Tous détenus

Sujet tabou. Emotion rimant souvent avec sensation. Ce matin, elle écoute une musique et se laisse aller à de merveilleux voyages qui l?emportent loin. Loin de tout. En même temps, tout proche d?elle. Elle a même une larme de reconnaissance. Adopter, aimer ce qui vient à vous et qui découvre votre secret enfoui dans un endroit secret - dans votre corps et raison. Ils se réveillent tous les deux. Au moment, à un instant où vous vous étiez perdu. Vous retrouvez le chemin perdu. Sentir. Percevoir l?enfoui. Quel bonheur ! Eprouver. C?est respirer la vie. Elle se rappelle, une fois dans la forêt. Elle se promenait et une brise légère lui avait caressé le visage. Gentiment. Une fois aussi, elle s?était déchaussée, touchant le sol - la terre et la bruyère - de ses pieds. Et là, elle était. Dans nos sociétés, tout est surfait. Réussira qui cachera habilement ses sentiments. Qui aura bâti une citadelle tout autour. Une forteresse imprenable. Insondable. Attention, tout de même, on en a vu des fortes. Une fois inondées. Elles devenaient du carton-pâte. Et l?ascension en était facilitée. Ouvrir son coeur. C?est se préserver ? Au contraire, l?enfouir sans arrêt, le rendra invincible un temps. Mais de trop de tension pour lui, il pliera sans vous prévenir. Je me souviens d?un film de Yilmaz Guney, sorti en 1982, Yol (La permission). On y raconte les rapports humains au sein de la société turque. L?idée étant qu?aucun abri ne peut résister à la violence des mentalités archaïques. Ces mentalités deviennent l?esprit d?un homme qui peut être son propre ennemi.Etre subjectivement désemparé devant une émotivité contrôlée. S?en remettre au jugement de la société et de ses règles, c?est-à-dire au supplice féodal de l?ordalie du qu?en-dira-t-on ! Sauvons-nous de ces chaînes. Nous sommes tous détenus.