Algérie

Tous affûteurs, tous vétérans!



Trois grands événements ont marqué la dernière édition du « Sacrifice »: il y avait trop demoutons, pas de lait et beaucoup trop d'affûteurs. Le spectacle était étonnant,vu à partir de la notion de la création d'emploi, de la mondialisation, ou àtravers la grille de l'acte religieux et rituel: un tiers des Algériensaffûtait dans les villes et les villages les trois quarts des couteaux, hacheset autres armes blanches d'usage durant ce laps de temps et en circulationdepuis le retour de la Paix. La Réconciliation algérienne pouvait être décidéepar référendum, elle n'est pas encore une culture mentale, un habitus ou uncomportement. Elle ne crée pas encore beaucoup d'emplois même si elle crée unpeu plus de repentis.Contrairement aux Coréens du Sud des années 70, lesAlgériens restent de fervents adeptes de l'équation métiers/faciles -gains/rapides. Sur le catalogue, on peut retrouver, en tête de liste, le métierde KMS, celui de gardien de parking, d'agent de sécurité (à Sonatrach depréférence), d'élu et, enfin, celui d'affûteur d'armes blanches. Sur leregistre des actes symboliques, il y a à décoder: il y avait dans les gestesdes affûteurs quelque chose de plus que le gagne-pain ou l'opportunisme mercantile.Une sorte de facilité qui éveille la méfiance et impose la prudence. LesAlgériens affûtent trop bien, trop vite et avec trop d'efficacité. On pouvaitpresque en déduire qu'il y a dans l'époque un mauvais vent. C'est peut-être uneplaisanterie exagérée mais presque pas. Le moment resta cependant heureux pourbeaucoup: pour une fois, les moutons étaient en excès, faute d'argent, deliquidités, de mangeurs ou de moyen de les revendre au Maroc ou en Tunisie.Peut-être. Le pays a donc sacrifié.Le geste resta pourtant énigmatique: le lait, signe depaix, resta rare, là où les couteaux, signe de guerre, ont été nombreux. Pourles intellectuels oisifs ou les chiromanciens, il y a là matière à réflexion.Comme si le pays ne trouvait son sens que dans les armes. C'est du moins cequ'on apprend très trop à l'école. La boîte à outils de l'histoire nationaleest connue: une montagne, un maquis, une arme, une déclaration, un couteau etdes volontaires. Le lait n'y a pas sa place. D'où sa rareté acceptée durantcette dernière édition de l'Aïd.


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