Algérie

Toujours et toutes voiles dehors



Pendant tout ce temps où le bon sens et la précaution ordinaires conseillent de limiter au strict minimum ? utile ? les sorties, « eux » ils sont tout le temps dehors. C'est à croire que leurs maisons sont pestiférées au point qu'ils les fuient comme la... peste. « Eux », ce n'est pas une catégorie sociale, ce n'est pas non plus une tranche d'âge, ni une corporation ni une origine régionale, ni une appartenance clanique ni même un trait de caractère. Peut-être que les études sociologiques ou socio-psychologiques qui vont venir finiront par leur donner un nom ou les cataloguer quelque part mais, pour l'instant, ils sont inclassables. Ils n'ont ni intérêts matériels ni motivations morales ou philosophiques. Mais ils ont toujours un... mobile pour traîner dehors. On peut les apercevoir à pied ou au volant de leurs voitures aux heures les plus indues du jour et de la nuit. Au moment où les gens se précipitent pour rentrer parce que l'heure du « couvre-feu » a sonné, eux prennent leurs aises en flânant comme si l'idée de revenir à la maison était saugrenue. Si vous êtes un lève-tôt qui se met à sa fenêtre ou son balcon, vous avez certainement eu la « chance » de les apercevoir. Ils sont visibles au petit matin, une heure, un peu plus ou un peu moins avant la levée du confinement. Ils sont toujours là quand ils n'ont pas le droit d'être là où ils sont. Et puis entre les deux, ils prennent leur pied à être dans l'interdit, à s'exposer, à se mettre en danger eux-mêmes et à mettre en péril les autres. Juste comme ça, pour le fun, pour la frime, pour toiser, pour narguer, pour se sentir différents, pour se sentir importants, pour avoir l'illusion d'être libres de ses mouvements pour impressionner, pour jouer aux résistants, pour jouer aux rebelles, pour jouer aux cons, pour... rien. Comment ils font avec la police ' Souvent, ils ne font rien, parce que la police n'est pas toujours un exemple de fermeté en l'occurrence. Sinon ils ont l'entourloupette facile et parfois géniale. Quand la « souplesse » est la règle et la rigueur de la loi une exception, ce n'est pas vraiment de s'en sortir. Et ils s'en sortent toujours. Ils ont toujours un appel d'urgence d'un parent ou d'un ami en détresse à faire valoir. Ils reviennent toujours d'un déplacement dont ils ont mal évalué la distance et le temps qu'il faut pour la parcourir. Les plus futés d'entre eux se sont même démenés comme de beaux diables pour se « débrouiller » de fausses autorisations spéciales de déplacement. Eh, oui, ça existe, pas seulement parce qu'ils sont de grands débrouillards mais aussi et surtout parce que la rigueur et la fermeté n'ont pas toujours été là. Si, à Dieu ne plaise, ils chopent la saloperie, ils auront à mesurer l'ampleur de leur connerie. S'ils en échappent, ils pourront toujours la raconter sur le ton soulagé des miraculés.S. L.


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