Algérie

Tourisme thermal à Ankara



Tourisme thermal à Ankara
Des propos de Dogan Ajar et Seçim Aydin, respectivement le chargé du secteur touristique auprès du gouverneur de la province et le président de la Fédération turque des hôteliers, il ressort une volonté des pouvoirs publics de rééquilibrer la distribution de la manne touristique et de gommer les disparités dans le développement du pays.Cependant, pragmatisme oblige, c'est sur des créneaux où la région présente une meilleure carte de visite qu'ils misent. Certaines potentialités sont même plus considérables qu'à Antalya et Istanbul qui, jusque-là, captent l'essentiel de la manne touristique, la première et la deuxième étant respectivement classées par l'Organisation mondiale du tourisme aux 4e et 7e places des villes les plus visitées au monde. «A Ankara, nous disposons de 120 hôtels, dont 20 5 étoiles et 45 4 étoiles, soit un total de 15 000 chambres. Nous avons également 80 hôpitaux, dont 8 de renom international, alors qu'en 2015, deux autres hôpitaux certifiés aux normes les plus pointues, d'une capacité de 7000 lits, vont ouvrir.»De la sorte, la Turquie, qui a réussi à se placer sur le marché du voyage mondial de la santé, s'apprête à concurrencer d'autres destinations en mettant à profit sa situation géographique qui la rend facilement accessible aux voyageurs en provenance du Moyen-Orient, d'Europe et d'Asie. A cet égard, les projections tablent à court terme sur 4 milliards de dollars de recettes avec 400 000 visiteurs. Toutes les mesures d'accompagnement ont été prises pour réaliser ce challenge. Ainsi, les visiteurs peuvent obtenir leur visa à leur arrivée en Turquie, en un rien de temps, dans les enceintes des aéroports. Pour les Algériens, les mineurs et les plus de 35 ans peuvent depuis quelque temps obtenir leur visa par? internet. Concernant le tourisme thermal, la Turquie tient la 7e place mondiale et la 2e en Europe.Mais c'est principalement les visiteurs du monde arabe et islamique que ciblent les autorités et les opérateurs du secteur. Et pour prendre la mesure de sa réalité autrement que par les chiffres, nous sommes conviés à un séjour dans un complexe thermal situé à 70 km au nord de la ville d'Ankara.Avant de nous y rendre, nos hôtes nous font une rapide virée dans la capitale politique du pays. Celle-ci est relativement pauvre en architecture de l'ère islamique. Pour en voir, on nous transporte au quartier Ulus, celui de l'ancien Ankara. Hacibayram Camii, construite en 1427/1428, mosquée dédiée au fondateur de la secte Bayram, le poète soufi, est accolée à un plus ancien monument, le temple d'Auguste édifié vers 25 avant J.-C. en son honneur. Cette mosquée où Mustafa Kemal s'était réuni avec les députés le 23 avril 1920, la veille de son élection comme président de l'assemblée turque, est aujourd'hui, avec le mausolée de Haci Bayram Veli, fréquentée surtout par les nouveaux mariés.De l'endroit où l'on se trouve, d'autres monuments historiques s'offrent à la vue du visiteur. Par contre, c'est un autre décor qu'offre le trajet entre Ankara et Kizilcahamam où nous nous rendons. La route que nous empruntons est presque rectiligne, traversant un paysage de plaines céréalières et de prairies auxquelles les rigueurs de l'hiver anatolien donnent une couleur paille. La nuit, le thermomètre affiche des valeurs en dessous de zéro. Pas le moindre brin de verdure n'ose encore poindre du nez. Quant au feuillage des arbres, s'il n'a pas disparu comme pour les peupliers, il est d'un roux qu'en Algérie l'automne donne au feuillage du vignoble. Le lundi 10 février, le ciel est bas, contrairement à la printanière journée de la veille à Istanbul. Ajouté à la platitude des espaces, il invite à la mélancolie. Puis insensiblement, les collines se resserrent, creusant une vallée et donne du relief au paysage. A un moment, elles s'éloignent et l'on traverse une petite ville du nom de Kazan. Illico, l'on pense au grand Elia, natif de Turquie.Vérification faite, le vrai nom du réalisateur de Viva Zapata est Kazanjoglous.Plus loin, et à l'approche de notre destination, à notre droite, surgit le vert d'une petite forêt de sapins. Il s'agit en fait d'une plantation d'arbres pour protéger le plan d'eau d'un barrage de l'envasement. Puis, brusquement, c'est la trouée. Nous quittons le plateau pour descendre de 1500 m d'altitude à 900. Au creux de la cuvette, à notre droite et au flanc inférieur d'une montagne se love Asya thermal. Face à lui, mais accolée au bas d'une verdoyante montagne, la quiète Kizilcahamam. C'est un gros bourg de style moderne ayant remplacé l'ancien village, ce qui conforte notre idée que le secteur du bâtiment est en pleine expansion en Turquie au regard de ce que nous avons pu constater à Istanbul puis à Ankara : les démolition/reconstruction sont nombreuses. Les tuiles rouges couvrent les toits à Kizilcahamam, à l'identique de celles qui donnent à Ankara, contemplée du ciel, une couleur ocre étalée à perte de vue. Kizilcahamam, ce sont 17 000 habitants sur les 26 000 qui résident en agglomérations secondaires. C'est aussi Sogusu, un parc national qui reçoit 100 000 personnes tous les week-ends en été.Quant à Asya, le complexe thermal, selon Mevlüt (Mouloud) Safi, un de ses dirigeants, est le plus important de la région. Employant 350 salariés, il se targue de capter 200 000 clients par an et de réaliser 25 millions de dollars de chiffre d'affaires.En poussant la discussion avec notre interlocuteur, il ressort que la clientèle arabe, ou dite globalement arabe, et musulmane, correspond idéalement au profil de l'offre actuellement proposée à la clientèle turque, celle qui fait vivre et prospérer le thermalisme en Turquie.En effet, celui-ci colle aux us et coutumes qui font un dogme de la séparation des sexes dans les soins thermaux.Ce type d'offre ne correspond pas à l'attente d'une clientèle occidentale.Et plutôt que d'avoir à subir des desiderata qui bouleverseraient la donne au plan socioculturel, l'on préfère cibler un tourisme qui ne remet pas en cause l'ordre des choses.Et dans cette perspective, les Turcs, décidément très entreprenants, prospectent d'ores et déjà, en matière de recrutement du personnel, les candidats sachant parler arabe. Et tamazight ' Ils sont capables de les former !




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