Algérie

Tourisme et saison estivale : l'illusion d'une destination Algérie !


Tourisme et saison estivale : l'illusion d'une destination Algérie !
La destination Algérie, qui avait déjà du mal à s'imposer sur les plans des voyagistes étrangers, subit les conséquences de l'instabilité au niveau de ses frontières sud.
La région sud du pays habituellement très prisée par les touristes étrangers semble drainer en 2012 moins de touristes que d'habitude. C'est du moins ce que nous a affirmé Bachir Djerribi, président du Syndicat national des agences de voyages (SNAV), en marge du Salon international du tourisme et des voyages qui s'est tenu au Palais des expositions la semaine dernière. Selon M. Djerribi, qui n'a toutefois pas été en mesure de donner une estimation chiffrée, «il y a une baisse énorme de la demande pour le sud et un recul des réservations vers l'Algérie». Au vu de ce qui se passe autour des frontières algériennes, «la destination Algérie était un petit peu compromise, même s'il y a toujours un certain pourcentage de personnes qui font toujours confiance aux tours opérateurs algériens et qui viennent visiter l'Algérie», dit-il.
Une appréciation qui contredit quelque peu le constat global fait par le ministre du secteur à l'ouverture du Salon. En effet, Smaïl Mimoune avait déclaré lors d'une conférence de presse tenue mercredi dernier que «le nombre de touristes entrés en Algérie entre janvier et mars 2012 a connu une croissance de 35% par rapport à la même période de l'année 2011». Il avait ajouté que le nombre de touristes étrangers pourrait atteindre «3,2 millions à fin 2012». Des chiffres à prendre avec une certaine réserve au même titre que ceux publiés par ce département et faisant état d'un nombre de 2,4 millions de touristes ayant visité l'Algérie en 2011, quand on sait que plus de 50% de ces touristes sont constitués d'immigrés algériens vivant à l'étranger.
Néanmoins, selon le président de la SNAV, il y a toujours «des mordus» de l'Algérie pour qui la destination Algérie est devenue une sorte de «pèlerinage». D'ailleurs, «il y a une semaine, on a eu un groupe de touristes polonais qui ont fait Ouargla-Alger en VTT, en plusieurs étapes».
Pour combler la défaillance des touristes étrangers vers le Sud, M. Djerribi indique qu'une solution a été trouvée avec le ministère du Tourisme pour «inciter les Algériens à voyager vers ces régions, et en accord avec Air Algérie qui a fait une réduction de 50% de septembre jusqu'à avril dernier. Le prix du billet étant le principal handicap».
Désintérêt
Mais, avec des Algériens faisant du tourisme local et des étrangers qui ne se bousculent par au portillon, peut-on parler d'une destination Algérie ' Pour Mourad Kezzar, expert et consultant en tourisme, «à quelques exceptions près, aucune agence de voyages ne propose la destination Algérie à ses clients potentiels et les agents commercialisant la destination ne bénéficient d'aucun avantage fiscal, parafiscal ou financier». Certaines agences de voyages présentes au Sitev n'hésitent pas à proposer aux Algériens des destinations inhabituelles et onéreuses de type Dubaï, mais l'inverse n'est pas évident. Bourkioua Aziz, directeur commercial El Djazira Voyage et Tourisme, une agence qui dispose également de bureaux à Dubaï, «la destination Algérie existe à Dubaï, mais draine très peu d'intérêts». Pour les gens qui sont à Dubaï, «l'Algérie n'est pas une destination de choix, ils préfèrent davantage l'Europe et ceux qui viennent c'est surtout pour la chasse».
Derrière ce désintérêt, «il y a un grand problème de marketing», soutient-il.
Problème de communication, certes, mais pas uniquement. M. Djerribi fait remarquer que pour le balnéaire «la capacité de la demande dépasse largement l'offre, même s'il y a un travail de fond qui se fait et dont on ne pourra voir les résultats que dans 5, 6 ou dix ans maximum». Pour le reste, «la majorité des gens viennent en Algérie pour le dépaysement et pour l'extrême Sud». De plus, ajoute-t-il, «depuis dix ans, la situation sécuritaire en Algérie s'est améliorée sensiblement, malheureusement, la majorité des pays européens se fixent sur le warning travel du Quai d'Orsay en pensant que la France connaît mieux l'Algérie que les autres».
Qu'il s'agisse de problèmes d'infrastructures d'accueil, de qualité d'accueil ou de marketing, l'Algérie «cherche encore son tourisme», comme le dit Mourad Kezzar et en attendant de le trouver, les touristes algériens préfèrent aller voir ailleurs, même s'ils doivent désormais s'adapter une donne non négligeable, qui est celle du ramadan pendant la saison estivale.


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