays qui ont suivi cette voie, en payent aujourd'hui le prix de façon dramatique.


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