Climat de saison estivale avant l'heure à Tigzirt. Depuis début mars, l'antique Iomnium, charmante et hospitalière ville balnéaire située à 35 kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, ne désemplit pas de visiteurs. La région ne manque pas d'atouts naturels pour subjuguer.Le nouveau port avec son jardin public, des espaces de détente pour enfants, en plus de l'activité de pêche et de plaisance, est le lieu le plus prisé en ces journées printanières et ensoleillées. Durant le week-end, il est quasiment impossible d'y trouver une place au parking. Les terrasses des restaurants, cafés et pizzerias affichent complet.La même fébrilité est constatée sur le front de mer et sur le site archéologique, points de chute de nombreuses familles, de groupes de jeunes et d'écoliers en excursion. En face, Thigzirth N'dakhel, l'îlot d'où la ville détient d'ailleurs le nom. Une flottille de barques de pêcheurs assure la liaison vers cet endroit féerique pour moins de 200 DA. Quand la mer n'est pas agitée, on est vraiment tenté par la traversée.On y débarque pour humer la douce odeur d'iode loin du brouhaha de la ville et son stress ambiant. En été, cette charmante oasis située en plein mer, à quelque 500 mètres de la rive, est investie à longueur de journée par des dizaines de vacanciers. Ce flux incessant n'est pas sans conséquences sur la faune et la flore. Les dégradations causées par les humains envahisseurs dans ce milieu naturel et fragile ont fait fuir vers? la ville et les bois environnants, goélands, mouettes et autres oiseaux marins qui y nichaient tranquillement.Ces espèces bien protégées sous d'autres cieux pondent «extra-muros» sur les toits des maisons et près des balcons avec tous les désagréments causés aux uns comme aux autres. «Une femme qui étendait son linge sur sa terrasse a été attaquée par un goéland. Ces oiseaux délogés de l'îlot protègent bec et griffes leurs 'ufs et leurs oisillons par tous les moyens quand ils se sentent menacés», nous apprend un pêcheur.Pour le responsable de l'office local du tourisme, les pouvoirs publics doivent protéger ce milieu naturel. «L'îlot, dont la ville tire son nom, est en état de dégradation avancée, vu le nombre de personnes qui s'y rendent quotidiennement, surtout durant la saison estivale. Il faut réglementer l'accès. Nous proposons des visites guidées afin de limiter les dégradations de la faune et de la flore», recommande Mohand Azzouz qui est également président de la Fédération nationale des offices de tourisme.Mer, forêts, vestiges historiques millénaires, traditions séculairesLa région de Tigzirt recèle des potentialités indéniables en matière de tourisme, mais qui demeurent inexploitées. L'année dernière, plus de 3 millions d'estivants ont choisi cette ville de la Kabylie maritime comme destination pour leurs vacances. Dénicher une chambre d'hôtel en haute saison relève de l'impossible.Même pour la location d'appartement chez les particuliers, la demande est très forte. Les réservations se font bien avant le début du rush de l'été. Un business florissant, au grand bonheur des propriétaires qui investissent dans le bâtiment «estival». Le prix de location varie d'un quartier à un autre. Entre 4000 et 8000 DA la nuitée. «La location chez l'habitant connaît un véritable engouement chez les estivants. Près de 40% du parc immobilier de la ville de Tigzirt est loué en août», précise M.Azzouz.«Nous avons enregistré 3 500 000 touristes en 2013, 4 600 000 en 2014, et en 2015 nous avons dépassé les 6 500 000 visiteurs, c'est tout dire en matière de développement du tourisme. Malheureusement, les infrastructures d'accueil n'ont pas suivi cet essor?». Selon lui, les 7 hôtels opérationnels de la ville disposent en tout de 400 lits. «C'est insuffisant. Je propose un camp de toile à installer au lieudit Lova, ancien siège de l'entreprise communale désaffecté, pour le tourisme de masse, et le centre de vacance de la Cnas, sis à la sortie ouest de la ville.Cette structure est composée de 50 bungalows, d'un restaurant de 500 places, et d'une salle de spectacle de 200 places. Elle est fermée depuis plus de 20 ans. Elle devrait au moins servir pour accueillir ce nombre croissant d'estivants.» Au sujet des plages ouvertes à la baignade, il a souligné : «Les plages sont au nombre de quatre. Tassalast, la grande plage, et celles de Feraoun est et ouest.Tassalast et la grande plage, chacune d'une longueur de plus de 800 mètres, disposent chacune de deux douches et deux sanitaires. C'est insuffisant comme infrastructures. Quant à la plage Feraoun côté ouest, ces structures sont inexistantes. Leur taux de fréquentation en été dépasse les 70 000 estivants par jour.» Il ajoutera à ce sujet : «Nous demandons l'ouverture d'un accès piétonnier qui reliera la grande plage à celle de Feraoun. Il faut également penser à la prise en charge sérieuse du port de pêche et de plaisance de Tigzirt.Sa pelouse est détériorée, son manège pour enfants détruit. Il est à signaler que sa gestion relève de l'Egpp de Béjaïa, et non de la Direction de la pêche et du tourisme et de l'artisanat de la wilaya de Tizi-ouzou.» D'autre part, le directeur de l'office local du tourisme estime nécessaire l'ouverture d'un musée dans cette ville antique à l'histoire millénaire. «Des trésors archéologiques sont éparpillés à travers les musées nationaux. D'autres statuettes antiques ornent des ruelles et sont exposées à toutes sortes de dégradations», déplore M.Azzouz.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/04/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ahcène Tahraoui
Source : www.elwatan.com