Algérie

TOURISME - TRANSPORT: Grève-surprise à la SNCF sur la sécurité des TER



Les syndicats ont débrayé vendredi sans préavis, pour dénoncer la généralisation des trains régionaux sans contrôleur à bord, gage de sécurité. Grève totalement irrégulière, selon la direction. C'est indirectement le premier vrai test social pour Jean-Pierre Farandou, le PDG désigné de la SNCF, qui prendra officiellement ses fonctions le 1er novembre. Tandis que ce réel spécialiste de la maison est déjà très attendu sur ses plans en manière de gains de productivité et d'organisation du travail, pour que le groupe atteigne l'équilibre en 2002 comme le prévoit la réforme ferroviaire, les syndicats ont saisi une actualité touchant à la sécurité, pour montrer leur mobilisation. Vendredi, le trafic ferroviaire était très perturbé en Ile-de-France et dans beaucoup d'autres régions, suite à un "mouvement social inopiné " d'agents SNCF, qui ont font jouer leur "droit de retrait " après une collision à un passage à niveau, mercredi en Champagne-Ardenne. Un mouvement social largement suivi à la veille des vacances scolaires (les nombreuses annulations touchant indifféremment les TER, Intercités, TGV comme Transiliens), qui a contraint la direction à recevoir à la hâte des représentants des cheminots. L'état-major de l'entreprise a estimé que " cette grève sans préavis est totalement irrégulière, et provoque une gêne insupportable pour des millions d'usagers à travers toute la France ", tout en appelant à des discussions à plusieurs niveaux de l'entreprise " pour examiner en détail toutes les inquiétudes qui lui sont adressées par les organisations syndicales ". En cause selon les syndicats, le dispositif " d'équipement agent seul " (EAS), qui se généralise rapidement sur les trains et permet à un agent de conduite d'être seul à bord, sans l'appoint d'un contrôleur. Mercredi entre Charleville et Reims, un TER avec 62 passagers a percuté à un passage à niveau un convoi exceptionnel qui transportait une betteravière, faisant onze blessés légers, dont le conducteur, dans la rame qui a déraillé plus loin.
Les syndicats vent debout
Si l'enquête du BEA dira plus tard pourquoi le TER ne s'est pas arrêté en amont de l'obstacle, les syndicats dénoncent surtout la gestion des suites de l'accident. "C'est l'agent de conduite blessé qui est arrivé à appliquer des règles de sécurité... pour arrêter un train qui arrivait en face! " souligne SUD-Rail. "On a eu beaucoup de chance. On a clairement évité le pire ", ajoute Stéphane Cellier, secrétaire régional UNSA ferroviaire. " On peut à la limite comprendre un dispositif EAS en banlieue parisienne où il y a des gares tous les 5 ou 10 km, mais en Champagne-Ardenne, où la densité est différente, ce dispositif est terriblement dangereux ", juge Sébastien Neau, représentant régional CGT. Pour la SNCF, 98% des accidents routiers aux passages à niveau sont dus auxcomportement des usagers de la route , mais l'unique cause du débrayage social est donc ailleurs. Concrètement, le système EAS existe depuis plus de 40 ans en Ile-de-France, puis a été étendu depuis région par région. "C'est un dispositif bien rôdé ", selon une porte-parole de la SNCF. 75 à 80% des TER circulant en France sont aujourd'hui équipés de cette assistance supplémentaire. Elle inclut par exemple des caméras pour surveiller la bonne fermeture des portes de la rame, ou une communication passager/conducteur quand le premier actionne le signal d'alarme. "Ainsi le conducteur peut choisir plus facilement son point d'arrêt " en cas d'incident, selon la SNCF. Toutes les rames neuves livrées sont équipées de cette couche additionnelle de sécurité. Le secrétaire d'Etat aux transports Jean-Baptiste Djebbari y voit " une mesure de conduite homologuée " pratiquée " partout en Europe ". Pour lui, ce "système de conduite très largement généralisé a été validé après une grande concertation ". De ce fait, ce dernier a dénoncé sur BFM TV une instrumentalisation indue du droit de retrait. Par ailleurs, les syndicats s'émeuvent d'une nouvelle procédure de départ des trains devant démarrer le 15 décembre (suppression des autorisations de départ dans les gares, selon SUD). La direction étudie donc la possibilité "juridique et technique de repousser de quelques mois " ce nouveau dispositif.


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