Toujours plus du gaz algérien en Europe

L'Algérie est classée premier producteur de gaz naturel en Afrique en 2022 et compte bien garder sa place sur le podium régional. Durant cette période, le pays a produit plus de 98 milliards de mètres cubes et a exporté plus de 56 milliards de mètres cubes, vendus principalement aux pays européens qui traversent depuis le début de la guerre en Ukraine une crise énergétique inédite. L'Italie, l'Espagne, la France et la Turquie sont les principaux clients de l'Algérie et comptent sur son aide pour assurer leur sécurité énergétique et remplir leurs réserves de gaz, notamment, à l'approche de l'hiver. Elle est considérée actuellement comme une alternative crédible apte à approvisionner davantage le marché européen en gaz et tirer profit de cette situation, aggravée par la crise géopolitique au Proche-Orient.Les cours du gaz naturel explosent
L'offensive de Hamas lancée sur Israël, il y a quelques jours, a fait bondir les prix du gaz de plus de 15% retrouvant son plus haut niveau d'il y a six mois, frôlant les 50 euros le mégawattheures (MWh). Cette flambée des cours du gaz naturel inquiète les marchés et les pays européens qui redoutent l'aggravation de la crise énergétique à cause de l'embrasement de la situation au Proche-Orient qui alimente les craintes de perturbation de l'approvisionnement du marché mondial en la matière et pourrait provoquer une importante conséquence sur les prix du carburant à la pompe. L'impact se ressent déjà. Quelques jours après l'attaque de Hamas contre Israël, le géant énergétique américain Chevron annonce la suspension de ses activités, selon les médias étrangers, sur la plateforme Tamar, située au large des côtes israéliennes. S'ajoute à cela, la fuite de gaz détectée au niveau d'un gazoduc en Finlande qui risque de perturber l'alimentation du marché européen en gaz et provoquer d'éventuelles tensions sur l'offre.
Prenant compte de ces bouleversement, l'Agence international de l'énergie (AIE) a mis en garde selon un rapport sur les perspectives du marché du gaz publié avant-hier sur son site contre de «possibles tensions en Europe sur ce marché, notamment en cas d'hiver froid et de nouvelles restrictions des acheminements de gaz russe dans les gazoducs». Dans le même temps, le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) s'est réuni à Malabo (Guinée Equatoriale) pour discuter et débattre de l'évolution du marché gazier et des perspectives d'avenir. Le GECF prévoit, d'ailleurs, «une augmentation de la consommation de gaz naturel au cours des trois prochaines décennies de 36 %», estimant que «la contribution du gaz naturel au mix énergétique mondial passera de 23 %, évaluée, actuellement à 26 % d'ici 2050».
Il n'existe pas de réelle alternative au gaz naturel et au gaz naturel liquéfié (GNL). L'Europe a besoin d'un approvisionnement régulier de son marché pour préserver sa stabilité sociale et économique. Les tensions géopolitiques en Europe de l'Est, au Proche-Orient et en Afrique influencent les cours de l'énergie. L'Algérie, huitième exportateur mondial de GNL et principal fournisseur de gaz à plusieurs pays européens, se dit prête à fournir plus de gaz. La compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach multiplie depuis 2022 le nombre des découvertes de gisements pétroliers et gaziers en vue de renforcer ses réserves, sa production et ses exportations de gaz.
L'Algérie plaide pour la coopération et le dialogue
Dans son allocution prononcée lors de la réunion du GECF, le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab a mis l'accent sur la nécessité de renforcer la résilience des chaînes d'exportation du GECF, et «la réduction de la vulnérabilité face aux fluctuations des cours du gaz naturel», estimant que «la coopération et le dialogue sont indispensables pour diminuer les éventuels écarts concernant l'énergie en général et le gaz en particulier afin de garantir des fournitures énergétiques fiables et abordables partout dans le monde».
Certains pays producteurs de gaz pourraient subir davantage les répercussions de cette nouvelle guerre sur leur réseau de distribution, ce qui n'est pas le cas de l'Algérie, géographiquement, loin de ces zones de tensions et profite de sa position géostratégique et sa proximité avec l'Europe et l'Afrique pour renforcer ses livraisons de gaz. M. Arkab a évoqué le rôle important du GECF dans le monde actuel, assurant que la contribution des membres du GECF dans l'économie mondiale «est innombrable, en ce qu'elle est associée au devoir envers nos peuples ainsi que le monde entier». «En investissant dans les ressources de gaz naturel, en tant que source d'énergie propre, et dans d'autres technologies propres, nous continuerons à accomplir un rôle central dans l'avenir de l'énergie mondiale», a-t-il souligné. L'Algérie s'est déjà faite un nom en tant que fournisseur fiable et incontournable de l'Europe en gaz et appelle les membres du GECF à plus d'ambition.