Algérie

Tourisme... dites-vous !



C'est indéniable. L'Algérie est un des pays parmi les plus et mieux nantis en sites touristiques. De la mer, avec des plages encore infréquentées et de l'eau non polluée, des montagnes et de la neige en hiver, de vastes étendues dans les Hauts-Plateaux parcourues par les gazelles (et par ce qui reste d'outardes) et un Sahara meublé de dunes féeriques et de peintures rupestres. Il fut un temps, pas très lointain -les années 60 et 70- où passer ses vacances (ou ses moments de détente et de loisirs) ne pouvait être qu'en Algérie même, hiver comme été. Hélas, à partir des années 80, avec la montée de la pensée « conservatrice » basée bien plus sur une religiosité et un populisme exacerbés que sur des choix économiques réfléchis aux conséquences sociétales et culturelles bien pesées, les espaces dédiés au tourisme et à la détente ou aux loisirs se sont trouvés rétrécis comme peau de chagrin ou alors « austérisés ». La rente pétrolière a été la très grosse goutte qui a quasi totalement écarté toute politique de développement touristique autonome et dynamique, laissant place aux « programmes gouvernementaux » disant tout et n'importe quoi, la chose et son contraire, alors que les « décideurs » s'en allaient s'encanailler dans les quartiers chics des capitales européennes ou dans les chalets protégés du Club des Pins, de Moretti, de Zéralda... Les années 2000, avec la nouvelle maladie de la corruption et de la pierre (l'immobilier), n'ont rien apporté de plus sinon beaucoup d'investissements de façade et de prestige, avec des travaux à tout-va, presque pharaoniques, pour une bonne partie bâclés.Les complexes hôteliers foisonnèrent dans le secteur privé plus que dans le secteur public. En fait, une autre manière de détourner la rente pétrolière et de « blanchir » l'argent ! Bref, un contenant sans contenu consistant puisque les Algériens (de tous âges et de toute idéologie) vont continuer, de plus belle, recherchant le contenant mais aussi et surtout un contenu, à préférer les escapades en Tunisie, en Turquie, en Europe de l'Ouest et même en Asie (Malaisie, Chine, Hong Kong...).
L'essentiel, pour tous, était, certes, la découverte d'autres mondes, de faire au passage quelques « petites affaires » mais, surtout, de s'« éclater ». Bien sûr, depuis peu, bien des efforts (infrastructures, promotion de services originaux, nouvelles destinations, qualité de l'accueil, tarifs...) ont été faits (ou sont prévus) pour attirer la clientèle étrangère et fidéliser celle nationale de plus en plus nombreuse; la Covid-19, les difficultés microéconomiques et l'obtention encore difficile de visas n'aidant pas. Reste une grande inconnue jamais abordée de face et énoncée clairement, que dis-je, évitée : quid des libertés de chanter, de danser, de se rafraîchir raisonnablement (aux grands crus vitivinicoles algériens), de se baigner sans trop de contraintes vestimentaires, de photographier, de se déplacer en toute sécurité à des prix abordables et concurrentiels ' That is the big question.


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