Algérie

Toujours là dans leur verger cuit !



Toujours là dans leur verger cuit !
Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Et que rien ne changera, hélas ! Bienvenue en Absurdistan !
C'était triste ! Il n'y avait personne à la fête de la journée du Moudjahid ! Si ce n'était les petits rappels rabâchées par l'Unique et ses nouvelles s'urs encore clandestines, on ne s'y est même pas rendu compte qu'on était un certain 20 août. Ni les fiches communales, ni les licences de taxis et de bars, ni leurs héritiers du bled n'étaient au rendez-vous pour battre le pavé de la commémoration nationale. Heureusement que Laïd était là en sa seconde journée de fête pour endosser le prétexte de la défection générale. Si jeunesse ne savait pas la vérité passée, et si vieillesse pouvait entretenir indéfiniment le faux national. Au bout de 56 ans de révolution et de réformes des échecs, la jeunesse a fini par savoir, convaincue de ce que la vieillesse ne pouvait ignorer. La dynamique est connue depuis que les principes de la Soumam ont été inversés, et depuis que les colonels sont nés. Hier comme aujourd'hui, l'extérieur prime par ses bateaux de semoule sur l'intérieur des tubes digestifs dans l'attente, et la force prime sur la gueule ou la marche même pacifique. La vieillesse, heureuse héritière de l'Algérie héroïque, aguerrie par l'expérience de la gouvernance du peuple et de son à-plat-ventrisme, est elle aussi convaincue de son top et de son indispensabilité. Elle se juge encore mieux qualifiée que cette jeunesse qui risque de vendre le bled pour un simple visa. Malgré leur verger cuit jusqu'au sinistre, les patriarches sont toujours là, tenaces et capables de jouer les pires tours dans la défense de leur patrie et des acquis de son peuple. Ils ne sont pas nombreux, mais ils ont l'impression du surnombre par l'autorité et leur solidarité entre eux. Les cheveux blancs quand le crâne n'est pas dégarni, les fausses dents bien acérées, et les rides finement soignées, ils ont l''il toujours inquiet. Riches et pourquoi pas richissimes, et donc à l'abri du besoin, on ne sait pas toujours d'où ils viennent. Ce qui est sûr, c'est qu'ils sont apparus au siècle dernier, sortis indemnes de la révolution. Ils peuvent avoir 70 ou 110 ans, pour eux, le temps ne compte pas, et tant qu'ils seront, ils seront occupés à faire les calculs. Des calculs à faire beaucoup d'enfants à qui ils assureront l'avenir de leurs petits-enfants. Malheureusement pour la jeunesse, les patriarches n'aiment pas les jeunes à part les leurs. Ils les voient encore bambins mal élevés qui n'ont rien compris aux problèmes de ce monde, et qui considèrent les vieux pépères juste bons pour le chapelet et la prière ou la remise au musée. Les patriarches n'aiment pas l'ombre, aiment l'hommage, l'argent, l'impunité et le pouvoir, et c'est pourquoi à leur âge avancé, ils s'obstinent à ne rien lâcher, ni avantages ni sièges. Ils tiennent à l''il tout ce qui bouge dans le bled, avec la prédilection de ce qui ne bouge pas. Dans l'Histoire, les patriarches n'ont pas en réalité un avenir, ils ont un passé pas toujours net, mais un présent particulièrement solide. Si leur verger se retrouve aujourd'hui pourri, c'est parce qu'ils furent de mauvais jardiniers. Et si cuit ou pourri ils trouveront ses fruits, au lieu de manger celui de leur verger, ils ne se retiendront pas de se servent dans le jardin du peuple. C'est dire que hna ! hna ! nous serons et rien ne changera !


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