Algérie

Toujours pas de nomination d'un Premier ministre



Toujours pas de nomination d'un Premier ministre
Emmanuel Macron, qui a poursuivi ses consultations mardi dernier, veut mettre en œuvre deux hypothèses : une à gauche et l'autre à droite, avec Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand.
Et après cinquante-neuf jours après la démission du gouvernement Attal, l'interminable quête d'un nouveau Premier ministre. Les discutions ce sont poursuivie le mercredi, sans aucun résultat favorable pour la personne capable de s'imposer à une Assemblée fragmentée, Le chef de l'Etat, teste les options Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand auprès de la gauche et de la droite, et indirectement du RN. Au sein du PS, toujours partagé par d'importantes divergences stratégiques et de lignes politiques, l'option Cazeneuve divise, une partie plaidant pour un feu vert à celui qui a quitté le parti pour dénoncer son alliance avec La France insoumise. «Le LR ne s'opposerait pas»
Sans aucune surprise, le groupe LR ne s'opposerait pas à la nomination de Xavier Bertrand à Matignon. Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, que son parti serait «au rendez- vous des responsabilités» dans l'hypothèse où le patron des Hauts-de-France serait nommé Premier Ministre. «Nous répondrons toujours présents», a-t-il assuré, en ajoutant qu'il préfère l'option «Xavier Bertrand à Bernard Cazeneuve». Mais il insiste : il faut un «Premier ministre de cohabitation». Bruno Retailleau exclut donc l'hypothèse d'une «coalitation», ce néologisme inventé à l'Elysée ces derniers jours, et qui se voudrait un mélange de cohabition et de coalition. «Il n'y aurait rien de pire que l'un des nôtres soit Premier ministre pour appliquer le programme d'un autre», conclut-il. Le PS ne soutient pas Cazeneuve
Pour Olivier Faure, Bernard Cazeneuve est un homme «de gauche», mais pas «un socialiste». Invité sur le plateau de la matinale de TF1, le premier secrétaire du parti à la rose s'est expliqué sur la position du PS concernant l'absence de soutien envers Cazeneuve. «Il a été l'un des rares hommes de gauche à expliquer qu'il était contre le NFP. On ne peut pas avoir un soutien franc et massif […]
Nous pensons qu'avant de se poser la question de qui, il faut se poser la question de quoi», explique le leader socialiste, qui ajoute que les tractations pour trouver un nouveau Premier ministre pourraient encore «prendre quelques semaines». Olivier Faure annonce également qu'il souhaite que le futur locataire de Matignon soit davantage un «exécutant» de ce qui a été décidé à l'Assemblée nationale, afin «que le pouvoir procède non pas de l'exécutif mais du législatif». Par ailleurs, les communistes écarte une «censure préalable» du nouveau Premier ministre.
Selon Fabien Roussel, : «Ce n'est pas le nom qui compte, c'est le fond».
Le Secrétaire national du Parti communiste, tout en expliquant vouloir «connaître la politique qui sera mise en œuvre», s'est dit en faveur de «compromis» avec les tous les groupes républicains. Lorsque le NFP dit qu'il ne défend «que son programme, rien que son programme, tout son programme c'est faux», a-t-il poursuivi. Fabien Roussel a néanmoins présenté quelques mesures non négociables pour le prochain gouvernement. «Sur la réforme des retraites, nous disons qu'il faut l'abrogation ou la suspension jusqu'en 2027», pointe-t-il par exemple, en parallèle d'une «hausse des salaires». Thierry Beaudet, une nomination possible
Alors l'hypothèse la plus réaliste est que le gouvernement tout entier soit technique, composé de personnalités non affiliées à un parti, l'inverse est plus courant. On retrouve fréquemment des ministres issus de la société civile dans des gouvernements partisans : «Mettre un ministre politique dans une telle configuration n'aurait pas grand sens, car il serait contraint de toutes parts» . «Personnage pas connu politiquement»
En Europe du Nord, l'hypothèse d'un gouvernement technique a un goût d'inédit. En France, une telle situation remonte à 1877, après une dissolution décidée par le Président Mac Mahon dans le contexte d'une lourde crise politique. La pratique d'un gouvernement technique est plus courante en Europe du Sud. «En 2008, pendant la crise économique, plusieurs pays ont recours à un gouvernement technique pour mettre en place des mesures d'austérité, détaille Damien Bol.
Puis on a vu ce système revenir en Italie pendant la crise du Covid, avec le gouvernement de Mario Draghi. A chaque fois, on a recours à cette pratique quand on éprouve des difficultés à trouver une coalition ou une majorité absolue.» Un gouvernement technique est un gouvernement à part entière : «Il a davantage de pouvoirs qu'un gouvernement d'affaires courantes dont le but principal est de ne pas laisser le pays à l'abandon.» Le politologue ajoute : «Le gouvernement technique peut soumettre des lois et mener des politiques publiques, même s'il ne bénéficie pas de la légitimité symbolique que lui aurait conférée une victoire à une élection. Il demeure soumis au jeu démocratique car le gouvernement ne pourra rien faire sans le Parlement, qui vote les propositions de loi et constitue un garde-fou.» Mais dans le contexte d'un gouvernement «neutre politiquement», qui donnera couleur et orientation aux projets de loi ? En d'autres termes : dans cette hypothèse, Emmanuel Macron continuerait-il d'insuffler sa propre vision politique ? Puisque les comparaisons sont rares, difficile, à l'heure actuelle, de connaître la marge de manœuvre du Premier ministre à la tête d'un gouvernement technique dans un régime semi-présidentiel. Damien Bol : «Techniquement, le Premier ministre ne serait pas issu du parti présidentiel, donc il pourrait conserver une certaine liberté vis-à-vis du président. Il n'est pas exclu qu'il puisse prendre une certaine indépendance. En même temps, il ne bénéficie pas de la légitimité démocratique, bien qu'affaiblie, du Président. Dans tous les cas, cela devrait être très intéressant à observer». Pour une grande partie de la gauche, à l'instar de François Ruffin, il n'y a pas de doute : un gouvernement technique reviendrait à «continuer lamême politique menée depuis quarante ans».
Samir Sabek


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