de la Guerre de libération nationale, la Moudjahida Louisette Ighilahriz,
a affirmé son intention de porter l'affaire de sa torture par des généraux
français devant le Tribunal pénal international (TPI).
Mme Ighlahriz, qui s'exprimait sur les ondes de la radio nationale, a
indiqué qu'elle s'attelait à saisir le TPI et que la promulgation de la loi sur
le colonialisme permettra à la justice algérienne d'engager des procédures
judiciaires à l'encontre de coupables de crimes contre l'humanité perpétrés
durant la période coloniale.
Mme Ighilahriz a affirmé que 48 ans après l'indépendance, les supplices
et la barbarie de la torture qui lui ont été infligés par les généraux
français, dans les geôles du colonisateur, hantent toujours sa mémoire. Elle a
en outre rappelé que le peuple algérien n'oubliera rien de ce qu'il a subi de
la colonisation française.
Qualifiant la colonisation de crime historique perpétré par la France
contre le peuple algérien, Mme Ighilahriz a estimé que la décolonisation forcée
n'a pas mis fin à ce crime dont les effets désastreux font encore souffrir, et
pour longtemps, le peuple algérien.
Racontant avec détail les tortures qu'elle a subies, Mme Ighilahriz
affirme qu'après l'indépendance, ses souffrances physiques se sont transformées
en souffrances morales, surtout quand elle entend ses tortionnaires glorifier
la colonisation.
Au lendemain de l'annonce du décès du Général Marcel Bigeard, l'un de ses
tortionnaires, Mme Louisette Ighilahriz a estimé qu'il aurait pu «présenter ses
excuses» aux Algériens et «libérer sa conscience» avant sa mort. «Jusqu'à la
dernière minute, je croyais qu'il allait reconnaître ses actes et présenter ses
excuses aux Algériens», a déclaré à l'AFP Mme Ighilahriz. Le général Marcel
Bigeard est décédé le mois dernier à l'âge de 94 ans à son domicile en France.
«Chez nous, le nom de Marcel Bigeard est synonyme de mort et de torture. Il
aurait pu libérer sa conscience avant de mourir. J'en suis profondément déçue,
malade», a-t-elle ajouté. «Maintenant, il est entre les mains de Dieu devant
lequel il doit répondre de ses actes. J'espère qu'il aura le châtiment qu'il
mérite», a-t-elle encore dit.
Mme Ighilahriz avait relancé en 2000 le débat sur la torture pendant la
Guerre d'Algérie dans un témoignage recueilli par le quotidien français «Le
Monde». La moudjahida avait révélé à cette occasion, puis dans un livre paru en
2001 (Algérienne), avoir été torturée à Alger par des militaires français de la
10e Division parachutiste (DP), entre le 29 septembre et le 20 décembre 1957,
sous le commandement de Bigeard. En juillet 2000, le général Bigeard avait déclaré
que la torture était un «mal nécessaire», ajoutant qu'il s'agissait d'une
«mission donnée par le pouvoir politique».
Le recours par l'armée coloniale à la torture – supplice de la baignoire
et utilisation de la gégène (décharges électriques sur les parties génitales) –
avait été dénoncé, même en France, par les intellectuels puis par quelques
rares militaires, comme le général Jacques Pâris de la Bollardière, Compagnon
de la Libération. Beaucoup plus tard, Massu et Bigeard, qui ne s'aimaient
guère, s'étaient renvoyé la responsabilité de ces actes. En 1999, lors de la
sortie de son dixième ouvrage (Lettres d'Indochine), le général Bigeard avait
reconnu à demi-mot, auprès de l'AFP, que certains officiers de renseignement
avaient utilisé la torture durant la Bataille d'Alger. Louisette Ighilahriz
avait mis en cause Massu et Bigeard comme les commanditaires du «sale boulot»,
assurant avoir reconnu Massu et Bigeard parmi les hommes venus la voir trois
semaines après son arrestation. «Lorsque Massu ne venait pas, un autre gradé,
grand et mince, portant un béret vert, le remplaçait. C'était Bigeard»,
témoignait-elle ainsi dans le «Nouvel Observateur» du 31 mai 2001, qui avait
publié des passages de son livre avant parution.
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Posté Le : 06/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Belaïfa
Source : www.lequotidien-oran.com