-Torture Guerre d'Algérie
' Ma déchirure '...
Je pouvais être exempté de cette sale guerre : jeune communiste, je l'ai faite... Ce point, je ne le discuterai pas ici. C'est de la torture qu'il s'agit. Oui, la torture a été systématiquement utilisée pour chercher le renseignement et ' casser du fell ', ' démolir la structure politico-administrative fellouze... ' - comme l'on disait. À peine dix ans après la Libération, les pires méthodes nazies devenaient en partie les nôtres. N'avoir rien dit, n'avoir rien fait, voilà la faute. Je suis complice. Ce qui reste : ' le silence et la honte '.. Voilà la déchirure, la mienne... S'ajoute à ces atrocités la mort des nôtres dans les accrochages, et parfois leur mutilation. Certains souvenirs, avec toute leur incandescence, sécrètent et tissent de la psychose. Vouloir oublier ? Le refoulement pathogène resurgit - fissure, clairvoyance et lucidité. La folie est souvent côtoyée...
Un mot cependant, un mot sur la rectitude de certains supérieurs. Je me souviens du directeur de l'instruction combat (IC), à la base école des troupes aéroportées (BETAP) pendant l'été 1957. Je me souviens de ses mises en garde répétées contre la torture. Je me souviens du commandant en second du corps que j'ai rejoint en Algérie. Ils furent, en quelque sorte, ceux qui, dans la tourmente, veillèrent à l'éthique du soldat et savaient contraindre certains à des conduites plus droites. Il est à savoir aussi que le général de Gaulle, après le coup d'État du 15 mai 1958, ordonna à l'armée de cesser la barbarie. Mais l'on n'arrête pas les pratiques odieuses d'une guerre qui avait souvent les caractères d'une guerre civile, avec son surcroît de cruauté. Les pratiques acquises et transmises étaient encore ancrées trop fortement ; les attitudes et les comportements perdurèrent.
Cependant, pourquoi avoir laissé seul et bien seul le contingent abandonné souvent à lui-même dans un grand désarroi ? Pourquoi l'avoir laissé partir en masse ? Il n'avait pas les moyens de refuser dans son ensemble. Il a été contraint au ' maintien de l'ordre ', à participer aux opérations, à se battre contre l'Armée de libération nationale (ALN) et, au final, parfois contre l'Organisation de l'armée secrète (OAS). Il a su aussi mettre sous le boisseau la tentative de putsch d'avril 1961. (...) Je ne sais comment arrêter cette lettre si ce n'est en ayant une pensée pour toutes les victimes de cette guerre. Amitiés.
Jacques Clément - Militaire en retraite - Anduze (Gard)
-yabous le 10/07/2010
a.mokrani
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Posté Le : 01/07/2010
Posté par : allaoua211
Ecrit par : a.mokrani